18 décembre 2015

 

Un filet pour capturer les débris spatiaux

 
Un consortium italo-polonais vient d'obtenir un financement de 1,2 million d'euros de la part du programme Horizon 2020 de l'Union Européenne pour le projet ADR1EN, dont le but est de concevoir et réaliser un filet destiné à capturer les débris spatiaux en vue de les précipiter dans l'atmosphère.

Depuis le début de l'ère spatiale il y a plus de 50 ans, plus de 5000 fusées ont lancé environ 6300 tonnes de matériel dans l'espace. Une grande partie se trouve encore en orbite. Non seulement des satellites opérationnels, mais aussi des épaves ayant épuisé leur carburant, incapables de manœuvrer, ou tout simplement en panne. Tout cela forme une population de débris spatiaux avec les étages supérieurs de fusées, des pièces perdues ainsi que des restes d'explosions ou de collisions. Si les objets parcourant une orbite de faible altitude, soit moins de 300 kilomètres, retombent assez rapidement sur Terre, la majorité constitue une menace sérieuse pour les missions en cours ou futures. Ainsi, la Station Spatiale Internationale doit fréquemment manœuvrer afin de s'écarter de la trajectoire de débris errants.

Les experts estiment qu'actuellement, 2700 satellites inactifs, mais aussi 23.000 objets de plus de 5 cm tournent autour de notre planète, et des projections montrent que leur nombre pourrait augmenter exponentiellement si aucune action n'est menée. Il serait nécessaire, selon eux, de construire de manière plus responsable les futurs engins spatiaux, mais aussi de désorbiter 5 à 10 déchets majeurs chaque année. L’ESA finance des recherches à ce propos par le biais de l’initiative Clean Space.

ADR1EN est un des projets de cette initiative. Sous contrat avec l’ESA, il consiste à développer une solution pour capturer les déchets spatiaux nuisibles à l’aide d’un filet. Ces derniers peuvent ensuite être entrainés vers l’atmosphère terrestre où ils se désagrègeront. Des prototypes de filets ont été testés au début de l’année en condition de microgravité dans des avions pouvant effectuer des vols paraboliques. Ces essais se sont révélés très positifs et ont confirmé que la capture à l’aide de filets à l’avantage, par rapport à d’autres méthodes telles que le harponnage où l’utilisation d’un bras robotisé, de s’adapter à la forme du satellite et de pouvoir être mis en œuvre à une distance allant de 50 à 100 m de la cible.

La cible de la première mission de l'ADR pourrait être Envisat, un satellite d'observation de l'ESA, inactif depuis 2012. D'une masse de 8 tonnes, il mesure 26 mètres de long et parcourt une orbite polaire à 770 kilomètres d'altitude; il s'agit aussi du plus gros satellite civil de l'Histoire, et ne devrait retomber naturellement sur Terre que dans environ 150 ans.

ADR1EN est mené par un consortium de trois PME spécialisées dans la R&D en haute technologie :

STAM (basée à Gênes, coordonne le projet)
SKA Polska (Varsovie)
OptiNav (Słupsk)

Thales Alenia Space est aussi un partenaire et sous-traitant du projet. L’entreprise est intéressée par la technologie développée et réalisera des tests sur le filet. Les 1,2 millions d'euros obtenus serviront à couvrir environ 70% des coûts de développement. Ce coup de pouce facilitera l’évolution du projet dont la commercialisation est prévue pour 2017.

Jean Etienne

Voir aussi :

Want to snag a satellite ? Try a net  (avec vidéo - ESA).

 

 

 
Le filet développé par le projet ADR1EN entourera et capturera le satellite visé avant d'être entraîné vers l'atmosphère terrestre, où il se désintégrera. Crédit : ESA.
 
 
 

 
Représentation des satellites inactifs ou des débris en orbite autour de la Terre. Crédit : ESA.
 

 

 
 
 

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