La glace de l'Arctique aide à l'élimination du CO²

 

Le changement climatique est un fait, et l'essentiel du réchauffement est causé par l'activité humaine. La température de l'Arctique est maintenant telle que l'étendue de la surface gelée s'est réduite de 30% en hiver, et s'amincit considérablement l'été.

Cette réduction de la banquise entraîne une moindre réflexion du rayonnement solaire et donc son absorption, ce qui contribue encore au réchauffement. Cela, on le savait. Mais de nouvelles recherches viennent de dévoiler que la glace de mer joue aussi un rôle capital dans l'élimination du CO² atmosphérique, un des principaux facteurs de l'effet de serre. On observe donc un effet cumulé, qui pourrait mettre à mal les prévisions des scientifiques sur l'ampleur du réchauffement climatique.

 
 

 

Réduction de la calotte polaire arctique entre 1980 et 2012. Source : Université Illinois.

 

"Nous savons depuis longtemps que les océans de la planète sont capables d'absorber d'énormes quantités de CO². Mais nous pensions jusqu'ici que cela ne s'appliquait pas aux zones océaniques couvertes de glace, car la glace était considérée comme impénétrable. Cependant, nous étions dans l'erreur… Notre nouvelle recherche démontre que la glace de mer dans l'Arctique absorbe de grandes quantités de CO² atmosphérique et l'introduit dans l'océan", explique le Pr. Dorte Haubjerg Søgaard, de l'Université du Danemark (sud), chargé de recherches pour le Greenland Climate Research Centre (Groenland).

L'étude démontre en effet que la glace de mer peut avoir un impact majeur sur le cycle global du carbone, et que les processus chimiques ont un impact beaucoup plus important sur la capacité de la glace de mer pour éliminer le CO² que les procédés biologiques.

"L'élimination chimique du CO² dans la glace de mer se déroule en deux phases. D'abord, les cristaux de carbonate de calcium sont formés dans la glace de mer en hiver. Pendant cette formation CO² se dégage et est dissous dans une saumure froide de haute densité, qui se sépare de la glace et s'enfonce dans les parties les plus profondes de l'océan. Le carbonate de calcium se trouve piégé dans la glace et reste donc en surface. En été, lorsque la glace de mer fond, le carbonate de calcium se dissout dans une réaction chimique qui utilise le CO² atmosphérique, nécessaire pour ce processus. Ainsi, le CO² est alors retiré de l'atmosphère et rendu à l'océan, où il est éliminé par les algues et se retrouve dans la matière organique.

Dorte Haubjerg Søgaard a aussi découvert que chaque hiver, la banquise se recouvre par endroits de formations cristallines appelées fleurs de givre, qui contiennent des concentrations extrêmement élevées de carbonate de calcium, ce qui peut avoir un autre impact significatif sur l'absorption potentielle de CO² dans l'Arctique.

Source et référence :
The relative contributions of biological and abiotic processes to carbon dynamics in subarctic sea ice

 
 

 

Fleurs de glace, essentiellement composées de carbonate de calcium. Source : IGERT (Integrative Graduate Education and Research Traineeship Integrative Graduate Education and Research Traineeship)

   
   
 
 
 

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