10 avril 2015

 

L'aigle royal japonais, c'est fini

 
L'aigle royal, un des oiseaux de proie les plus connus de l'hémisphère Nord, emblème par excellence des Etats-Unis d'Amérique, comprend une sous-espèce endémique au Japon, Aquila chrysaetos japonica. Et celle-ci est en danger grave d'extinction, si ce n'est déjà fait…

La Society for Research of Golden Eagle Japan a été fondée en 1981 afin de surveiller la population japonaise de cette espèce, aussi dénommée "aigle royal du Japon". A cette époque, plus de 500 couples de ce superbe oiseau avaient été répertoriés, un nombre apparaissant déjà extrêmement faible et appelant à une réflexion urgente afin de déterminer quelles seraient les meilleures conditions afin de favoriser la perpétuation de l'espèce. En effet, la population de ces aigles était déjà en chute libre, sur le point d'atteindre le point de non-retour évalué, selon les biologistes, à environ 20 couples.

"Le plus gros problème, c'est le faible taux de reproduction de l'aigle royal du Japon en raison du manque de proies destinées à alimenter les oisillons", annonce Toshiki Ozawa, à la tête de la société de recherches, cité par Kyoto News. Et il précise que la mauvaise gestion des forêts naturelles dans les régions où vivent les aigles a conduit à la prolifération d'une végétation luxuriante, mais tellement abondante que les oiseaux s'avèrent incapables de repérer les proies au sol, telles que les lièvres.
 
Tout ce qui reste, désormais, de l'Aigle Royal du Japon.
Bien entendu, les aigles royaux du Japon font aussi l'objet de reproduction en captivité, souvent le seul moyen de préserver certaines espèces. Malheureusement, cela ne marche pas toujours… Inexplicablement, comme si les lois de la Nature avaient la volonté de s'imposer sur les plans des Hommes, le taux de natalité s'effondre.

En effet, alors qu'environ 60% des œufs pondus par des couples en captivité produisaient des poussins viables, ce taux s'est brusquement effondré en 1991 à 28%, sans explication. En 2000 il se réduisait encore à 14%, et se stabilise aujourd'hui à environ 18%. Un taux largement insuffisant pour assurer la continuation d'une espèce qui ne produit, en moyenne, que de 1 à 3 œufs par an et par couple.

Dans la nature, le constat est encore plus terrible. En 1985, 340 couples avaient été répertoriés par la Society for Research of Golden Eagle Japan, ce qui constituait déjà une réduction alarmante de la population. Mais ce nombre se réduisait à 241 en 2013, situation alors considérée comme alarmante. Nous sommes en 2015. Un nouveau recensement a permis de découvrir… UN couple. Dans Kyushu, la plus grande île du Japon. Et aucun dans Shikoku, la plus petite des îles du sud de l'archipel, ou l'espèce semblait vouloir se réfugier. En vain…

De ce superbe oiseau, il ne reste que deux individus, et des larmes…

 

 

 
Golden eagle Aquila chrysaetos japonica (Severtzov, 1888). Il nous fait ses adieux.
 

 

 
 
 

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