23 janvier 2015

 

Les jumeaux de l'espace

 
Le 27 mars prochain, un vaisseau Soyouz devrait décoller de la base de Baïkonour (Kazakhstan) à destination de la Station Spatiale Internationale. A bord, le Russe Mikhail Kornienko, 54 ans, et l'Américain Scott Kelly, 50 ans.

Cet équipage constitue l'un des plus expérimentés jamais envoyés vers l'ISS, puisque chacun est déjà resté à bord de la station six mois d'affilée. Mikhail Kornienko a été membre d'Expédition 23 et 24, du 2 avril au 25 septembre 2010, tandis que son collègue américain Scott Kelly, après avoir été pilote de navette durant la mission STS-103 puis commandant de la mission STS-118, a participé à Expédition 26 et 27 du 7 octobre 2010 au 16 mars 2011, dont il est devenu commandant de bord à partir du 24 novembre 2010.

Ici, l'enjeu sera très différent puisqu'il ne s'agit pas moins de simuler un vol vers Mars. Pour cela, les deux astronautes devront rester un an à bord de la station dans le cadre d'une étude sur les effets physiologiques et psychologiques d'un long séjour dans l'espace en vue de préparer de futures missions lointaines. Ils ne reviendront ainsi sur Terre qu'en mars 2016. Il s'agira de la plus longue période ininterrompue passée dans l'ISS depuis le premier visiteur en 2000.

Le détenteur actuel du record du plus long séjour en orbite est détenu par le Russe Valeri Poliakov, avec plus de 14 mois consécutifs à bord de la station spatiale Mir en 1994 et 1995.

Scott Kelly s'est déclaré préoccupé de l'effet d'une exposition de longue durée aux radiations, ainsi qu'à la répercussion sur un organisme humain de la microgravité dont on sait qu'elle réduit la densité osseuse, atrophie les muscles et affecte aussi la vision. "J'espère que ce ne sera pas trop dur et que nous pourrons continuer à vivre et à travailler dans l'espace pendant des périodes plus longues", a-t-il déclaré. "Mais nous ne le saurons pas avant la fin de cette expérience".

Scott Kelly et Mark Kelly, astronautes et... frères jumeaux

Mais l'expérience ne s'arrête pas là. Scott Kelly a en effet un frère jumeau, Mark Kelly, lui aussi astronaute, qui a participé à quatre missions de la navette spatiale (STS-108, STS-121, STS-124 et STS-134), cumulant 38 jours dans l'espace. Alors que l'un se trouvera à bord de l'ISS, l'autre au sol, les deux astronautes subiront les mêmes examens afin que l'équipe médicale puisse comparer les paramètres cliniques entre les deux hommes. Des tests génomiques sont aussi en cours pour déterminer comment un vol prolongé dans l'espace affecte l'organisme, a dit jeudi Julie Robinson, une des responsables scientifiques du programme.

Celle-ci a déclaré avoir pris en compte toutes les données recueillies à l'occasion des vols de longue durée à bord de la station russe Mir afin d'élaborer un programme visant à atténuer les effets de la microgravité. "Nous avons découvert avec l'ISS que des exercices physiques intensifs durant les séjours orbitaux étaient efficaces pour protéger les os des astronautes", a expliqué la scientifique.

Comme lors de ses précédents séjours dans l'ISS, Mark Kelly va passer une partie de son temps à lire, à regarder des émissions de télévision et des matchs de basket et de hockey. Mais cette fois, il a l'intention de tenir un journal dans lequel il fera part de ses expériences et de ses impressions, a-t-il dit, soulignant que sa famille allait beaucoup lui manquer. Il est divorcé et a deux enfants. De son côté, Mikhail Kornienko a expliqué que "l'eau qui coule et dans laquelle on peut nager, et non pas sous forme de bulles flottant dans l'espace, est l'une des choses qui vont plus lui manquer dans l'ISS".

Mais selon le cosmonaute russe Gennady Padalka, qui sera le commandant de l'ISS durant les six premiers mois du séjour de Scott Kelly et Mikhail Kornienko, le plus dur ne sera pas l'épreuve physique mais l'épreuve psychologique.
 
 

 
Scott Kelly (à gauche) et Mark Kelly (à droite). Si vous leur trouvez un air de ressemblance, eh bien... C'est normal !
Crédit Nasa.
 
 
 

 
Le Russe Mikhail Kornienko passera, lui aussi, un an à bord de l'ISS.
Crédit Nasa.
 

 

 
 
 

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