24 décembre 2014

 

Russie : Vol inaugural réussi pour le lanceur lourd Angara 5

 
Le premier exemplaire du nouveau lanceur lourd Angara 5 a été mis à feu ce mardi 23 décembre 2014 à 00h57 locales sur la base de Plesetsk, située dans le nord de la Russie. Aucune charge utile n'avait été embarquée pour ce vol d'essai, la fusée se contendant de placer une maquette de satellite en orbite de transfert géostationnaire.

Le président Vladimir Poutine a salué un "évènement très important" à la fois pour l'industrie spatiale que pour la Russie, soulignant l'universalité d'une nouvelle famille de lanceurs pouvant véhiculer des satellites aussi bien civils que militaires tout en permettant à Moscou d'assurer son indépendance vis-à-vis du cosmodrome de Baïkonour, en Ukraine.

Avec une masse au décollage de 773 tonnes pour une hauteur de 55,4 mètres, Angara 5 possède une capacité d'emport de 24,5 tonnes en orbite basse et 5,4 tonnes en orbite de transfert géostationnaire. Elle constitue la version la plus puissante d'une nouvelle famille de lanceurs destinés, à terme, à remplacer les Soyouz et Proton et dont la version la plus légère, Angara 1.1, avait effectué avec succès son premier vol d'essai le 12 juillet dernier.

L'architecture d'Angara 5 reprend la configuration adoptée dès les débuts de l'ère spatiale par la Russie, à savoir quatre accélérateurs entourant un corps central surmontés d'un second étage intermédiaire, puis d'un troisième étage destiné à la mise en orbite.
 
 

 
Gros plan sur la base du lanceur Angara 5.
 
Les quatre accélérateurs ainsi que le corps central sont équipés chacun d'un seul moteur RD-191 développé spécialement pour Angara, brûlant un mélange de kérosène et d'oxygène liquide. Tous sont allumés simultanément à la mise à feu, mais la puissance du moteur central est réduite juste après le décollage afin de lui procurer une plus longue durée de fonctionnement. Après séparation des quatre accélérateurs, le moteur central est ramené à sa pleine puissance et poursuit seul la propulsion durant près de deux minutes.

Le deuxième étage comporte un seul moteur RD-0124A dérivé de celui équipant le troisième étage du Soyouz (Block 1 amélioré), et brûle comme le premier étage un mélange de kérosène et d'oxygène liquide. L'étage mis en œuvre pour Angara, long de 6,8 mètres pour un diamètre de 3,6 mètres, pèse 40 tonnes contre 30 tonnes pour la version utilisée sur le Soyouz.

Le troisième étage Breeze-M avait été développé à l'origine pour le lanceur Proton. Il est propulsé par un moteur-fusée 14D30 monté sur cardan alimenté par un turbomoteur en UDMH et peroxyde d'azote. Réallumable 8 fois, il peut fonctionner 8000 secondes en durée cumulée.

Ce premier vol ne prévoit pas la satellisation réelle de la charge embarquée. Lorsque celle-ci atteindra le niveau de l'orbite géostationnaire, le moteur du Breeze-M sera réallumé à quatre reprises afin de placer la maquette de satellite sur une orbite de rebut.

Dans une configuration ultérieure, Angara 5 sera équipé d'un troisième étage KVTK propulsé par un moteur RD-56M brûlant un mélange d'oxygène et d'hydrogène, portant la capacité d'emport en orbite de transfert géostationnaire à 6,6 tonnes. Celui-ci devrait comporter un système d'allumage laser implanté au niveau de la chambre de combustion et développé par L'institut Keldish et le KBKhA de Voronetz, une filiale de Khrunichev.

Jean Etienne
 

 

 
Le lanceur Angara 5 dans son bâtiment d'intégration. Crédit : Ministère de la Défense de Russie.
 
 
 

 
Angara 5 sur la base de Plesetsk (enneigée par près de -30°C...). Crédit : Ministère de la Défense de Russie.
 
 
 

 
Décollage d'Angara 5. Crédit : Ministère de la Défense de Russie.
 

 

 
 
 

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