20 avril 2015

 

La Russie construira sa propre station spatiale au moyen d'éléments récupérés sur l'ISS

 
Après l'abandon programmé de la Station Spatiale Internationale (ISS) prévu pour 2024, l'agence spatiale fédérale de Russie (Roskosmos) prévoit de réutiliser certains de ses éléments pour construire sa propre station orbitale.

Iouri Koptev, directeur général de Roskosmos, vient d'annoncer que trois modules initialement prévus pour être assemblés sur l'ISS, mais qui n'ont jamais été lancés dans l'Espace, pourront servir de base pour la construction de la nouvelle station. Ceux-ci, qui sont actuellement en cours de finition dans les entreprises de Roskosmos, seront d'abord lancés par des fusées Proton en 2017 pour être arrimés à l'ISS, mais seront ensuite désassemblés en 2024 pour fonctionner de façon entièrement autonome.

"Le programme fédéral spatial russe a prévu la création d'une station orbitale autonome après 2024 sur la base de trois modules de la Station spatiale internationale. Celle-ci sera construite sur la base de trois modules qui seront arrimés à l'ISS après 2017. Ce sont le module scientifique polyvalent MLM, le Module UM et le Module scientifique et d'énergie NEM. Les entreprises GKNPZ Khrounitchev, près de Moscou, sont en train de fabriquer ces modules pour élargir le segment russe de l'ISS", a déclaré officiellement M.Koptev au journal Izvestia.

Iouri Koptev précise que la Russie réalisera ce projet dès l'arrêt de l'exploitation de l'ISS afin de conserver un accès permanent à l'espace, mais aussi d'obtenir une couverture complète du territoire russe depuis l'orbite, ce qui est impossible depuis la position actuelle de la station. Les dirigeants de l'industrie spatiale russe mènent actuellement des discussions avec leurs partenaires sur l'avenir de la Station Spatiale Internationale, la possibilité de conclure des accords spatiaux stratégiques et la création de cette nouvelle station en orbite, pour laquelle aucun nom n'a encore été choisi, mais dont les éléments ont le mérite de déjà exister.

Le président russe Vladimir Poutine, quant à lui, a confirmé officiellement jeudi 16 avril dernier, lors de sa 13e séance de questions-réponses, que Moscou créerait sa station orbitale nationale d'ici 2023.

"Nous avons désigné l'objectif principal de nos activités spatiales : exploiter l'ISS et réaliser le Programme lunaire avant d'explorer l'espace lointain. Le Conseil a entériné les points clés du Concept russe de développement des vols habités à l'horizon 2025", insiste Iouri Koptev.

Actuellement en phase finale d'assemblage, ces éléments sont le module scientifique polyvalent MLM, le Module UM et le Module scientifique et d'énergie NEM.

Le module scientifique polyvalent MLM

Baptisé Nauka, celui-ci sera amarré au port nadir (face à la Terre) de Zvezda. Ce module de recherche complémentaire aux éléments Zarya et Zvezda avait été avait été initialement construit comme sauvegarde pour le lancement original du module Zarya, et dès 1997, il a été prévu pour être utilisé comme module d'amarrage universel (UDM), projet depuis abandonné.

Roskosmos décidait ensuite de transformer l'élément en module scientifique complémentaire, ce qui fut fait, et après plusieurs reports, un lancement par une fusée Proton fut programmé pour 2014. Mais le 25 octobre 2013, une grave avarie au système de propulsion de Nauka exigea son renvoi dans l'usine du constructeur pour une réparation devant durer de 12 à 18 mois, car le dispositif devait être entièrement reconstruit et remplacé. La date butoir pour le lancement est désormais fixée à février 2017.

Jean Etienne

 

 

 
Le module MLM. Crédit : Nasa.
 
Le module UM, ou Uzlovoy Module

Disposant de cinq ports d'amarrage (quatre latéraux et un axial), ce noeud de jonction aurait dû faire partie intégrante d'une vaste section scientifique russe abandonnée pour des raisons budgétaires. Reconstruit avec désormais six ports d'amarrage pour une masse au lancement de 7290 kg, il constituera l'articulation du nouveau segment russe et sera installé au port nadir de Nauka.

Le Module scientifique et d'énergie NEM

Il s'agira de la partie la plus importante de la nouvelle station. Celui-ci avait été prévu dès l'origine du projet de l'ISS en 1993 et faisait fonction à la fois de laboratoire scientifique et de centrale d'alimentation en énergie grâce à ses propres panneaux solaires de 155 m². Il resta toutefois au sol par manque de fonds, mais conservé en état dans l'espoir d'une utilisation ultérieure.

Une production de 18 kilowatts était attendue de ce module, dont 12 kilowatts devaient être utilisés par le segment russe, le reste mis à la disposition de l'ISS. Le module NEM devait aussi être équipé d'un système de communications de nouvelle génération permettant une liaison avec les stations au sol russes 24 heures sur 24 vie cinq satellites, renforçant ainsi l'indépendance du segment vis-à-vis de la Nasa et des autres pays.

D'une masse totale de 21 tonnes, le module NEM offrira un volume habitable pressurisé de 94 m³, auquel il faut ajouter 30 m³ pour le fret. Lancé par une fusée Proton-M, vraisemblablement en 2019, il est prévu pour une durée de vie de 17 années.
 
 

 
Vue interne de la section pressurisée du module de NEM. Crédit : RKK Energia.
 
 
 

 
Position des modules MLM, UM et NEM lors de leur installation sur la Station Spatiale Internationale, avant leur
séparation prévue en 2024 pour constituer une station orbitale à part entière. Crédit : Roskosmos.
 

 

 
 
 

Retour

Commentez cet article dans le forum