22 avril 2015

 

Les lézards nous quittent

 
12 % de la population des lézards du Mexique ont disparu suite au réchauffement climatique, annonce une équipe internationale de chercheurs, qui prévoit l'extinction complète de 20 % de toutes les espèces pour 2080.

Pour de nombreux lézards, le changement climatique de la planète est une question de vie ou de mort, car bon nombre de leurs espèces vivent déjà au bord de leur limite thermique, notamment dans les zones de basses altitudes et de faibles latitudes. Barry Sinervo du Département d'Ecologie et de Biologie évolutionniste de l'Université de Californie à Santa Cruz, est arrivé à ces conclusions après avoir comparé leurs études de terrain sur les lézards au Mexique avec nombre de données recueillies sur toute la planète.

"A quelle vitesse les lézards s'adaptent-ils à la hausse des températures sur le globe ? C'est la question qui importe", note Sinervo. "Nous voyons actuellement des espèces de faible altitude migrer vers les hauteurs, une lente extinction de celles en altitude, et si elles n'arrivent pas à évoluer plus vite elles vont continuer de disparaître." Bien que les prédictions faites par les chercheurs pour 2080 puissent encore changer si les hommes arrivent à ralentir le réchauffement climatique, il s'avère que les lézards ont déjà franchi un seuil pour leur extinction et que leur fort déclin va se poursuivre dans les prochaines décennies.

L'étude détaillée montre en particulier que les lézards qui portent leurs petits présentent des risques plus élevés d'extinction comparés à ceux qui pondent des oeufs. "Ces animaux ont un risque près de deux fois plus important de disparaître parce qu'ils ont acquis des températures corporelles plus basses" précise Sinervo. "Nous les voyons littéralement disparaître sous nos yeux."

Cette situation alarlante est toutefois loin de se limiter au Mexique, et Sinervo insiste sur le fait que c'est en effectuant un travail de terrain en France, alors qu'il suivait des populations déjà bien étudiées, qu'il a remarqué pour la première fois cette évolution évidente en compagnie d'autres chercheurs français, Jean Clobert et Benoît Heulin. Troublés par leur découverte, ils ont alors contacté des collègues du monde entier, Jack Sites et Donald Miles aux États-Unis, Fausto Méndez-de-la-Cruz au Mexique et Carlos Frederico Duarte Rocha au Brésil, démarrant une collaboration globale.

Pour affiner leur modèle, Sinervo et ses collègues ont utilisé un petit appareil électronique qui mime la température corporelle d'un lézard s'exposant au soleil. Ils ont placé de tels appareils thermiques pendant quatre mois dans des endroits ensoleillés où les lézards sont encore nombreux et d'autres où ils ont presque disparu.

"Il y a des moments dans la journée où les lézards ne peuvent sortir et doivent se replier vers des endroits plus frais" indique Sinervo. "Lorsqu'ils ne sont pas dehors, les lézards ne sont pas non plus en quête de nourriture. Nous avons donc évalué combien d'heures dans la journée les lézards pouvaient être refoulés par le soleil à différents endroits. Puis nous avons pu paramétrer notre modèle global." Pour les auteurs de l'étude, qui militent pour une vraie reconnaissance de ces lézards et de l'importance de leur rôle dans le réseau alimentaire du globe, ces découvertes sont à la fois "navrantes et écœurantes".

Jean Etienne
 

 

 

 

 
 
 

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