1er février 2015

 

La fonte du Glacier Totten, prélude d'une catastrophe planétaire ?

 
Situé dans l'est de l'Antarctique, le Totten, un des plus grands glaciers du monde dont la fonte entraînerait une hausse du niveau des océans d'environ six mètres, était considéré jusqu'ici à l'abri du réchauffement climatique. Terrible erreur !

Situé sur la Côte Sabrina dans l’Est de l’Antarctique sur la Terre de Wilkes, le glacier Totten s'étend au-dessus d'un vaste bassin rocheux sur une surface aujourd'hui estimée à 570.000 km² (à titre de comparaison la superficie de la France est de 671.000 km²). Sa partie principale est longue de 65 km et large de 30 km. Son épaisseur, qui varie selon les lieux, était estimée à environ 2100 mètres au centre au début du XXIème siècle.

De retour d'une expédition antarctique sur le navire de recherche RVIB Nathaniel B Palmer durant l'été austral, une équipe de scientifiques australienne a cependant révélé que la température de l'eau de l'océan autour du glacier Totten était plus chaude de 1,5°C qu'ailleurs. Pour des raisons encore mal comprises et dont l'étude s'avère extrêmement délicate dans une des régions les plus inhospitalières du globe, ce glacier présente une vitesse de fonte en accélération constante et très supérieure à celle de tous les autres glaciers de la partie Est de la calotte antarctique.
 
 

 
Le navire de recherche VIB Nathaniel B Palmer. Crédit Commons.
 
Mauvaise estimation de la fonte du glacier

Contrairement à ce qui se produit en Arctique, la perte des glaces du continent antarctique, région la plus froide du monde, ne se produit pas par fonte mais par vêlage, c'est-à-dire par la séparation et la libération de pans de glacier en pleine mer, subissant ainsi un déficit de glace qui n'est plus compensé par les chutes de neige pourtant en augmentation. Mais de nombreux indices montrent que la fonte de l'Antarctique n'est pas homogène. Les scientifiques qui étudient les effets du réchauffement climatique dans la région du Totten et dans l'Est-Antarctique craignent qu'un réchauffement de l'eau et la montée de la mer puissent non seulement accélérer la fonte de ce glacier, mais aussi déstabiliser une partie importante de la calotte glaciaire de l'Antarctique-Est.

Le Totten a subi d'importantes variations saisonnières et même interannuelles de perte de glace, notamment dans les années 2000, avec une valeur oscillant entre 3,4 et 5,7 mètres d'épaisseur du glacier, ce qui traduit une perte annuelle de 17 à 28 Gt/an. Mais en 2013, une nouvelle estimation montre un triplement de la vitesse de fonte, portée à 63,2 (±4) Gt/an de glace, traduisant une parfaite corrélation avec le réchauffement climatique.

Cette réduction de volume peut être due aux effets combinés de la température du substrat rocheux sous-jacent, d’une éventuelle augmentation de la température de l'air, et à celle du courant circumpolaire antarctique. Des indices laissent penser que de l’eau assez "chaude" pour faire fondre la glace, provenant vraisemblablement du plateau continental, s’écoule ou circule sous le Totten, beaucoup plus que sous les glaciers voisins, rendant ainsi le Totten beaucoup plus vulnérable alors que les scientifiques pensaient jusqu'ici le contraire.

Selon l'équipe australienne qui a exploré une partie du glacier et de ses eaux de fonte lors de l'expédition conduite du 29 janvier au 16 mars 2014 sur le navire de recherche RVIB Nathaniel B Palmer, la fonte du Totten contribuerait à lentement faire augmenter le niveau des océans de 6 mètres.

Jean Etienne

Pour effectuer une simulation de la montée des eaux océaniques, voyez sur ce site.
 

 

 
Situation de la Côte Sabrina et du Glacier Totten. Crédit Commons.
 
 
 

 
Simulation d'une montée des eaux océaniques de 6 mètres dans l'Est de la manche.
 

 

 
 
 

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