1er novembre 2014

 

Lune-Orbite, le nouveau programme russe d'exploration lunaire, prend forme… sur le papier

 

Un groupe de travail de l'agence spatiale russe Roscosmos et de l'Académie des sciences de Russie a fait sa sélection parmi plusieurs projets de conquête de la Lune suggérés par les entreprises du secteur spatial.

La victoire revient au projet Lune-Orbite proposé par l'Institut de recherche pour la construction des systèmes TsnIIMash, qui dépend de Roscosmos, et le Groupe de recherche et de production Lavotchkine. Ce projet s'appuie sur l'interaction de trois vaisseaux spatiaux sur l'orbite circumlunaire: le vaisseau de transport habité déjà en cours de conception par la société RKK Energia dans une configuration adaptée pour les vols sur la Lune, le vaisseau de transport de fret et la navette lunaire inhabitée Korvet. Cette dernière atterrira sur la surface lunaire pour prélever des échantillons du sol avant de revenir pour rejoindre le module orbital.

"En une seule expédition, Korvet effectuera entre trois et cinq atterrissages sur la Lune pour effectuer des recherches et rapporter à bord du vaisseau de transport piloté des échantillons du sol de diverses régions de la Lune pour les transporter sur Terre", annoncent les documents du groupe de travail de Roscosmos et de l'Académie des sciences de Russie. Ce dernier prévoit que le projet Lune-Orbite soit le principal moyen de réalisation du programme lunaire russe à l'horizon 2024-2030.

Le nouveau lanceur, capable d'envoyer un vaisseau de transport habité de vingt tonnes sur la Lune, sera la partie la plus coûteuse de Lune-Orbite. Il s'agit d'une fusée porteuse de classe très lourde dont la construction est prévue après 2025. A l'heure actuelle, il est uniquement question du choix du concept. Le coût de création d'une telle fusée est estimé par les experts à 700-800 milliards de roubles, soit entre 13 et 15 milliards d'euros. La modernisation du vaisseau de transport piloté permettra de concevoir le vaisseau de transport de fret pour quelques dizaines de millions d'euros.

L'ancien président de la société RKK Energia, Vitali Lopota, actuellement vice-président du Consortium spatial unifié russe (ORKK), estime que dans son aspiration à conquérir la Lune la Russie doit se tenir au concept de développement évolutif en profitant de l'expérience soviétique.

Le groupe de travail commun pour l'élaboration d'un concept de conquête de la Lune affirme que la Russie devra au plus vite marquer le terrain le plus prometteur de la Lune : son pôle Sud. A cet égard, Andrei Ionin, membre correspondant de l'Académie de cosmonautique Tsiolkovsky rappelle la doctrine soviétique pour le spatial, qui disait "il faut être les premiers, les premiers dans l'espace, les premiers sur la Lune, les premiers à construire une base au pôle sud de la Lune !"

L'occupation du sol lunaire est régie par la Convention sur l'espace de 1967, qui stipule qu'aucun Etat ne peut se prévaloir d'une propriété ou d'une utilisation exclusive sur la surface de la Lune ou d'autres planètes. Néanmoins, pour les autorités russes les Etats-Unis ont créé un précédent en excluant toute intervention humaine sur les sites d'alunissage Apollo des années 60 à 70, ce qui est comparable à une nationalisation du sol.

Lune-Orbite sera déployé en trois grandes phases : 2030 est prévue la 1ère infrastructure lunaire, vers 2040 les 1ères zones d'alunissage, vers 2050 base vie et observatoire. Il convient de noter que ce programme lunaire est présenté comme "tremplin" pour l'homme sur Mars, projet qui a pour horizon 2040.

Selon une source de Roscosmos, le concept de conquête lunaire devrait être soumis à l'examen du gouvernement russe le 13 novembre prochain. Ce jour-là sera évoqué l'état de l'activité spatiale de la Fédération de Russie. Roscosmos a été désignée comme responsable de sa préparation.

Sources (entre autres) :
Izvestia du 27/10/2014
Представители космической отрасли России обсудили перспективы Лунной программы

 

 
 

 

 
 
 

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