12 octobre 2014

 

L'Armée de l'Air américaine renonce au RD-180 russe

 
Le RD-170. Crédit RKK-Energya.

L'armée de l'air américaine devrait présenter début novembre un plan visant à renoncer aux moteurs-fusées russes RD-180, utilisés pour le tir de satellites militaires ou de renseignement, et dont les conséquences dans le domaine du transport spatial en général seront significatives.

Selon Ellen Pawlikowski, lieutenant-général au sein de l'US Air Force, les producteurs américains d'armement "ont accueilli avec enthousiasme l'idée de participer à un nouveau projet". Les propositions correspondantes des sociétés devraient être présentées début novembre au Pentagone.

Parmi les sociétés américains susceptibles de fournir des propulseurs figurent United Launch Alliance (ULA), qui coopère avec Blue Origin, ainsi que les compagnies Aerojet Rocketdyne et SpaceX.

Sur fond de crise ukrainienne, le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel a ordonné aux chefs de l'Armée de l'air de revoir les principes de la coopération militaire et technique avec la Russie et de diminuer la dépendance des Etats-Unis vis-à-vis des propulseurs russes RD-180 destinés aux fusées Atlas.

Selon l'agence Bloomberg, la mise au point d'un propulseur destiné à remplacer le RD-180 qui équipe actuellement le lanceur lourd américain Atlas-5 pourrait coûter 1,5 milliard de dollars et prendre près de six ans.

 
  Le RD-180
 
Le lanceur Energya emportant (sur le flanc) le satellite militaire Polyus. Notez la mention peinte en blanc "MIR-2". Crédit RKK-Energya.

Ce moteur-fusée dérive du RD-170, mis au point par l'astronautique russe entre 1976 et 1986 par le bureau d'études du chef constructeur Valentin Glouchko implanté à Saint-Pétersbourg pour équiper chacun des quatre propulseurs d'appoint de la fusée Energya, lancée seulement à deux reprises : en 1987 pour le lancement du satellite militaire Polyus (qui aurait dû constituer le noyau central de la nouvelle station Mir-2) qui ne put se placer en orbite suite à un défaut de guidage, et pour le lancement réussi de la navette soviétique Bourane en 1988. Doté de quatre chambres de combustion alimentées par deux turbopompes en kérosène et oxygène liquides, le RD-170 développait une poussée de 790 tonnes au niveau du sol, une puissance jamais dépassée à ce jour.

Il fut par la suite décliné en une version ne comportant que deux chambres de combustion, le RD-180, dont les droits seront achetés au début des années 90 par la Division des Systèmes Spatiaux de General Dynamics (englobée en 1993 par Lockheed Martin). Le motoriste Pratt & Whitney se chargera ensuite de l'adapter sur le lanceur lourd Atlas II A-R, ensuite rebaptisé Atlas III, puis sur l'actuelle Atlas V dont il équipe les deux propulseurs d'appoint et le premier étage.

Jusqu'à présent, ce moteur vendu conjointement par Pratt & Whitney et par Energomach, mais exclusivement fabriqué en Russie, a permis le lancement, entre autres, de Mars Reconnaissance Orbiter (2005), New Horizons (2006, actuellement en route vers Pluton), Lunar Reconnaissance Orbiter (2009), Solar Dynamics Observatory (2010), Juno (2011, actuellement en route vers Jupiter), et Curiosity (2011). Avec une poussée de 383 tonnes au sol et de 415 tonnes dans le vide, il reste le plus puissant moteur-fusée actuellement en service.

Il est à noter que le RD-170, dans une version améliorée dénommée RD-171 (tuyères orientables à 6,3°) équipe toujours le lanceur russe Zenit 2 utilisé depuis Baïkonour ainsi que sa variante Zenit 3SL commercialisée par la société américaine Sea Launch pour la mise en orbite de satellites commerciaux depuis une plate-forme mobile dans l'Océan Pacifique.

 
 
 
Lanceur Atlas 5 au décollage à Cap Canaveral, emportant le rover Coriosity
vers Mars. Crédit Nasa.
 

 

 
 
 

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