5 avril 2015

 

La méditation zen modifie le cortex cérébral

 

Une équipe de chercheurs de l'Université de Montréal a démontré une relation certaine entre la pratique de la méditation zen et l'épaisseur du cortex cérébral, ayant pour effet une réduction sensible de la sensibilité à la douleur.

Pour cette expérience, le doctorant en physiologie Joshua Grant et son équipe, sous la direction de Pierre Rainville de l'Université de Montréal et de l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal, ont choisi deux groupes distincts de volontaires, l'un composé de 17 adeptes réguliers de la méditation zen (avec une moyenne de 6400 heures cumulées à leur actif), l'autre de 18 témoins non adeptes. Tous avaient en commun de ne jamais avoir pratiqué le yoga, ni souffert de douleurs chroniques ou de troubles neurologiques ou psychologiques.

La résistance à une douleur d'origine thermique a ainsi été étalonnée pour chacun des 35 sujets par application de plaques chauffantes au niveau des mollets, en augmentant la température jusqu'à ce que le seuil de tolérance soit atteint ou à un maximum de 53 ºC, la limite avant la brûlure. Les non-adeptes toléraient en moyenne une température maximale de 48 ºC, alors que les adeptes de la méditation atteignaient en moyenne 50 ºC, certains supportant sans problème les 53 ºC. La seconde étape de l'expérience consistait à prendre des clichés d'imagerie par résonance magnétique structurelle de leur cerveau.

Les images ont révélé un net épaississement du cortex cingulaire antérieur chez les adeptes de la méditation, une région centrale du cerveau associée à la perception de la douleur. Plus les sujets testés avaient pratiqué longtemps la méditation, plus ces zones se montraient épaisses et meilleure était leur résistance à la douleur. Cette constatation confirme une précédente étude, qui avait déjà mis en évidence un accroissement de la résistance à la douleur chez les adeptes de la méditation zen, sans toutefois l'expliquer.

"Les postures souvent douloureuses associées à la méditation Zen pourraient contribuer à l'épaississement du cortex et à une meilleure tolérance de la douleur", annonce Joshua Grant dans un article paru dans Emotion, la revue de l'American Psychological Association. Cependant, cette explication semble ne pas suffire, car certaines autres zones du cerveau, comme celle associée à la sensation des mains, sont aussi plus épaisses chez ceux qui méditent. Or, on sait qu'un certain type de méditation demande aux adeptes de se concentrer sur la perception de leurs mains. "C'est une hypothèse, on recherche des explications encore plus solides. Mais le fait de se concentrer longtemps, à répétition, changerait la structure du cerveau", ajoute Joshua Grant qui souligne que la pratique de la méditation pourrait être utile d'une manière générale dans la prise en charge de la douleur.

Contrer le vieillissement

La méditation pourrait aussi contrer certains effets du vieillissement en augmentant le nombre de connexions entre les neurones composant un cortex cérébral au volume accru. Habituellement, ces connexions diminuent avec l'âge, entraînant une réduction notoire de la matière grise. "C'est ce qui provoque des maladies dégénératives chez certaines personnes, comme la démence. La méditation pourrait aider à préserver les capacités cognitives plus longtemps. Certains maîtres de la méditation zen ont plus de 100 ans et sont toujours très alertes. Ce n'est probablement pas une coïncidence", ajoute Joshua Grant. De même, cette découverte ouvre de nouvelles perspectives dans le traitement d'affections liées à une altération de la matière grise telles les accidents vasculaires cérébraux.

Jean Etienne

 

 

 

 

 
 
 

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