La Russie repart à l'assaut de la Lune

La Russie compte faire de l'exploration de la Lune la priorité de son programme spatial pour la prochaine décennie, a déclaré vendredi Yuri Makarov, responsable de l'Agence spatiale russe Roscosmos.

"Cette année, Roscosmos a préparé un programme à long terme d'exploration de l'espace profond, avec comme priorité l'exploration de la Lune", ajoute Yuri Makarov, ajoutant que le nouveau programme prévoit également l'exploration d'autres planètes dans le système solaire.

"Nous sommes prêts du points de vue technologique, notre industrie est prête à l'exploration spatiale lointaine et avant tout à celle de la Lune. Nous avons élaboré un programme intitulé 'Exploration spatiale lointaine' que nous présenterons tout prochainement", a indiqué M.Makarov devant les journalistes.

Selon lui, il s'agit d'un "programme très ambitieux en termes du budget et des objectifs. La réalisation du nouveau programme spatial prévoit l'utilisation du futur cosmodrome russe Vostotchny, qui est en chantier dans la région de l'Amour, et des lanceurs lourds et superlourds".

M. Makarov prévoit que la première expédition habitée de la Russie sur la Lune pourrait être lancée vers la fin des années 2020, soit plus de 40 ans après le programme américain Apollo, et pourrait s'accomplir en parallèle de la construction d'infrastructures permanentes près du Pôle Sud de la Lune, d'où partiraient aussi des explorations utilisant des véhicules sans pilote.

L'industrie spatiale russe est capable de résoudre des problèmes technologiques rencontrés dans le programme ambitieux, a indiqué M. Makarov cité par l'agence de presse Interfax.

"Nous achèverons les essais de la fusée-porteuse superlourde à la fin des années 2020 en vue de lancer un programme d'exploration de la Lune de grande envergure", indique à son tour Oleg Ostapenko, directeur de Roskosmos, lors d'une conférence au Centre de formation des cosmonautes sous la présidence du vice-premier ministre russe Dmitri Rogozine. "A ce moment-là, nous aurons déjà terminé l'étude de la surface lunaire au moyen de sondes et défini les lieux de déploiement des bases lunaires", ajoute-t-il.

Selon M. Ostapenko, la Russie a déjà commencé à se préparer à l'exploration de la Lune. "Nous avons procédé à la conception d'un vaisseau spatial habité qui sera mis en orbite par des futurs lanceurs lourds et superlourds", a-t-il précisé. Ce vaisseau est destiné à transporter des équipages et de charges utiles sur la Lune et dans l'espace lointain.

Par ailleurs, Roskosmos étudie des projets d'exploration spatiale à l'horizon 2050. "A notre avis, nos projets sont réalistes", a conclu le directeur de l'agence.

Premier tir le 9 juillet 2014 du nouveau lanceur russe Angara.  Le premier étage est propulsé par un moteur RD-191 à ergols
liquides (kérosène-oxygène). Il est dérivé du moteur à quatre chambres de combustion utilisé sur le lanceur Energia et installé
actuellement sur la fusée porteuse Zenit (RD-170 et RD-171). Crédit Roskosmos.

Un lanceur d'une capacité de 120 à 190 tonnes en orbite basse

De fait, le Président russe Vladimir Poutine a approuvé en septembre dernier l'idée de créer un lanceur spatial superlourd capable d'emporter une charge utile de 150 tonnes, et donné son feu vert pour le commencement des travaux. "Après avoir terminé la création de la famille des lanceurs actuels légers, moyens et lourds Angara, nous entamerons ainsi la conception d'une fusée-porteuse foncièrement nouvelle qui n'emportera pas une charge utile de 7, 15 ou 25 tonnes, mais de 120 à 150 tonnes", a indiqué le vice-premier ministre russe Dmitri Rogozine devant les journalistes.

Selon le vice-premier ministre, Le projet prévoit de créer d'abord une fusée capable d'emporter une charge utile de 70 à 80 tonnes avant de passer à la conception d'un lanceur pour une charge utile de 120 à 150, et même 190 tonnes. La société de construction spatiale russe RKK Energuia, le Centre de production et de recherche spatiale russe Khrounitchev et le bureau d'études Progress se sont portés désireux de réaliser ce projet.

A l'heure actuelle, la Russie crée les lanceurs légers, moyens et lourds de la famille Angara dotés de moteurs à carburant écologique, un mélange de kérosène et d'oxygène. Les lanceurs modulaires Angara seront capables de placer des charges utiles de 1,5 t à 35 t sur des orbites basses. Le premier tir de la fusée-porteuse légère Angara-1.2PP a eu lieu le 9 juillet dernier.

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