2 mars 2015

 

Les planètes extrasolaires seraient bien plus hospitalières que prévu

 
Une étude produite par les astrophysiciens de l'Université de Toronto suggère que les planètes situées en dehors de notre Système solaire sont beaucoup plus susceptibles d'abriter de l'eau liquide que prévu, et donc d'offrir de meilleures conditions d'adaptation à la vie.

Jusqu'à présent, les scientifiques pensaient que la très grande majorité des exoplanètes tournent en synchronisation avec leur étoile, de sorte qu'un de leurs hémisphères se trouve toujours éclairé tandis que l'autre est plongé dans une nuit permanente. Cela est illustré de façon évidente par notre Lune, la force gravitationnelle exercée par la Terre ayant suffi à synchroniser le satellite pour qu'il nous présente toujours la même face.

La plupart des planètes de masse s'approchant de celle de la Terre, potentiellement rocheuses et situées dans la "zone d'habitabilité", c'est-à-dire présentant une température moyenne de surface compatible avec la présence d'eau liquide, ont été découvertes très près de leur étoile. Pour cette raison, les astrophysiciens pensaient qu'elles aussi, devaient se trouver en synchronisation avec leur propre soleil.

Pour une hypothétique forme de vie susceptible de s'épanouir sur une exoplanète, cette situation serait catastrophique. Les gaz ayant tendance à se diriger vers le froid, l'hémisphère nocturne devrait ainsi condenser tout le réservoir d'eau, pris au piège sous la forme d'une épaisse croûte de glaces éternelles. Quant à l'hémisphère diurne, même s'il parvenait à conserver une toute petite atmosphère, sa température serait sans doute beaucoup trop élevée pour autoriser la présence d'eau liquide.

Cette théorie vient d'être balayée par Jérémy Leconte, un astrophysicien français effectuant un stage postdoctorant à l'ICAT (Institut canadien d'astrophysique théorique), auteur principal d'une étude publiée dans Science Express. Cette nouvelle modélisation suggère en effet que les planètes comportant une atmosphère ou de l'eau liquide en surface devraient obligatoirement, au contraire, présenter un cycle jour-nuit semblable à celui de la Terre.

Jeremy Leconte et son équipe sont arrivés à cette conclusion via un modèle climatique en trois dimensions reproduisant l'effet d'une atmosphère d'une planète sur sa vitesse de rotation. "L'atmosphère est un facteur clé affectant la rotation d'une planète, dont l'impact peut être assez important pour surmonter la tendance à se synchroniser par gradient de gravité et mettre la planète dans un cycle jour-nuit", annonce l'astrophysicien. "Si nous avons raison, il n'existe pas d'hémisphère éternellement froid pouvant piéger toute l'eau dans une gigantesque réserve de glace. Cette nouvelle compréhension du climat des exoplanètes augmente considérablement leurs capacités de permettre le développement de la vie", ajoute le chercheur.

L'atmosphère induit la rotation des planètes

Bien que les astronomes soient toujours en attente de données d'observation, les arguments théoriques suggèrent ainsi que de nombreuses exoplanètes devraient être en mesure de maintenir une atmosphère aussi massive que la Terre. Dans le cas de la Terre, dont l'atmosphère est relativement mince, une part importante de lumière du soleil atteint la surface, en maximisant l'effet de la chaleur dans l'atmosphère et produisant un climat modéré à travers la planète. En créant des différences de température à la surface, entre le jour et la nuit ainsi qu'entre l'équateur et les pôles, le chauffage solaire entraîne des vents qui redistribuent en continu la masse de l'atmosphère.

L'impact de ces mouvements est si important qu'il surmonte l'effet du frottement de marée exercé par une étoile sur n'importe quel satellite en orbite autour d'elle, contrairement à l'influence exercée par la Terre sur la Lune, dépourvue de toute atmosphère.

Les chercheurs concluent qu'un grand nombre d'exoplanètes de type terrestre découvertes jusqu'à présent ne doivent pas se trouver dans une situation de rotation synchrone, mais au contraire présenter un cycle de jours et de nuits les rendant beaucoup plus propices à la conservation d'eau liquide en surface avec une uniformisation de la température permettant l'apparition et le développement de formes de vie.

Jean Etienne

Sources :

Asynchronous rotation of Earth-mass planets in the habitable zone of lower-mass stars (Science)

How long is a day on an exoplanet when the atmosphere forces an entire planet to spin faster (Institut Canadien d'Astrophysique Théorique - ICAT)

 

 

 
Représentation donnant un exemple des écarts de température à la surface d’une planète
en situation synchrone (en haut) et asynchrone (en bas). Crédit ICAT.
 

 

 
 
 

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