6 août 2015

 

L'origine extraterrestre de la vitamine B3

 
Une série d'expériences conduites par une équipe de scientifiques de la Nasa et impliquant la vitamine B3 confirment la théorie selon laquelle l'apparition de la vie sur Terre aurait été assistée par un approvisionnement en "molécules importantes biologiquement produites dans l'espace et apportées sur Terre par des impacts de comètes et de météorites".

La vitamine B3 (C6H5NO2), que l'on retrouve essentiellement dans la volaille, le foie de veau et les céréales, est une vitamine hydrosoluble qui correspond à deux molécules : la niacine (acide nicotinique) et son amide, la nicotinamide, parfois appelée niacinamide. Elle est aussi appelée vitamine PP pour pellagra preventive car une carence en cette vitamine est responsable de la pellagre.

 
Structure chimique de l'acide nicotinique
Ces travaux, dirigés par Karen Smith du Goddard Space Flight Center de la NASA, à Greenbelt, dans le Maryland, sont la suite logique d'une recherche antérieure de la même équipe, qui avait mis en évidence la présence de vitamine B3 dans des météorites carbonées, et cela à un taux évoluant entre 30 à 60 parties par milliard. Ils démontrent que cette vitamine indispensable au métabolisme, que l'on retrouve aussi dans le poisson, les arachides ou les graines de tournesol, peut très bien être synthétisée dans l'environnement spatial à partir d'une molécule organique naturelle nommée pyridine à l'intérieur d'une couche de dioxyde de carbone sous forme de glace.

Mais les chercheurs ont poussé encore plus loin les expériences en ajoutant de la glace d'eau selon un taux similaire à celui observé dans la composition des comètes et des glaces interstellaires analysées par spectrométrie. La Nasa affirme que même avec l'ajout de cette eau, la vitamine B3 pouvait être produite dans divers scénarios où l'abondance en glace d'eau variait dans un rapport de l'ordre de un à dix fois.

Pour tester cette théorie, les chercheurs ont refroidi une plaque d'aluminium à -253°C dans le vide pour reproduire l'environnement spatial. L'équipe a ensuite observé la façon dont les gaz contenant de l'eau, du dioxyde de carbone et de la pyridine se déposaient sur la plaque tout en se transformant en glace. Celle-ci a ensuite été bombardée avec des protons imitant l'environnement spatial tout en provoquant certaines réactions chimiques.

Lorsqu'ils ont examiné le dépôt ainsi formé, ils y ont découvert une large gamme de molécules complexes, y compris la vitamine B3. Ce résultat est très positif, même s'il ne démontre pas que la totalité de la vitamine B3 provient de l'espace.

"Ce résultat suggère que des composés organiques importants peuvent provenir des poussières de l'espace. Ce type de chimie peut aussi être pertinent pour les comètes, qui contiennent de grandes quantités de glace d'eau et de dioxyde de carbone. Ces expériences montrent que la vitamine B3 et d'autres composés organiques complexes pourraient être fabriqués dans l'espace et il est plausible que les impacts de météorites et de comètes aient ajouté une composante extraterrestre à l'approvisionnement en vitamine B3 sur la Terre antique", annonce Karen Smith, auteur de l'étude.

Selon le site iflscience, ces résultats confirment l'implication des molécules d'origine extraterrestre dans les origines de la vie sur Terre, car de nombreux mécanismes indispensables au métabolisme s'appuient sur la vitamine B3, et cite : "Il serait possible que la vitamine B3 de l'espace aurait contribué à accélérer la formation de la vie sur Terre, ce qui pourrait avoir des implications sur la manière dont la vie s'est formée sur les autres planètes".

Karen Smith et son équipe analysent actuellement les données transmises par la sonde Rosetta de l'Agence Spatiale Européenne (ESA) en orbite autour du noyau de la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko, qui pourraient confirmer leur théorie. "Les observations de la mission Rosetta pourraient encore renforcer cette idée si la sonde repère quelques-unes de ces molécules organiques complexes dans le gaz libéré par la comète ou dans son noyau", annonce le chercheur.

Jean Etienne

Sources principales :

Metabolic precursors in astrophysical ice analogs: implications for meteorites and comets (Chemicals Communications).

Vitamin B3 May Have Originated From Space (Iflscience)

 

 

 
Dépôt sur le disque d'aluminium à l'issue d'une des expériences sous vide. Crédit : Nasa.
 

 

 
 
 

Retour

Commentez cet article dans le forum