19 mai 2015

 

La Belgique à la recherche de traces de vie sur Mars

 
Y a-t-il une vie sur Mars ? La question continue de fasciner. Que cette vie soit ou ait été car cela pourrait signifier qu'elle soit à nouveau possible.

En janvier 2016, une sonde partira vers Mars pour tenter de répondre à cette interrogation. ExoMars Trace Gas Orbiter (autrefois désigné sous l'appellation 2016 Mars Science Orbiter, ou MSO), c'est son nom, va analyser l'atmosphère de la planète rouge. Pour ce faire, elle embarquera à son bord divers instruments de mesure. L'un d'entre eux est l'instrument Nomad réalisé par un consortium international - dirigé par la Belgique - et par plusieurs entreprises belges. Nomad aura pour mission de rechercher des traces de vie dans l'atmosphère martienne. "En mars", l'appareil était encore à l'Université de Liège avant d'être envoyé à l'Agence spatiale européenne où il sera monté sur le satellite qui doit l'emmener.

Nomad est un spectromètre. "L'idée est d'utiliser les infrarouges et les ultraviolets pour couvrir la gamme la plus large possible de constituants. Nous allons rechercher l'ozone, le méthane, l'eau ou encore le dioxyde et le monoxyde de carbone", explique Ann Carine Vandaele, investigatrice principale de Nomad au sein de l'Institut d'aéronomie spatiale de Belgique (IASB) et coordinatrice du consortium. Le principe c'est que "chaque constituant absorbe la lumière de manière différente et caractéristique. Par ailleurs, la quantité de lumière absorbée renseigne sur la quantité du constituant", poursuit-elle. Mais ce n'est pas tout. En plus du type de constituants et de leur quantité, Nomad cherchera à déterminer leur localisation. "Nous allons essayer de faire une carte du méthane. Cela permet d'associer sa présence à un sous-sol particulier par exemple", souligne Ann Carine Vandaele. Et cela fournit des informations quant à l'histoire et à l'origine du méthane.

Pour assurer toutes ces mesures, l'instrument est composé de trois canaux. Le premier s'appelle SO pour Solar Occultation. "Il va enregistrer la lumière du Soleil directement après son passage à travers l'atmosphère de la planète, et ce au lever et au coucher du Soleil", indique le Centre spatial de Liège (CSL). Le second (LNO) va effectuer des mesures au nadir, "c'est-à-dire en mesurant la lumière du Soleil réfléchie par la surface de la planète", note encore le CSL. "Des mesures de l'atmosphère martienne en nadir ont déjà été réalisées dans l'ultraviolet et l'infrarouge. Par contre, les mesures en occultation solaire sont inexistantes. C'est la première fois que sera analysée l'évolution des constituants en fonction de l'altitude", note la chercheuse.

Un projet européen et russe

Le projet ExoMars a été lancé conjointement par l'Agence spatiale européenne et la Nasa. Mais cette dernière a été remplacée, en 2013, par l'agence spatiale russe Roscosmos.

ExoMars TGO doit être lancé début janvier 2016 par une fusée Proton, atteingnant Mars après environ 9 mois de navigation à travers le Système solaire, soit vers octobre 2016. Trois à cinq jours avant les manœuvres d'insertion en orbite autour de Mars, la sonde libérera un atterrisseur qui effectuera une rentrée directe dans l'atmosphère martienne dans le prolongement de sa trajectoire hyperbolique.

Les manœuvres d'insertion en orbite qui suivront sont conçues pour permettre de maintenir la liaison UHF avec l'atterrisseur. La sonde s'insérera dans un premier temps sur une orbite elliptique autour de Mars d'une période de 4 sols et s'y maintiendra durant 8 sols après l'atterrissage afin que l'orbiteur puisse effectuer un passage supplémentaire au-dessus du lieu d'atterrissage.

Par la suite ExoMars TGO entamera une série de manœuvres à l'aide de sa propulsion pour réduire son apogée et faire passer son inclinaison à 74° et sa période à 1 sol. Les réductions consécutives de son apogée sont effectuées en utilisation la technique de l'aérofreinage c'est-à-dire en manœuvrant de manière à faire passer l'orbiteur dans les couches externes de l'atmosphère martienne. Cette deuxième phase doit durer de 6 à 9 mois et amènera la sonde sur une orbite circulaire comprise entre 350 et 420 km, optimale pour la mission.

La récolte des données scientifiques devrait débuter vers mai 2017 , une date toutefois soumise à l'efficacité de l'aérofreinage. La durée nominale de la mission scientifique est d'une année martienne (deux années terrestres). À l'issue de cette phase, soit début janvier 2019, les deux rovers de la mission ExoMars 2018 devraient atteindre la surface. A partir de cette date, la mission prioritaire de l'orbiteur sera de jouer le rôle de relais de télécommunications entre ces rovers et la Terre.

Le projet ExoMars préparera la voie à une autre mission qui aura pour but de ramener des échantillons martiens sur Terre, un évènement prévu pour l'horizon 2020.
 

 

 
Exomars dans les locaux de Thales Alenia Space. A gauche, l'atterrisseur. Crédit Esa.
 

 

 
 
 

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