23 novembre 2015

 

Nouvelle lumière sur les Supernovae

 
Les supernovae sont considérées par les astronomes comme des "chandelles standard", et de nombreuses déductions reposent sur ce présupposé. Mais cette théorie est-elle bien fiable ?

Le concept de "chandelles standards", très important en astronomie, qualifie des objets dont on suppose la luminosité intrinsèque connue, ce qui permet de déduire leur distance ainsi que de nombreuses informations précieuses. Mais est-ce réellement un bon qualificatif pour une supernova ? Ces explosions, dont la luminosité peut dépasser celle de la galaxie qui entoure l'étoile, sont-elles réellement assez identiques entre elles pour en déduire leur luminosité propre, donc leur puissance ? Pour répondre à cette question, les scientifiques doivent d’abord comprendre les mécanismes qui conduisent une étoile à se transformer en cataclysme stellaire.

Un robot à scruter le ciel

Un projet unique en collaboration entre l’Institut Technologique de Californie (Caltech) et l’institut Weizmann (Israël), fournit des premiers éléments de réponse à cette question fondamentale. Les résultats obtenus par la collaboration de chercheurs ont été récemment publiés dans la revue scientifique Nature. Le projet, appelé le Palomar Transient Factory, utilise un télescope robotisé, situé en Californie du sud, qui scrute le ciel rapidement à la recherche de brusques changements pouvant témoigner de l’explosion soudaine d’une étoile.

En mai dernier, les chercheurs de l’institut Weizmann se sont rendus compte que l’un des changements détectés était effectivement une supernova, dont l'explosion remontait à moins de 4 jours. Le télescope spatial Swift de la Nasa était aussitôt mis à contribution afin d'observer le phénomène en détail, non seulement dans le visible, mais aussi dans l'ultraviolet.

"L’ultraviolet est crucial", assure le Professeur Avishay Gal Yam du département d’astrophysique de l’institut Weizmann, "car au début du processus, l’explosion est tellement énergétique que la majeur partie de l’information ne peut être obtenue qu’en étudiant les longueurs d’onde les plus courtes, qui sont aussi les plus énergétiques. Les ondes UV sont filtrées par l’atmosphère terrestre, et c’est la raison pour laquelle une telle étude ne peut être effectuée que depuis l’espace".
 
 

 
Les chercheurs ont donc collecté des observations balayant un large spectre électromagnétique, allant des rayons X (les longueurs d’onde les plus courtes et les plus énergétiques) aux ondes radio (des longueurs d’onde longues et moins énergétiques), et ont comparé leurs observations à différents modèles existants. Car en effet, si les scientifiques s’accordent à penser que les supernovae de type « Ia » correspondent à des explosions d'étoiles très denses et âgées, soit les naines blanches, aucun consensus n'est émis quant à la cause de leur explosion soudaine.

Compagnonnage stellaire

Les observations dans l’UV ont permis aux chercheurs d'observer un phénomène tout à fait unique et inédit : un pic très bref d’énergie, émis très tôt dans le processus. Le professeur Gal Yam affirme que ce pic d'énergie, correspond à un modèle dans lequel une naine blanche forme un couple avec une étoile géante. "L’étoile naine contient l’équivalent de la masse du soleil, concentré dans un volume comparable à celui de la Terre, tandis que son compagnon est 500 à 100 fois plus gros que le Soleil", précise le chercheur. De la matière provenant de la grosse étoile peu dense est donc attirée par gravitation et absorbée par la naine blanche, jusqu’à ce que la pression et la densité atteignent un seuil critique et provoque la détonation à la source de la supernova. Le pic d'énergie se produit au moment où la matière éjectée atteint le compagnon et le pulvérise.

Une trouvaille importante pour les campagnes futures

Selon Prof Gal Yam, cette découverte accentue l’importance de mener des campagnes d’observation dans l’UV. Il espère que des campagnes futures permettront de trancher si ce processus de compagnonnage est commun à toutes les supernovae de type Ia.

Source principale :

Seeing a Supernova in a New Light (Weizmann Institute of Science).

 

 

 
Simulation de l'explosion d'une supernova (en brun) absorbant une étoile compagnon (en bleu). La vitesse des gaz provenant de l'explosion est de 10.000 km/seconde. Source : Cattech.
 

 

 
 
 

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