9 mars 2015

 

La vie a pu apparaître dans les mers de méthane de Titan, selon des chercheurs américains

 
Les chimistes et les ingénieurs de l'université Cornell (New York) ont en effet prouvé que les mers de méthane de Titan pouvaient abriter des cellules vivantes capables de métaboliser, se déplacer et se reproduire de la même façon que les bactéries terrestres, cela en l'absence d'oxygène et à très basse température.

Jusqu'à présent, les astronomes estimaient que la vie ne pouvait apparaître qu'à la surface de planètes situées à une distance de leur étoile autorisant la présence d'eau liquide. Mais si l'on considère qu'une forme de vie peut se baser sur le méthane, et non sur l'eau, les frontières de cette zone habitable s'étendent considérablement.

Les toutes premières étapes de l'apparition de la vie sur notre planète s'articulaient autour des phospholipides. Ces molécules sont composées d'une "tête", hydrophile et dite polaire, donnant naissance à une double queue hydrophobe. En s'assemblant de façon spontanée, celles-ci forment la membrane cellulaire.
 
 

 
En milieu aqueux, de telles molécules tendent à s'organiser de telle sorte que seule leur tête hydrophile soit en contact avec les molécules d'eau, ce qui aboutit typiquement à des structures en micelle, en liposome ou en bicouche lipidique.
 
Ces lipides assurent à la fois l'imperméabilité à l'eau et la plasticité des membranes qui entourent les cellules de l'environnement extérieur tout en protégeant leur contenu. Récemment, les scientifiques de l'Université de Cornell ont présenté un modèle de membrane cellulaire constituée de composés azotés, capable de fonctionner dans le méthane liquide à une température de -180°C.

Ce modèle, nommé azotosome, est composé de molécules d'azote, de carbone et d'hydrogène, tous éléments présents en abondance dans les mers d'hydrocarbures de Titan. Les chercheurs ont déterminé, par la méthode de dynamique moléculaire, que l'acrylonitrile figurait un composé idéal pour générer l'assemblage autonome de ces molécules en formant des structures membraneuses comparables aux phospholipides.

Les azotosomes ainsi formés se distinguent par leur résistance, ne se dissolvent pas dans le milieu et présentent la même flexibilité que les membranes phospholipides terrestres. Et enfin, ce composé organique toxique est également présent dans l'atmosphère de Titan.

Une prochaine étape consistera à étudier le comportement de liposomes bâtis selon ce modèle, soit des azotosomes, dans un environnement de méthane à basse température tel qu'il constitue les mers de Titan. Mais les scientifiques rêvent aussi de vérifier leur théorie en analysant les composés organiques au moyen d'une nouvelle sonde envoyée sur le satellite de Saturne.

Ce travail exécuté à l'Université Cornell est dirigé par la dr Paulette Clancy, du département de chimie biomoléculaire, Samuel W . et Diane M. Bodman professeur de chimie et de génie biomoléculaire, avec premier auteur James Stevenson, un étudiant diplômé en génie chimique, et l'astrophysicien Jonathan Lunine, co-auteur.

Jean Etienne

Sources :

Membrane alternatives in worlds without oxygen: Creation of an azotosome (Science Advances)
Life 'not as we know it' possible on Saturn's moon Titan (Université Cornell)

 

 

 
Modèle d'azotosome établi par les chercheurs de l'Université Cornell.
 

 

 
 
 

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