3 février 2015

 

Les cerveaux des croyants et des non-croyants fonctionnent différemment

 
Une équipe de chercheurs de l'Université d'Auburn (Alabama) affirment que des facteurs biologiques peuvent jouer un rôle clé dans le façonnement des croyances religieuses dans les sociétés humaines.

Selon le professeur Gopikrishna Deshpande, principal auteur de l'étude publiée dans Brain Connectivity, la croyance religieuse implique différentes régions spécifiques du cerveau, et la religiosité d'un individu, c'est-à-dire sa disposition à croire ou non en un être supérieur, dépend de la façon dont ces régions communiquent entre elles.

L'équipe conclut que le cerveau des sujets religieux et non religieux fonctionne différemment et que les différentes croyances religieuses peuvent avoir évolué au cours des millénaires comme d'autres traits humains tels la langue. "La croyance religieuse est un attribut humain unique observé dans différentes cultures autour du monde, même dans celles qui ont évolué indépendamment, comme les Mayas d'Amérique centrale et les Aborigènes en Australie", annonce Gopikrishna Deshpande, qui ajoute : "Cela a mené les scientifiques à penser qu'il doit y avoir une base biologique à l'évolution de la religion dans les sociétés humaines".

Avec la collaboration d'Instituts nationaux de la santé, les chercheurs de l'Université d'Auburn ont utilisé l'IRMf (imagerie par résonance magnétique fonctionnelle), permettant de visualiser les zones d'activité cérébrale lorsque celles-ci sont stimulées. Deux groupes de participants ont été formés, comprenant des sujets autoproclamés croyants et non croyants, qui ont dû répondre à diverses questions évoquant trois dimensions psychologiques de la croyance religieuse : le niveau d'implication du sujet dans ce domaine, sa connaissance dans la religion et sa perception des émotions.

Les chercheurs ont alors constaté que la croyance d'un individu en une religion dépend de trois dimensions cognitives :

-  La perception du niveau d'implication de Dieu dans la vie du sujet
-  La perception des émotions de Dieu par le sujet
-  La doctrine personnelle du sujet et sa connaissance de la religion

L'IRMf a démontré que ces trois données bien distinctes activent trois zones différentes du cerveau. Cependant, bien que le niveau d'activité cérébrale ne varie pas entre les individus religieux et non religieux, des différences notables dans la façon dont ces régions communiquent entre elles ont été mises en évidence.

Ainsi, les personnes qui croyaient profondément en la présence d'un être surnaturel dans leur quotidien avaient tendance à stimuler les voies de communication du cerveau associée à la régulation de la peur. Celles dont les croyances sont davantage basées sur une doctrine et une connaissance de l'écriture religieuse stimulaient plutôt les voies associées au traitement du langage. Enfin, les athées étaient généralement ceux avec la plus grande capacité à activer les voies associées à la partie "imagination" et à l'imagerie visuelle de leur cerveau, selon l'étude.

Deshpande estime que cette constatation suggère que les sujets dotés d'une meilleure capacité à imaginer et construire des images mentales sont moins susceptibles de se déclarer comme croyants. Il propose comme explication que ces personnes tentent d'imaginer visuellement un évènement surnaturel comme un test de son existence, puis en rejettent l'idée lorsqu'ils constatent que cette image ne correspond pas à un exemple enregistré dans leur mémoire.

Selon les chercheurs, le développement évolutif de cette capacité chez les humains peut avoir induit l'apparition du besoin religieux dans les sociétés humaines. Encore précise-t-il que ces résultats ne signifient pas que la croyance religieuse d'un individu soit totalement dépendante de facteurs biologiques, mais résulte plus vraisemblablement d'une combinaison de facteurs biologiques et sociaux, ces derniers pouvant également influencer le développement des voies cérébrales.

Jean Etienne

Sources principales :
Brain Networks Shaping Religious Belief
Evidence of biological basis for religion in human evolution

 

 
 

 

 
 
 

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