11 octobre 2014

 

La vie a peut-être été découverte sur Mars en 1976

 

En 1976, les données transmises depuis le sol martien par une des premières sondes de la Nasa intriguèrent les scientifiques qui, devant leur apparente incohérence, conclurent à un artefact ou un défaut d’instrumentation et les rejetèrent. Mais aujourd’hui, trente-huit années de perfectionnement des méthodes d’analyse procurent à ces mêmes données un nouvel éclairage incitant à penser qu’une forme de vie avait réellement été observée sur la Planète rouge.

En se posant sur Mars le 3 septembre 1976, la sonde américaine Viking 2 apportait cinq instruments dont trois d'entre eux, pour une masse totale de 15,5 kg, devaient trancher sur l’existence – ou l’absence - d’une vie martienne. 15,5 kg, ce n’était pas un mince exploit à une époque où la miniaturisation était loin d’avoir atteint son niveau actuel, aussi les scientifiques s'étaient-ils appliqués à mettre au point des expériences relativement simples, mais ingénieuses.

Viking 2 sur Mars. Crédit Nasa.

Une manipulation, télécommandée depuis la Terre, consistait à introduire dans un réceptacle stérile un échantillon de sol puis, après isolement complet et sous atmosphère contrôlée, une goutte d’eau contenant certains nutriments et des atomes de carbone radioactif y était déposée. L’idée était que si des organismes martiens étaient présents, ceux-ci auraient métabolisé les nutriments et relâché du carbone ou du dioxyde de carbone radioactif pouvant être mis en évidence par un détecteur de radiations dont Viking était équipée.

Répétée à plusieurs reprises et de plus en plus profondément, cette expérience ne fournit que des résultats négatifs. Sauf… sauf lors du troisième prélèvement, où un violent pic d’émission 200 fois supérieur à la moyenne fut constaté. Mais faute de confirmation lors des manipulations ultérieures, les chercheurs estimèrent se trouver face à un évènement isolé non représentatif, et classèrent les données dans le tiroir aux oublis… La conclusion s’imposa donc : Mars est exempte de toute forme de vie, du moins à cet endroit.

C’est là qu’intervient Joseph Miller, un neurobiologiste de l’université de Californie ayant participé au programme ainsi que Gilbert V. Levin, celui-là même qui dirigea la plupart des expériences Viking. L’équipe réexamina les données écartées près de 40 ans plus tôt avec des moyens inexistants à l’époque, notamment des algorithmes et des modèles mathématiques permettant d’isoler les marqueurs biologiques de ceux qui ne l’étaient pas. Surprise : le pic a bien été tracé par l’enregistrement de marqueurs biologiques, signe caractéristique d’une vie microbienne sur Mars. Mais il y a mieux, car le nouveau graphe ainsi produit montre ensuite une variation cyclique d’une période de 24,7 heures. Or, 24,7 heures représentent exactement la période de rotation de la Planète rouge sur elle-même. Difficile de ne pas penser immédiatement à un rythme circadien.

Et ce n’est pas tout, car les chercheurs balaient aussi d’un revers de main l’objection selon laquelle si trace de vie il y avait, elle aurait du se manifester durant les précédentes tentatives. Lors de missions ultérieures (notamment Phoenix en 2008), une couche de glace a souvent été mise en évidence sous le sol poussiéreux, alimentant l'hypothèse de la possibilité d'une vie microbienne à une certaine profondeur. Or, Viking analysait la matière prélevée de plus en plus profondément, jusqu’à dix centimètres au maximum…

Bien sûr, cette découverte ne suffit pas à convaincre l'ensemble de la communauté scientifique tant qu'on ne disposera pas d'une vidéo montrant une bactérie martienne s'ébattant dans une boîte de petri. "Pour une raison inconnue, déclare Miller, la NASA n’a jamais envoyé un microscope qui nous permettrait de voir une chose pareille", indique le neurobiologiste, évoquant les microscopes à vocation exclusivement géologique équipant les sondes Spirit, Opportunity et Curiosity évoluant sur Mars depuis 2003 et 2012. "S’ils peuvent envoyer un microscope pour les géologues, ils devraient pourtant être capables d’en faire autant pour les biologistes".

 

 

 
Graphe montrant une variation cyclique de l'émission de carbona radioactif.
L'échelle horizontale est graduée en jours martiens (sols). Crédit Nasa.
 

 

 
 
 

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