9 novembre 2014

 

Les cellules "sentinelles" permettront-elles de vaincre le cancer du poumon ?

 

Une équipe de chercheurs de l’Inserm dirigée par Paul Hofman, (Unité Inserm 1081/Université de Nice), vient d’effectuer une avancée significative dans le domaine du diagnostic précoce des cancers invasifs. Dans une étude qui vient de paraître dans la revue Plos One, l’équipe montre qu’il est possible de détecter, chez des patients à risque de développer un cancer du poumon, des signes précoces, sous forme de cellules cancéreuses circulantes plusieurs mois et dans certains cas plusieurs années avant que le cancer ne devienne détectable par scanner. Cette alerte pourrait jouer un rôle clé dans la précocité de l’intervention chirurgicale, permettant ainsi de viser l’éradication précoce de la localisation primitive du cancer.

Des études menées chez l’animal ont clairement montré que les tumeurs invasives diffusent dans le sang des cellules cancéreuses depuis les toutes premières étapes de leur formation, avant même que les tumeurs ne soient détectables par un examen d’imagerie. La possibilité d’identifier ces cellules "sentinelles" est considérée comme un atout majeur dans la course contre la montre visant à détecter, et donc à traiter, précocement le cancer. Les cellules cancéreuses circulantes sont extrêmement rares dans le sang, très hétérogènes et fragiles, et difficiles à extraire sans biais ni perte.

L’équipe de chercheurs dirigée par Paul Hofman a utilisé un test sanguin issu de la recherche française [1], qui isole du sang tous les types de cellules tumorales, sans perte et en les laissant intactes. L’équipe a étudié un groupe de 245 personnes sans cancer, y compris 168 patients à risque de développer ultérieurement un cancer du poumon car atteints de Bronchopathie Chronique Obstructive (BPCO). Les participants ont systématiquement subi le test sanguin et les examens classiques d’imagerie. Via le test sanguin, des cellules cancéreuses circulantes ont été identifiées chez 5 patients (3%), alors que l’imagerie ne révélait aucun nodule au niveau pulmonaire.

Chez ces 5 patients, un nodule est devenu détectable, de 1 à 4 ans après la détection des cellules cancéreuses circulantes par le test sanguins. Ils ont été immédiatement opérés et l’analyse effectuée sur le nodule a confirmé le diagnostic de cancer du poumon. Le suivi d’un an minimum après chirurgie n’a montré aucun signe de récidive chez les 5 patients, laissant espérer que le cancer avait été éradiqué. En parallèle, aucun nodule n’a été détecté dans le suivi des sujets sans cellules cancéreuses circulantes et aucune cellule cancéreuse n’a été détectée dans le sang des sujets "contrôle" sans BPCO.

La détection de ces cellules circulantes via ce test sanguin pourrait jouer un rôle clé dans la précocité de l’intervention chirurgicale, permettant ainsi de viser l’éradication précoce de la localisation primitive du cancer.

Le cancer du poumon est parmi les plus meurtriers. Selon l’American Cancer Society (ACS), la survie de ces patients à un an est de 44% et à 5 ans elle est de seulement 16%. Seulement 15% de ces cancers sont actuellement diagnostiqués à un stade de maladie localisée. Sa détection précoce pourrait à la fois améliorer la survie des patients et permettre des économies de santé. La BPCO est la 3ème cause de décès aux US et sa cause principale est le tabagisme.

[1] Appelé ISET (Isolation by SizE of Tumor cells) et développé par la compagnie Rarecells Diagnostics.

Source : Plos One

 
 

 

Cellules tumorales circulantes (CTC) détectés par la technique ISET chez les patients atteints de BPCO.
( A ) Une CCT isolé avec des fonctionnalités cytomorphologique malignes (flèches doubles: pores du filtre).
( B ) Un cluster (CTM), composé de 20 CTC avec des caractéristiques cytomorphologique malignes
(grossissement d'origine : × 1000 ; barres: 8 pm ; flèches doubles : pores contenant un lymphocyte).

 

 

 
 
 

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