25 octobre 2014

 

La Chine lance une nouvelle sonde lunaire

 

La Chine a lancé ce vendredi 24 octobre une nouvelle sonde vers la Lune, équipée d'une capsule de retour sur Terre.

Partie de la base de Xichang, située dans la province du Sichuan (sud-ouest de la Chine), la sonde, qui n'a pas reçu de nom, devrait contourner la Lune sans se mettre en orbite, puis reprendre directement le chemin de la Terre.

On pourrait se poser des questions quant à l'intérêt d'une telle mission, qui ne vise apparemment pas l'exploration détaillée de notre satellite naturel. Pourtant, cette étape se situe dans la suite logique d'exploration lunaire telle que décrite par les autorités chinoises.

Le premier volet de ce programme a été amorcé le 24 octobre 2007, avec le lancement de Chang'e-1 (du chinois : 嫦娥三号 ; pinyin : cháng'e sān hào, de Chang'e, déesse de la Lune dans la mythologie chinoise) en orbite lunaire au moyen d'une fusée Longue Marche 3a. Cette sonde, d'une masse de 2350 kg, était équipée de huit instruments dont une caméra stéréoscopique, d'un interféromètre, d'un altimètre laser, d'un spectromètre à rayon X/gamma, d'un détecteur de micro-ondes, d'un détecteur de particules solaires de haute énergie et d'un détecteur d'ions de faible énergie. Mais surtout, elle augurait d'un programme ambitieux qui devrait amener, à terme, à l'installation d'une base lunaire chinoise.

Après le lancement le 1er octobre 2010 d'une deuxième sonde en orbite lunaire, l'agence spatiale chinoise inaugurait le second volet de son programme le 1er décembre 2013 avec le lancement, puis l'atterrissage le 14 décembre du robot lunaire Lapin de Jade (Yutu). Un second atterrisseur devrait prendre le départ en 2015, avant de passer à l'étape suivante, qui est le retour d'échantillons lunaires.

 
 

 

Centre de contrôle de la CNSA (China National Space Administration). Crédit Agence Chine Nouvelle.

 
 
 

Mais récupérer un engin spatial de retour de notre satellite naturel se révèle autrement complexe qu'un retour depuis l'orbite terrestre, technique déjà maîtrisée par les techniciens chinois; à une vitesse de 28.000 km/h correspondant à la vitesse de satellisation se substitue en effet celle d'une trajectoire en constante accélération depuis notre satellite naturel, qui est d'environ 40.000 km/h. Avec des conséquences proportionnelles sur la conception du bouclier du vaisseau spatial, qui devra être adapté en conséquence.

On s'en souvient, la Nasa dut faire face à un problème identique à l'aube de son programme Apollo qui devait se conclure par l'arrivée des premiers hommes sur la Lune. Car ces hommes, il fallait aussi les récupérer ! Afin de mettre au point les capacités de retour depuis la Lune, il fut décidé de profiter du premier vol d'essai du lanceur Saturne 5 en embarquant un exemplaire de vaisseau Apollo (Apollo 4) et de son module de service (SM). Placé d'abord sur une orbite de 185 km, celui-ci fut ensuite accéléré afin d'atteindre une altitude de 18.076 km. La mise en route du moteur du SM conféra alors à l'ensemble une vitesse de 40.000 km/heure afin de simuler une rentrée depuis la région lunaire. Cette opération se déroula parfaitement et la cabine amerrit dans d'excellentes conditions à 16 km du site prévu.

La sonde envoyée ce 24 octobre par la Chine semble suivre la même logique de répétition, en vraie nature, d'un vaisseau de retour depuis la Lune, ce qui expliquerait d'ailleurs pourquoi cet engin, considéré comme un simple essai technique, n'ait pas reçu de nom officiel.

On sait par ailleurs que les techniciens chinois ont choisi de suivre, non une trajectoire de retour direct, mais une technique de rebond atmosphérique avant d'amorcer le retour. Cette procédure présente l'avantage de ralentir le vaisseau avant de pénétrer dans les couches denses de l'atmosphère terrestre, donc de réduire la température du bouclier, mais exige en contrepartie une trajectoire plus précise, mieux maîtrisée, d'où l'intérêt d'une répétition en grandeur réelle.

Selon l'agence spatiale chinoise, la sonde, qui devrait contourner la Lune le 27 octobre, devrait atterrir en Mongolie Intérieure, dans le nord de la Chine, le 1er novembre.

Après une nouvelle mission Chang'e-4, prévue à l'origine comme "doublure" de l'atterrisseur Chang'e-3, une nouvelle étape prévoit les lancements de Chang'e-5 et Chang'e-6 à partir de 2017 afin de recueillir des échantillons de sol lunaire et les ramener sur Terre.

 
 
 

Lancement de la sonde chinoise. Crédit Agence Chine Nouvelle.

 

 

 
 
 

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