15 juillet 2015

 

Il y a 50 ans : Mariner 4 survole Mars

 
Quatrième d’une série de sondes planétaires, Mariner 4 réalisa le premier survol de la planète Mars, et transmit les premières images rapprochées d’une autre planète du Système solaire. Retour sur un évènement historique.

Cette sonde, d’une masse de 260,68 kg, fut lancée depuis Cap Canaveral le 28 novembre 1964 par une Atlas-Agena D. Sa mission consistait aussi bien en l’étude du milieu interplanétaire, pratiquement inconnu alors, qu’en l’envoi d’images de la surface martienne au cours d’un bref survol. Les moyens techniques pour réaliser une mise en orbite martienne n’existant pas encore à cette époque (tant en matière de précision de trajectoire qu’en emport de carburant supplémentaire, rédhibitoire en termes de masse), l’engin devait ensuite poursuivre sa route en s’inscrivant sur une orbite solaire.
 
 

 
Connaissant très peu la topologie de Mars, la zone à photographier avait été déterminée un peu au hasard de la trajectoire de la sonde. Crédit : Nasa.
 
Mariner 4 était construite autour d’un châssis de section octogonale de 1,27 m de diamètre sur 45,7 cm de haut, entouré de quatre panneaux solaires déployables de 176 x 90 cm, eux-mêmes prolongés par quatre pales inclinées de 650 cm². Celles-ci avaient pour fonction de stabiliser la sonde par la faible pression exercées sur elles par la radiation solaire. Elles comportaient en outre de petites tuyères pouvant éjecter des bouffées d’azote pour aider le positionnement de l’ensemble. Cette configuration reprenait en fait celle de Mariner 1 et 2, conçues pour l’exploration de l’environnement de Vénus, mais en portant le nombre de panneaux solaires de 2 à 4, Mars étant bien plus éloignée du Soleil.

Deux antennes, l’une, parabolique à haut gain de 1168 cm de diamètre, l’autre à faible gain et omnidirectionnelle, assuraient les transmissions radio. Une caméra de télévision est montée à la base du châssis. Ne fonctionnant qu’en noir et blanc sous une définition de 200 lignes, elle constituait toutefois un exploit pour l’époque en termes de compacité et de légèreté. Les images étaient enregistrées sur une bande magnétique à quatre pistes d’une capacité totale de 5,24 mégabits.

A l’instar de la sonde New Horizons (dont les images sont attendues sur Terre, d’une distance toutefois 23,25 fois plus éloignée, au moment où ces lignes sont rédigées) les images ne seront transmises que le lendemain, lorsque la mission sera terminée. Ceci se fera au moyen de deux émetteurs, l’un basé sur double triode en push-pull de 7 watts, l’autre sur un tube à ondes progressives de 10 watts. Les données étaient émises selon une cadence variant de 33 bits/seconde à 8 bits/seconde, selon l’éloignement, une seule image prenant environ 8 heures 35 minutes de communication.

Au cours du voyage de 228 jours Terre-Mars, deux instruments tombèrent en panne : le compteur Geiger, et la sonde à plasma qui fut victime de la défaillance d’une résistance. Heureusement, tous les autres instruments, y compris la précieuse caméra, fonctionnaient toujours parfaitement lorsque Mariner 4 aborda l’environnement martien le 14 juillet 1965.

A 15 h 41 mn et 49 secondes TU, après deux tentatives d’initialisation sans succès de la sonde qui glacèrent les techniciens d’effroi, celle-ci passa d’elle-même en mode automatique d’exploration et transmit un bulletin de santé qui évita probablement quelques crises cardiaques. Puis le 15 juillet à 00:18:36 TU, la caméra se mit en route et commença à enregistrer une suite d’images de la surface martienne, alternativement avec des filtres rouge et vert se plaçant mécaniquement devant l’objectif.

Le survol au plus près de Mars eut lieu à 01:00:57 TU à une distance de 9846 kilomètres, avant de passer à 02:19:11 TU derrière la planète, interrompant les communications. La brève altération des signaux reçus alors que celle-ci traversaient l’atmosphère martienne fournit toutefois de précieux renseignements sur son épaisseur et sa densité.

Elle réapparut à 03:13:04 TU, rétablissant d’elle-même la transmission radio, et c’est peu avant 17 heures qu’elle commença à envoyer la première image en direction de la Terre. Etant donné la durée de chaque transmission et la rotation de la Terre, chaque image était reçues successivement par les antennes de Woomera (Australie), Goldstone (Californie) et Johannesbourg (Afrique), avant d’être réassemblée en un seul morceau…

Ce premier survol de la Planète rouge permit d’obtenir 21 images (et 21 lignes d’une 22ème), couvrant environ 1% de la surface martienne. Par manque de chance (mais on ne le saura que bien plus tard), la zone ainsi explorée s’étendait sur la partie la moins intéressante de Mars, ce qui contribua au désintéressement de l’exploration martienne par les Américains pour de nombreuses années.

Les photographies montraient une surface criblée de cratères comparable à la Lune, particulièrement inhospitalière et enlevant pratiquement tout espoir d’une possibilité de vie entretenue par des siècles de littérature et de spéculation scientifique.

En octobre 1967, deux ans et demi plus tard, la sonde fut réactivée et les techniciens commandèrent un réallumage moteur. La caméra fut remise en fonctionnement et transmit des images du ciel noir. Cette expérience réussie conforta les scientifiques sur la possibilité de réaliser des missions de longue durée.

Le 7 décembre suivant, les réserves de carburant nécessaires au contrôle d'attitude étaient épuisées, seuls les panneaux de stabilisation fonctionnant par la pression des radiations solaires pouvaient encore maintenir la sonde en position. Cependant, les 10 et 11 décembre, Mariner 4 reçut 83 impacts de micrométéorites, ce qui la déséquilibra définitivement. Les panneaux solaires n'étant plus orientés vers le Soleil que de façon sporadique, sa batterie s'épuisa rapidement et le contact fut définitivement perdu le 21 décembre 1967.
 
 

 
Première image transmise par Mariner 4, montrant le bord
de la Planète rouge sur un fond d'espace.
 
 
 

 
Deuxième image.
 
 
 

 
Troisième image.
 
 
 

 
Quatrième image.
 
 
 

 
Cinquième image, des cratères sont visibles.
 
 
 

 
Sixième image.
 
 
 

 
Septième image, Mars ressemble à la Lune...
 
 
 

 
Huitième image, cratères...
 
 
 

 
Vingt-deuxième image. Seules les 21 premières lignes ont pu prendre place
sur la bande magnétique à bord de la sonde (à droite de l'image).
 
 
 

 

 
 
 

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