18 janvier 2015

 

L'échec réussi de Space-X en vidéo

 
Le 10 janvier dernier, une fusée Falcon-9 de la société Space-X décollait de Cap Canaveral, propulsant le vaisseau de ravitaillement Dragon SpX-5 vers la Station Spatiale Internationale. Si cette partie de la mission fut un succès complet avec un amarrage réussi au module Harmony trois heures plus tard, l'évènement le plus attendu pour les techniciens était bien la première tentative de récupération d'un étage de lanceur revenant se poser de façon entièrement autonome.

Le premier étage de Falcon-9 est équipé de 9 moteurs Merlin 1D fournissant une poussée totale de 5880 kN (600 tonnes), soit 650 kN (66,28 tonnes) de poussée unitaire dans le vide. Après 160 secondes de vol, ceux-ci sont stoppés à 80 kilomètres d'altitude et l'étage est éloigné au moyen de jets de gaz froid afin de ne pas être endommagé par le flux du moteur du second étage de la fusée. Il poursuit alors une trajectoire balistique l'emmenant à 140 kilomètres d'altitude puis, une demi-minute plus tard, trois de ses neuf moteurs sont remis brièvement en route afin d'inscrire l'ensemble sur une trajectoire de retour.

Lorsque l'engin pénètre à nouveau dans les couches denses de l'atmosphère, quatre stabilisateurs formés de panneaux ajourés se déploient au sommet de l'étage afin de le stabiliser en position verticale et améliorer la précision de la trajectoire en direction de la cible.

La base d'atterrissage

Cette cible consiste en une barge baptisée Marmac 300, nom de code ASDS (Autonomous Spaceport Drone Ship), comportant une zone d'atterrissage de 90 x 50 mètres. Il va sans dire que rejoindre une surface aussi exigüe constitue en soi un exploit, la précision attendue lors de récupérations en mer étant habituellement de l'ordre de 10 kilomètres. Celle-ci est positionnée par 31° nord et 78° ouest, soit à une distance de 320 kilomètres de Cap Canaveral, et à 150 kilomètres des côtes de Géorgie. Après sa mise en place, elle est ensuite évacuée par l'ensemble du personnel pour des raisons évidentes de sécurité.

Le processus de récupération

4 minutes et 30 secondes après la séparation, alors que l'étage chute à vitesse supersonique, les trois moteurs sont de nouveau allumés durant 21 secondes, puis le système de guidage automatique par GPS est activé tandis que le dispositif d'autodestruction est désamorcé. A ce moment, il ne reste qu'un peu moins de deux minutes avant la prise de contact avec le "sol".

Si la phase finale de la descente semble s'être parfaitement déroulée, un incident a ruiné la tentative de récupération. L'étage a correctement été freiné par réallumage des trois moteurs de façon à se poser à une vitesse n'excédant pas 6 mètres par seconde, et les béquilles d'atterrissage en douceur se sont bien déployées environ 10 secondes avant l'instant prévu pour le contact. Cependant, le système hydraulique alimentant le système de stabilisation s'est retrouvé à court de fluide durant la dernière phase de la descente, et l'étage, déséquilibré, a bien touché la plate-forme à l'endroit prévu, mais en formant un angle d'environ 28° par rapport à la verticale, ce qui a entraîné son basculement. Le réservoir de carburant s'est alors déchiré sous l'impact, mais son explosion, alors qu'il ne contenait plus qu'environ 350 kg de propergol, n'a entraîné que des dégâts limités à la barge. Elle a toutefois eu un effet bénéfique en propulsant l'étage en feu à la mer, évitant ainsi un incendie qui aurait pu être dévastateur.

Selon Elon Musk, directeur de Space-X, le succès tenait à environ 10% de fluide hydraulique en plus. Lors du prochain essai, la quantité prévue sera augmentée de 50%, ce qui représente une confortable marge de sécurité.

L'échec de la récupération étant indépendant de tout défaut de conception, une nouvelle tentative aura lieu lors du lancement, prévu actuellement pour le 1er février, du satellite DSCOVR (Deep Space Climate Observatory) pour le compte de la NOAA (National Oceanic & Atmospheric Administration). Après une phase d'expérimentation comportant plusieurs récupérations réussies sur une barge en pleine mer, Space-X utilisera un site d'atterrissage situé sur un ancien complexe de lancement de Cap Canaveral, avec pour objectif d'effectuer douze récupérations d'étage Falcon par an, puis de les reconditionner et les réutiliser, réduisant ainsi sensiblement le coût de l'accès à l'Espace.

Jean Etienne

Voir la vidéo de l'atterrissage (crédit Space-X).

La Falcon-9 sur le site de Space-X.
 

 
 
L'étage Falcon-9 se présente navec une inclinaison de 29° par rapport à la verticale. Crédit Space-X.
 
 
 
 
Les trois moteurs se coupent, mais l'appareil commence à basculer. Crédit Space-X.
 
 
 
 
Rupture des béquilles côté gauche et chute de l'engin au sol, le réservoir se déchire et prend feu. Crédit Space-X.
 
 
 
 
Explosion du réservoir, l'étage est propulsé à l'extérieur de la barge (à gauche). Crédit Space-X.
 

 

 
 
 

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