3 août 2015

 

Une voie prometteuse pour la production d'hydrogène à bon marché

 
Produire de l'hydrogène à bas coût pourrait représenter la pierre philosophale des sources d'énergie peu polluantes de demain. Un pas dans ce sens vient d'être accompli par les chercheurs de l'EPFL (Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne).

Si la combustion de l'hydrogène reste un des moyens de production d'énergie les plus efficaces et les moins polluants (elle n'entraîne que l'émission d'oxyde d'hydrogène, autrement dit d'eau), la fabrication de ce gaz s'avère particulièrement coûteuse, faisant obstacle à sa commercialisation sur une grande échelle. Car la production d'hydrogène, qui consiste à "casser" par électrolyse des molécules d'eau en hydrogène et en oxygène à l'aide d'un courant électrique, demeure problématique. En cause essentiellement, la coûteuse membrane disposée entre les électrodes dans les systèmes traditionnels.

Une équipe de scientifiques de l'EPFL, dirigée par Demetri Psaltis, a présenté un nouveau système simplifié de production d'hydrogène par électrolyse en se passant de cette membrane.

Dans un système traditionnel, deux électrodes sont plongées dans l'eau. Un courant électrique est envoyé dans l'une (la cathode), puis est récupérée par l'autre (l'anode). Le courant, aidé par un catalyseur, provoque la séparation des molécules d'eau en oxygène et en hydrogène. Le mélange de ces deux gaz étant hautement explosif, il est nécessaire de les séparer immédiatement, et pour cela, une fine membrane de polymère est intercalée entre les deux électrodes afin de les maintenir séparés.

Dans le domaine académique et industriel, ces membranes à conductivité ionique sont pour la majorité fabriquées en Nafion, en raison de leur stabilité. Elles coûtent cher, leur durée de vie est limitée, et elles ne peuvent fonctionner que dans des solutions très acides, ce qui limite le choix des catalyseurs.

Eliminée, la membrane !

Pour s'en débarrasser, les scientifiques ont placé les électrodes à moins d'une centaine de micromètres l'une de l'autre, dans un dispositif microfluidique. Lors du passage du liquide à une certaine vitesse entre les électrodes, les gaz sont entraînés dans des directions opposées grâce à un effet de portance (effet Segré-Silberberg), sans qu'il y ait besoin de membrane pour les diriger.

Ce design ouvre la voie à la fabrication de dispositifs pouvant fonctionner avec tous types de liquides électrolytes et tous types de catalyseurs. Jusqu'ici, seuls les catalyseurs faits de métaux nobles tels que le platine pouvaient résister au pH imposé par la membrane. Sans membrane, il n'est plus nécessaire de maintenir un taux d'acidité très élevé dans la solution, ce qui permettrait d'utiliser des catalyseurs variés et moins onéreux. "Notre dispositif peut en outre potentiellement surpasser les performances des systèmes traditionnels impliquant une membrane", explique Mohammad Hashemi, premier auteur de la publication. "Les électrolytes liquides ont en effet une conduction ionique plus élevée que les membranes traditionnelles"

Le défi consiste à présent à passer d'un dispositif microfluidique à des systèmes utilisable à l'échelle standard. Comme la seule partie qui doit rester petite est la distance entre les électrodes, les chercheurs étudient notamment la possiblité d'utiliser de larges surfaces d'électrodes, qui font figure de "mur" entre les minuscules canaux remplis d'électrolyte.

Source :

A membrane-less electrolyzer for hydrogen production across the pH scale (Energy and Environmental Science - juillet 2015 - S. Mohammad H. Hashemi, Miguel A. Modestino, Demetri Psaltis).

 

 

 

 

 
 
 

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