4 décembre 2014

 

Départ de Hayabusa-2 vers l'astéroïde 1999 JU3

 
La fusée H2-A transportant la sonde Hayabusa-2 a décollé ce mercredi 3 décembre à 12h22 (heure de Tokyo) du centre spatial de Tanegashima, dans le département de Kagoshima (Japon) à destination de 1999 JU3, un astéroïde qu'elle atteindra dans trois ans et demi.

Mis au point par l'industriel NEC avec la JAXA, le projet Hayabusa-2 (en japonais はやぶさ2, littéralement "Faucon pèlerin 2") aura coûté 16,4 milliards de yens (111 millions d'euros). Il est le digne successeur de la sonde Hayabusa-1, première sonde envoyée à la rencontre d'un astéroïde en 2003 et qui a atteint son but en 2005. Mais si, techniquement, la mission était une réussite, le prélèvement attendu d'échantillons du sol n'était qu'un demi-succès, entravé par la très faible gravité de l'astre. Malgré deux tentatives d'atterrissage, l'appareil fonctionnant de façon autonome ne parvenait qu'à prélever quelques grains de poussière. Plusieurs incidents affectant son système de propulsion retardèrent ensuite de trois années son retour sur Terre, qui s'effectua non pas en 2007 comme prévu, mais le 13 juin 2010 en Australie.

Les principales caractéristiques techniques d'Hayabusa 2 sont identiques à celles de son prédécesseur, auxquelles ont été ajoutés plusieurs instruments, dont :

Un imageur multibande ONC-I fonctionnant dans la bande 0,1 à 1 microns. La caméra comporte deux optiques : un téléobjectif avec un champ de 5,7 x 5,7° et une optique normale de 57x 57°. Le capteur comporte 1024x1024 pixels et l'instrument dispose de 7 filtres.

Un spectromètre sensible dans le proche infrarouge NIRS3 (Near IR Spectrometer) observant dans les longueurs d'ondes 1,7-3,4 microns, refroidi passivement.

Un imageur thermique infrarouge TIR (Thermal IR Imager) observant dans les longueurs d'ondes 7 à 14 microns, développé initialement pour la sonde vénusienne Akatsuki. Ce détecteur, dont le champ optique est de 12x16°, comporte 320x240 pixels.

Un altimètre laser LIDAR permet de mesurer les distances au sol de 50 m à 50 km.

Les plus grandes différences consistent cependant dans la méthode de collecte des échantillons et l'emport d'un petit atterrisseur (MASCOT) fourni par les agences spatiales allemande (DLR) et française (CNES).

MASCOT (Mobile Asteroid Surface SCOuT)

D'une masse de 10 kg dont 3 kg de charge utile le petit atterrisseur MASCOT est contenu dans une structure de fibre de carbone mesurant 30 x 30 x 20 cm. Sa protection thermique est assurée par un boîtier en aluminium renfermant les cartes électroniques et un revêtement multicouches. Une batterie de 220 watts fournit une source d'énergie non renouvelable qui lui donne une durée de vie d'environ 12 heures, lui permettant d'effectuer trois déplacements.

Ceux-ci sont effectuée non au moyen de roues, qui n'exerceraient aucune prise au sol du fait de la très faible gravité, mais d'une masse excentrée située à l'extrémité d'un bras qui, en pivotant, fournit un moment cinétique suffisant pour déplacer l'atterrisseur, ou même pour le retourner après l'atterrissage si besoin est.

Un ordinateur embarqué permet à MASCOT de fonctionner de manière autonome et communique avec son vaisseau mère par le biais de deux antennes omnidirectionnelles situées sur deux faces opposées. Des capteurs, constitués de détecteurs thermiques et de cellules solaires, sont chargés de détecter l’atterrissage, l'orientation et les mouvements à la surface de l'astéroïde.

L'équipement scientifique de MASCOT se compose du microscope infrarouge hyperspectral MicrOmega fourni par le CNES, de la caméra multispectrale à champ large CAM développé par l'agence spatiale allemande DLR, du magnétomètre 3 axes MAG fourni par l'Université Technologique de Braunschweig et du radiomètre MARA destiné à mesurer la température de la surface et l'inertie thermique de l'astéroïde et développé par la DLR.

Minerva

Alors que Hayabusa-1 emportait un petit rover MINERVA, son homologue Hasabusa-2 en transporte trois, MINERVA A, 1B et 2. Ces petits engins de 1,5 kg sont équipés de caméras et de capteurs thermiques destinés à transmettre des images en haute résolution ainsi que la température du sol.

 
 

 
MASCOT (Crédit JAXA)
 
 
 

 
Minerva (Crédit JAXA)
 
La mission

Hayabusa-2 survolera la Terre en décembre 2015, profitant de son assistance gravitationnelle afin de s'élancer vers l'astéroïde 1999 JU3 qu'elle atteindra en juillet 2018. Au cours des 18 mois de son séjour en orbite, la sonde effectuera deux prises d'échantillons.

La première consistera d'abord à s'approcher d'abord à une centaine de mètres de la surface, puis à libérer un marqueur constitué d'une sphère de 10 cm de diamètre pour une masse de 300 grammes remplie de billes en aluminium destinées à dissiper l'énergie cinétique au moment de l'impact pour éviter un rebond. L'orbiteur émet ensuite un rayon lumineux qui, réfléchi par l'enveloppe métallique recouverte de facettes du marqueur, permettra à l'ordinateur de bord d'aligner l'orientation de la sonde et de la poser brièvement. Après avoir recueilli un peu de matériau de la surface, celle-ci rebondit immédiatement et reprend de l'altitude.

La seconde prise d'échantillons sera beaucoup plus complexe. La sonde tirera en direction du sol un impacteur formé d'une boule de cuivre de 10 cm à une vitesse de 2 km/seconde, puis se positionnera de l'autre côté de l'astéroïde. L'impact formera un cratère de 1 à 2 mètres à la surface, découvrant ainsi des matériaux préservés de toute contamination par l'environnement spatial. Ensuite, Hayabusa-2 se posera à trois reprises, recueillant ainsi des matériaux dégagés par l'explosion.

Fin 2019, Hayabusa-2 entamera son voyage de retour vers la Terre, qu'elle atteindra enfin en décembre 2020. Une capsule transportant les précieux échantillons sera alors larguée, qui effectuera une rentrée atmosphérique à 11,6 km/seconde avant de se poser dans le désert australien.

 
 
 

 
Trajectoire de Hayabusa 2
 
Note :

En 2012, l'Agence spatiale japonaise a effectué un appel au public, invitant à envoyer des dons afin de soutenir les projets qui lui tenaient le plus à cœur. L'agence a ainsi récolté 48 millions de yens (325.000 euros), dont plus de la moitié pour le projet Hayabusa-2. Cette somme a été consacrée à la mise au point d'une des caméras de Hayabusa-2 et à la modernisation d'une des antennes de communication de la sonde avec la Terre.

Liens :

>>> Hayabusa-2 sur le site de la JAXA
>>> Hayabusa-2 sur le site du CNES (MASCOT)
>>> Présentation vidéo de MASCOT (Youtube)

 
 

 

Hayabusa 2 en hall d'intégration (Source Shibata Komei)

 
 
 

 

 

 
 
 

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