3 janvier 2015

 

Carte de la distribution de vapeur d'eau dans l'atmosphère martienne

 
Les scientifiques russes de l'Institut de recherche spatiale de l'Académie des sciences de Russie et de l'Institut de physique et de technologie de Moscou (MIPT), ainsi que leurs collègues français et américains, ont créé une "carte" de la distribution de la vapeur d'eau dans l'atmosphère de Mars.

Leur recherche comprend des observations des variations saisonnières des concentrations atmosphériques en utilisant des données recueillies sur dix années par le spectromètre SPICAM franco-russe à bord de l'orbiteur Mars Express, une période d'observation particulièrement longue offrant un important volume de données sur la présence de vapeur d'eau sur Mars.

Le premier instrument SPICAM (spectroscopie pour l'étude des caractéristiques de l'atmosphère de Mars) avait été construit pour l'orbiteur russe Mars 96, qui avait été perdu en raison d'un dysfonctionnement de son lanceur.

La nouvelle version de l'instrument a été mise au point avec la participation de l'Institut de recherche spatiale dans le cadre de l'accord entre Roskosmos et le CNES pour l'orbiteur Mars Express. L'appareil a été lancé le 2 Juin 2003 depuis le cosmodrome de Baïkonour au moyen d'un lanceur Soyouz équipé d'un étage Fregat. Fin décembre 2003, Mars Express est entré en orbite martienne et son fonctionnement s'est avéré parfait, collectant un grand nombre de données sur la Planète rouge et son environnement.

Le personnel de l'Institut de recherche spatiale et du MIPT, y compris Alexander Trokhimovsky, Anna Fyodorova, Oleg Korablyov et Alexander Rodin, ainsi que leurs collègues des LATMOS (Laboratoire Atmosphères, Milieux, Observations Spatiales) français et du centre Goddard de la NASA, ont analysé la masse de données obtenue en observant la vapeur d'eau dans l'atmosphère martienne au moyen du spectromètre à infrarouge de l'instrument SPICAM sur une période de cinq années martiennes (soit environ 10 années terrestres).

Les conditions régnant sur la Planète rouge, soit de très basses températures et une pression atmosphérique très faible, ne permettent pas la conservation de l'eau sous forme liquide dans des réservoirs ouverts comme cela se passe sur Terre. Cependant, d'importantes réserves d'eau sont stockées dans l'épaisse couche de pergélisol entourant les calottes polaires martiennes. De la vapeur d'eau est relâchée dans l'atmosphère, mais à un niveau très faible en comparaison de notre planète. Si la totalité du volume d'eau contenu dans l'atmosphère martienne était répandue sous forme liquide à la surface de la planète, elle ne formerait qu'une couche ne dépassant pas l'épaisseur de 10 à 20 microns, tandis que sur la Terre une telle couche sera des milliers de fois plus importante.

Les données de l'expérience SPICAM ont permis aux scientifiques de créer une image du cycle annuel de la variation de la concentration de la vapeur d'eau dans l'atmosphère. La vapeur d'eau libérée dans la région nordique durant la saison estivale atteint 60 à 70 microns (en équivalent d'épaisseur au sol sous forme liquide), et d'environ 20 microns dans l'hémisphère sud pendant la même période. Une baisse significative, de 5 à 10 microns, a été observée durant les tempêtes de sable planétaires, probablement provoquée par l'élimination de la vapeur d'eau atmosphérique due à des processus d'adsorption et de la condensation sur les surfaces.

"Cette recherche, basée sur une des plus longues périodes de surveillance du climat martien, a apporté une contribution importante à la compréhension du cycle hydrologique de Mars - le plus important des mécanismes climatiques qui pourraient soutenir l'existence d'une activité biologique sur la planète", a déclaré le co-auteur de la recherche Alexander Rodin, chef adjoint de la spectroscopie infrarouge des atmosphères planétaires au Laboratoire MIPT et chercheur scientifique principal à l'Institut de recherche spatiale.
 
 

 
Ce graphique montre la répartition en latitude de l'humidité dans l'atmosphère de Mars au cours
d'une année selon les données recueillies par l'instrument SPICAM de Mars Express.
 

 

 
 
 

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