3 avril 2015

 

À quoi l'être humain ressemblera-t-il dans 40.000 ans ?

 
Qui n'a pas souhaité posséder une troisième main pour accomplir une tâche ardue ? Ou encore avoir un pouce de plus pour texter plus rapidement ? Chose certaine, si l'évolution devait entraîner semblables changements anatomiques, cela prendrait du temps... Beaucoup de temps !

Par exemple, il y a 3,8 millions d'années, notre ancêtre australopithèque ressemblait plus à un singe qu'à un être humain, mais il affichait le signe d'une transformation morphologique importante : ses gros orteils n'étaient plus opposables aux autres orteils, contrairement aux primates qui avaient toujours besoin de cette particularité pour mieux s'agripper aux branches des arbres.

"Il a fallu au moins 200 000 ans pour que le gros orteil de l'australopithèque s'aligne sur les autres orteils afin de faciliter la locomotion bipède", précise Michelle Drapeau, professeure au Département d'anthropologie de l'Université de Montréal. Et, étonnamment, les 200 millénaires qui ont été nécessaires pour en arriver à ce changement représentent une période relativement... courte !

"Dans l'évolution, il faut de nombreux microchangements pour parvenir à un macrochangement, ajoute Mme Drapeau. Et ces microchangements résultent nécessairement d'une pression sélective, c'est-à-dire d'un avantage pour le succès reproducteur de l'espèce".

Concept central de la théorie de l'évolution de Charles Darwin, la valeur sélective d'un individu repose sur le nombre de ses descendants qui atteindront la maturité sexuelle et qui se reproduiront à leur tour. Ainsi, l'alignement progressif de notre gros orteil sur les autres doigts de pied découlerait de l'avantage reproductif que nous procurait la bipédie – possiblement parce que marcher sur deux jambes permettait de franchir de plus grandes distances et de transporter plus de nourriture aux petits, qui pouvaient ainsi mieux survivre.

Évolution et adaptation culturelle

Homo sapiens, c'est-à-dire l'homme moderne tel qu'on le connaît aujourd'hui, est «apparu» il y a environ 200.000 ans. Depuis, il n'a connu aucune modification anatomique notable. Pourquoi ? Parce que, contrairement aux autres espèces animales, l'évolution de l'homme ne s'est pas faite que par la seule sélection naturelle. Son cerveau ingénieux lui a permis de concevoir des adaptations culturelles très complexes. Ainsi, en domestiquant les animaux il y a 10.000 ans, certains peuples sont devenus tolérants au lactose.

De même, le changement de couleur de peau est le reflet d'une adaptation génétique attribuable à un changement environnemental. "Issus d'Afrique, nos ancêtres avaient probablement la peau foncée, mais, en raison de la migration vers les latitudes nordiques, la synthèse de la lumière en vitamine D est devenue plus difficile, explique la paléoanthropologue. En quelques millénaires, leur peau a pâli pour mieux absorber les rayons ultraviolets nécessaires à la production de la vitamine D".

Par ailleurs, la capacité d'Homo sapiens à adapter l'environnement à son mode de vie a grandement réduit le besoin d'évoluer morphologiquement. "L'être humain moderne devrait avoir l'allure qu'il a maintenant pour encore longtemps, conclut Michelle Drapeau. À moins d'un bouleversement environnemental majeur, notre corps ne risque pas d'avoir beaucoup changé d'ici 40.000 ans", du moins d'un point de vue de la théorie de l'évolution.

Mais qui sait si, d'ici là, l'homme n'aura pas trouvé le moyen de modifier génétiquement son apparence ?

Source : Martin LaSalle, Université de Montreal.

 

 

 
Le dessin original tiré des carnets de Charles Darwin montrant sa réflexion concernant les
différentes lignées d'espèces dont certaines s'éteignent et d'autres mutent.
 
 
 
 
A Space News, nous faisons aussi quelquefois de l'humour...  :-)
 

 

 
 
 

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