13 novembre 2014 - 18h30

 

"Atchourissage" de Philae, les premiers résultats

 

On en sait un peu plus sur les conditions d'atterrissage du robot européen Philae à la surface du noyau de la comète 67P/Tchourioumov-Guerassimenko (affectueusement surnommée "Tchouri") hier soir. La petite sonde a fait preuve de malchance, mais surtout de beaucoup de chance…

La procédure prévoyait qu'au moment de la prise de contact, une rétrofusée "plaquerait" l'engin au sol afin de l'empêcher de rebondir, et que deux harpons seraient éjectés afin d'amarrer solidement Philae. En effet, si la sonde pèse 98 kg sur Terre, son poids est réduit à environ 1 gramme sous la faible force d'attraction de 67P et un rien pourrait la faire redécoller. Trois vis d'ancrage devaient encore renforcer l'ensemble du dispositif.

Durant les derniers instants de la descente, Philae se trouvait en légère rotation sur son axe vertical. Puis pour une raison que l'on ignore, ni la rétrofusée ni les harpons n'ont fonctionné au moment du contact et l'engin a rebondi. La faible gravité de l'astre n'opposant pas une force bien importante, trois rebonds ont été enregistrés durant près de deux minutes, et la sonde a fini par s'immobiliser à plus d'un kilomètre de l'endroit visé.

Ces rebonds expliquent les fluctuations des signaux reçus à ce moment. Alors que la zone d'atterrissage initialement prévue se situait en terrait plat, Philae s'est finalement posé sur un endroit particulièrement accidenté, incliné à environ 30 degrés et à l'ombre de ce qui paraît être une grotte ou une falaise.

Et c'est là que l'on peut dire que la chance accompagnait Philae dans son odyssée, car l'engin s'est posé certes fortement incliné, mais debout, ses antennes restant dirigées vers Rosetta, en orbite autour de 67P, jouant le rôle indispensable de satellite relais pour les communications radio avec la Terre.

Un inconvénient subsiste tout de même : s'étant immobilisée à l'ombre, les panneaux solaires de Philae ne restent exposés à la lumière qu'environ 1h30 par période de 12 heures, la recharge des batteries sera donc moins efficace que prévu. Une révision du programme scientifique s'impose donc afin de consommer le moins d'énergie possible.

Plus gênant, le non amarrage de la sonde pourrait empêcher l'utilisation du forêt destiné à prélever un échantillon en profondeur, car la pression exercée par Philae sur le sol étant insignifiante (1 gamme…), l'engin entier risquerait d'être entraîné par le mouvement.

Huit des dix instruments de Philae ont été mis en service, puisant leur énergie sur une pile devant assurer le fonctionnement avant que les batteries aient eu le temps de se charger. Les techniciens ont préféré laisser en veille les deux instruments restants dont le forêt, ceux-ci exigeant une action mécanique.

Marc Pircher, docteur en Sciences et directeur du Centre spatial de Toulouse (Cnes) associé à l'opération, a souligné lors d'une conférence de presse ce mercredi que bien que le robot ne soit pas totalement stable, rien n'a été endommagé lors de l'atterrissage et il a déjà été en mesure de transmettre des informations, notamment sur le cœur de la comète. Il ajoute que les techniciens n'excluent pas de stabiliser ultérieurement Philae, éventuellement et déclenchant les harpons par télécommande depuis le centre de contrôle.

Ce jeudi 13 novembre juste après le lever du Soleil, Philae a transmis une première image depuis son lieu d'atterrissage où on distingue à la fois la paroi rocheuse contre laquelle il semble adossé, et un de ses "pieds". Et dans l'après-midi, la première vue panoramique était reçue, montrant le paysage aperçu à 360° autour du petit robot.

Revivez ici la conférence de presse du Cnes diffusée en direct ce jeudi 13 novembre à 13 heures.

 
 

 
Première image transmise par Philae après son atterrissage mouvementé. Crédit ESA.
 
 
 

 
Première image panoramique du lieu d'atterrissage de Philae. Crédit ESA.
 
 
 

 
Dernière image transmise par Philae avant le contact avec le sol. On remarque la différence de terrain
avec le lieu d'atterrissage réel. Crédit ESA.
 

 

 
 
 

Retour

Commentez cet article dans le forum