14 décembre 2014

 

Un modèle de vie "extraterrestre" existe-t-il dans le lac Vostok ?

 
Pour les scientifiques, l'Antarctique présente au moins autant d'intérêt, et soulève autant de questions que l'Atlantide mythologique pour les historiens. Comment l'étude de ce sixième continent contribuera-t-elle à prédire, et améliorer, le futur de l'Humanité ? Comment les hypothétiques formes de vie à découvrir dans le lac Vostok contribueront-elles à l'exploration de l'Espace ? Ces questions, et bien d'autres, attendent leur réponse.

Si les changements climatiques dont nous commençons à peine à subir les conséquences préoccupent beaucoup de monde, l'Antarctique constitue la base idéale pour les étudier. Selon Vladimir Lepenkov, directeur du Centre d'études arctiques et antarctiques de Russie, les résultats des investigations menées dans ce lieu privilégié seront déterminants pour connaître nos propres conditions de vie sur Terre d'ici 50 ou 100 ans.

 
 

 
Le lac Vostok révélé par l'imagerie satellite. Crédit : Goddard Space Flight Center
 
"L'intérêt pratique consiste dans une meilleure compréhension des changements climatiques et de leur influence sur la couverture glaciaire de l'Antarctique, ainsi que de l'influence de cette couverture glaciaire sur le niveau de l'océan mondial", affirme le chercheur, qui ajoute : "Ce sont des questions directement liées à l'existence de l'humanité. Il ne s'agit pas d'une météo pour demain, mais de prévisions pour l'année prochaine et à plus long terme. Ces prévisions sont importantes pour développer les stratégies d'activités industrielles de l'humanité et celles de sa vie ultérieure sur Terre".

Pourquoi un lieu privilégié ? Parce que ce continent constitue en lui-même une véritable réserve naturelle, totalement vierge de toute entreprise humaine polluante, et où les processus globaux relatifs aux changements climatiques peuvent encore être étudiés en toute sérénité. Le professeur Valeri Loukine, directeur de plusieurs expéditions au lac Vostok, déclare : "En Antarctique, les changements climatiques dépendent des facteurs cosmophysiques et non pas de l'activité anthropique. Ainsi dans l'hémisphère nord il est impossible de déterminer les facteurs qui influent en réalité sur les changements climatiques".

Le lac Vostok a été découvert en 1989 conjointement par des équipes de scientifiques russes et britanniques. Mesurant 250 kilomètres de long et 50 kilomètres de large dans ses plus grandes dimensions, le plus grand des 140 lacs subglaciaires connus en Antarctique est comparable au lac Ontario, mais trois fois plus volumineux avec quelque 5400 km³. Totalement isolée du monde depuis 30 millions d'années et protégée par une épaisseur de 4 kilomètres de glaces, cette enceinte inviolée nous réserve certainement des surprises insoupçonnées. Il est à noter que c'est à la surface gelée de ce lac qu'a été enregistrée la température la plus froide de l'Histoire connue, avec -90°C en juillet 1983.

Selon Vladimir Lepenkov, l'étude de ce lac immense apportera une précieuse contribution à la quête d'une vie extraterrestre : "C'est un réservoir naturel unique, similaire aux lacs subglaciaires sur d'autres planètes. Son étude est liée aux futures missions astrobiologiques visant la recherche d'une vie sur les planètes du système solaire. En outre, les biologistes espèrent trouver de la vie dans ce lac. Il est possible que cette vie soit unique, jamais rencontrée sur notre planète".

Résultant de la fonte des glaces, l'eau remplissant ce lac est non seulement douce, mais absolument pure. On peut même affirmer que rien de comparable n'existe ailleurs sur Terre. Mais le point le plus remarquable est que sa teneur en oxygène est 50 fois supérieure à celle des lacs d'eau douce en surface, ce qui en fait un lieu de développement idéal pour des organismes. Si des formes de vie y sont découvertes, elles seront nécessairement très différentes à tout ce que nous connaissons, de véritables extraterrestres.

Le 1er décembre dernier, une nouvelle expédition scientifique, à nouveau dirigée par Vladimir Lepenkov, est partie pour le lac Vostok. Pour la première fois, un prélèvement d'échantillon d'eau non congelée sera tenté, une expérience qui avait déjà été reportée à plusieurs reprises afin de pouvoir s'entourer d'infinies précautions. Et qui sait quels nouveaux mystères l'Antarctique nous réserve encore…

 

 
Jean Etienne
 
 
 

 
Position du lac Vostok et forage réalisé en 2013, sans atteindre la partie liquide. Crédit : Exa-Pol.
 

 

 
 
 

Retour

Commentez cet article dans le forum