3 juillet 2015

 

La délicate opération de rendez-vous de New Horizons avec Pluton

 
Le 14 juillet prochain, la sonde américaine New Horizons croisera la planète Pluton au terme d'un voyage de 5 milliards de kilomètres parcourus en 9 années. Nous disons bien "planète", car celle-ci n'a été déchue de son titre et réduite au rang de "planète naine" que 7 mois après le lancement de la sonde depuis Cap Canaveral…

New Horizons, dont les dimensions approchant celles d'un honnête piano à queue pour une masse de 478 kg, approche à grands pas de sa destination prioritaire, Pluton, avec pour mission de l'examiner au plus près. Mission d'autant plus importante que cette planète est à peine observable depuis la Terre, et que sa distance ne permettra plus de l'examiner in situ avant de nombreuses années.

Cependant, un obstacle sérieux reste à surmonter. Une bonne observation de Pluton est tributaire de l'orientation des instruments de la sonde, et ce tout au long de son passage à grande vitesse à proximité, une mise en orbite étant inenvisageable pour des raisons énergétiques. Or pour cela, il est impératif de connaître avec exactitude la distance à laquelle New Horizons croisera la planète, faute de quoi ses instruments risquent tout simplement de pointer dans le vide…

C'est une mission délicate que mène à distance l'ingénieur québécois Frédéric Pelletier et son équipe, chargés de positionner la sonde américaine New Horizons, qui approche à grands pas de sa destination finale, Pluton. L'ingénieur, établi à Québec et qui travaille pour Kinet X, un sous-traitant de la NASA, a la tâche de s'assurer que la sonde se dirige le plus près possible du centre de Pluton d'où elle pourra tirer des données précieuses pour les scientifiques.

"Toute l'équipe scientifique se fie sur nous pour être à la bonne place parce que plus on approche, plus Pluton grossit et plus ça devient important d'avoir la bonne position relative parce que sinon à un moment, donné la caméra ne sera pas pointée sur la cible", mentionne M. Pelletier.

Pour ce faire, l'ingénieur analyse constamment sur son ordinateur, à la maison, les données qui lui parviennent, images et signaux radio, pour vérifier la position de la sonde et corriger la trajectoire afin de s'assurer qu'elle atteindra la cible qui se précise. "Au départ, Pluton, notre cible, est incertaine. On ne sait pas exactement où elle est. On a une incertitude d'à peu près 1000 km sur la position de Pluton et les scientifiques nous demandent de réduire cette incertitude à 100 km ou 150 km", explique Frédéric Pelletier.

L'opération est d'autant plus délicate qu'elle demande d'analyser rapidement de nombreuses données venant de la sonde, une opération rendue particulièrement délicate eu égard à la durée de transmission des émetteurs entre Pluton et la Terre, soit 4 heures et 30 minutes à la vitesse des ondes radio, et autant pour les instructions qui lui sont envoyées. On ne peut pas parler d'un dialogue…

L'ingénieur estime que la sonde est en bonne voie d'atteindre sa cible. Frédéric Pelletier quittera Québec dans les prochains jours afin de participer aux dernières manœuvres d'approche depuis le centre de contrôle avec son équipe au Maryland.

Jean Etienne
 

 

 
Images transmises depuis New Horizons les 25 et 27 juin derniers de Pluton et son principal satellite Charon, depuis une distance d'environ 15 millions de kilomètres. Crédit : Nasa.
 

 

 
 
 

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