15 avril 2015

 

United Launch Alliance présente son nouveau lanceur Vulcan

 
Le lanceur américain de satellites United Lauch Alliance (ULA) vient de présenter son nouveau projet de lanceur Vulcain, qui devrait entrer en service opérationnel en 2019.

United Launch Alliance (ULA) est une coentreprise constitué en Société à responsabilité limitée entre Boeing et la Lockheed Martin qui gère les lanceurs spatiaux Atlas V, Delta II et Delta IV. La nouvelle fusée vise non seulement à moderniser la flotte de lanceurs, mais aussi à réagir à l'opposition du Congrès américain de l'utilisation du moteur russe RD-180 sur l'Atlas sur fond de désaccords politiques.

Présenté comme le lanceur le plus économique du marché, Vulcan, si toutefois les délais de conception et de mise au point sont respectés, entrerait en service juste avant Ariane 6. Et ce n'est probablement pas un hasard.

"Aujourd'hui, le tarif pour un lancement avec un Delta-V est d'environ 400 millions de dollars. Grâce au système de lancement nouvelle génération, je table sur un tarif inférieur de moitié, au moins", annonce Tory Bruno, directeur général d'ULA, non sans insister sur le fait que non seulement Vulcan sera 100% américain, mais que la réutilisation des éléments les plus coûteux du lanceur est en ligne de mire.

Le premier étage de Vulcan sera équipé, soit de deux moteurs BE-4 de Blue Origin (la start-up du fondateur d'Amazon Jeff Bezos) fonctionnant au gaz naturel liquéfié de 500 tonnes de poussée, soit de deux moteurs Aerojet Rocketdyne AR-1 plus conventionnels, de 450 tonnes de poussée. Une décision devrait intervenir l'année prochaine, selon ULA. Mais il est déjà acquis que cet étage sera aidé par quatre ou six accélérateurs à poudre dont la conception reste à déterminer.
 
 

 
Aspect du nouveau lanceur Vulcan. Crédit ULA.
 
Le développement d'un nouvel étage supérieur interviendra plus tard afin de remplacer le vénérable Centaur utilisé sur plusieurs générations de lanceurs Atlas et Titan depuis 1965. "Nous développons notre nouvelle fusée par étapes successives", annonce Tory Bruno. Le développement de ce nouvel étage comprend aussi la conception d'une nouvelle coiffe, qui existera en deux configurations de 4 et 5 mètres. Dans un second temps, ce second étage sera équipé d'une propulsion cryogénique qui offrira une capacité d'emport comparable à celle du lanceur lourd Delta IV. Ce moteur, également développé conjointement avec Blue Origin, utilisera du gaz naturel liquéfié, un carburant peu coûteux, et sera réutilisable.

"Amener notre nouveau lanceur Vulcan jusqu'à la rampe de lancement prendra quatre années et nécessitera des investissements importants", annonce Tory Bruno. "Nous ignorons encore les montants précis, mais on peut estimer qu'historiquement, le développement d'un nouveau moteur coûte un milliard de dollars, et d'une nouvelle fusée deux milliards de dollars".

La grande mode : la réutilisation

La réutilisation du nouveau lanceur est aussi envisagée, mais sous une forme inédite. Alors qu'à l'aube de l'astronautique, la réutilisation des lanceurs visait avant tout une augmentation de la fréquence des missions (on lance, on récupère, on fait le plein et on repart), l'expérience de la navette spatiale a vite imposé ses limites en ce domaine, et les coûts de la mise en orbite ont été multipliés par 20 par rapport aux prévisions initiales. Aussi, ULA ne prévoit pas de récupérer les étages de lancement, mais seulement les parties les plus coûteuses, telles les moteurs.

"Plus l'élément à récupérer est pesant, et plus il est difficile et coûteux de le ramener intact au sol", déclare en substance Tory Bruno. "Mais il s'avère que les éléments les plus lourds ne sont pas nécessairement les plus précieux et les plus coûteux de la fusée. Notre nouveau concept de réutilisation prend en compte que cette réutilisabilité ne repose pas sur la récupération d'étages entiers, mais que ceux-ci comprennent certains éléments, comme les groupes propulseurs, qui ne sont pas si difficiles à faire revenir et surtout beaucoup plus faciles à réutiliser un grand nombre de fois. Peut-être est-ce là la bonne façon d'aborder ce concept de réutilisabilité", ajoute-t-il.

Toutefois, ULA n'envisage pas la récupération au cours des premiers vols, mais seulement lors de la prochaine décennie alors que toutes les nouvelles procédures auront été mises au point et rôdées. Dans ce concept, le groupe moteurs devrait se séparer du reste de la fusée après séparation et au terme d'une trajectoire balistique, effectuer sa rentrée atmosphérique sous la protection d'un bouclier gonflable et enfin revenir suspendu à un parachute avant d'être "capturé" en plein vol par un hélicoptère spécialement équipé. Tout un programme…
 
 

 
Diagramme de la récupération des moteurs de Vulcan. Crédit ULA.
 
Selon Tory Bruno, le cap de la rentabilité se situe à sept vols pour un élément tel que les moteurs, mais devra être porté à 14 ou 16 vols pour obtenir un rendement économique décent. La perte de performance de l'étage de fusée étant de 30% minimum dans le cas d'une construction compliquée et alourdie par la visée d'une récupération complète, le coût de rénovation relativement minime du seul moteur permet d'envisager sereinement une telle procédure enfin arrivée à maturation.

ULA envisage dès à présent un taux de 10 à 20 vols Vulcan par an, ce qui est tout-à-fait envisageable si le nouveau lanceur arrive à remplacer Atlas et Delta, en offrant le coût de la version d'entrée de gamme à 100 millions de dollars. A titre de comparaison, un lancement Atlas 5 revient aujourd'hui à 164 millions de dollars.

"Avec une gamme s'étalant depuis le modèle de base jusqu'au lanceur à hautes performances, Vulcan sera en mesure de lancer la gamme complète des charges utiles de la sécurité nationale, tout comme les fusées EELV l'ont fait jusqu'à présent. Ils ont placé en orbite de petits satellites météorologiques de 1200 kg de la Force Aérienne jusqu'à des observatoires massifs classés reconnaissance nationale, ainsi qu'une multitude de satellites civils de tous ordres", ajoute Tory Bruno.

Reste que nous sommes (déjà) en 2015… Une mise en service de ce nouveau lanceur en 2019, alors que la motorisation du premier étage et même la conception du second étage n'ont pas encore été déterminées, est-elle envisageable ? Une chose est certaine : les fusées Atlas et Delta actuelles, dont les premiers traits sur la planche à dessin remontent à près de deux générations, devront un jour être remplacées. Mais quatre années semblent un délai terriblement court, à la limite de l'impossible. Aussi impossible, semble-t-il, que le coût de 10 millions de dollars annoncé à la fin des années 70 pour chaque lancement de la future navette spatiale…
 
 

 

 

 
 
 

Retour

Commentez cet article dans le forum