29 décembre 2015

 

Pluton sous l'oeil infrarouge de LEISA

 
Le festival d'images de Pluton et ses satellites, toutes plus spectaculaires et précises les unes que les autres, nous ont un peu fait oublier que la sonde New Horizons était aussi équipée d'instruments scientifiques chargés de nous renseigner sur la nature physique et l'environnement de ces astres. Parmi eux, LEISA.

Partie intégrante de l'instrument RALPH, LEISA (Linear Etalon Imaging Spectral Array) est un imageur/spectromètre fonctionnant en proche infrarouge. Il permet d'obtenir des spectres détaillés dans la bande de l'infrarouge proche (1,25 – 2,5 µm) avec une résolution spectrale de (λ/δλ) de 240. LEISA obtient ses images au moyen d'une optique de 75 mm d'ouverture pour une focale de 658 mm, qu'il partage avec l'instrument MVIC (Multispectral Visible Imaging Camera), qui a permis de dresser une carte fournissant la composition de la surface de la planète naine et de sa lune principale avec une résolution de moins de 10 km.

LEISA capture les images en continu au moyen d'un capteur de résolution 256 x 256 pixels, puis celles-ci traversent un filtre linéaire susceptible de faire passer des ondes lumineuses dont la longueur varie entre 1,25 et 2,5 microns, ce qui a permis de capter des images spectaculaires de la surface de Pluton, y compris de sa calotte glaciaire.

Mais les capacités de ce prodigieux spectrophotomètre ne s'arrêtent pas là, loin s'en faut. Ainsi, LEISA est parvenu à prendre des "photos infrarouges" de la planète naine et de son satellite Charon. Après avoir superposé les images en question et les avoir transmises dans la plage de lumière visible, les astrophysiciens de la NASA ont réussi à en faire une vidéo en couleur, que nous vous présentons ici.
 
 

 
Pluton apparaît ici défilant à travers plusieurs filtres de valeurs infrarouges différentes disposés verticalement. Pour la clarté de l'image, chaque longueur d'onde infrarouge a été traduite dans une couleur différente. C'est l'analyse de cette séquence, enregistrée le 14 juillet 2015 par le spectrophotomètre LEISA lors de l'approche de Pluton par New Horizons, qui a permis de mettre en évidence la présence de glace d'eau. Cette animation a été accélérée d'environ 17 fois par rapport à la vitesse réelle. Crédit : NASA / JHUAPL / SwRI / Alex Parker.

CLIQUER SUR L'IMAGE POUR ACCÉDER À LA VIDÉO
 

Pluton sera-t-elle réhabilitée comme planète ?

Plusieurs publications scientifiques plaident en effet en faveur d'une réhabilitation de Pluton comme planète à part entière, au vu de sa nature et de la complexité des phénomènes physiques qui s'y produisent, peu compatibles avec un objet mineur que l'on s'attendrait plutôt à voir inerte.

"Du point de vue de la planétologie et étant expert dans ce domaine, j'affirme que les planétologues voient Pluton comme une planète", a indiqué à la BBC le chef de la mission Alan Stern.

L'une des découvertes de la sonde est une mince atmosphère qui se manifeste par la dispersion de la lumière du Soleil sur de minuscules particules de tholins, des substances organiques se trouvant à l'intérieur. Les astrophysiciens estiment aujourd'hui que Pluton est active et certainement dotée d'une activité volcanique. Cela se justifie notamment par l'apparence de la plaine Spoutnik, une vaste zone de plusieurs centaines de kilomètres recouverte de glace, et dépourvue de cratères, donc de formation récente.

Pluton avait été rayée de la liste des planètes du système solaire en 2006 à la suite de découvertes affirmant qu'il existe d'autres objets similaires dans la ceinture de Kuiper, comme par exemple la planète naine Eris. Cependant, à cette époque, les astronomes ne connaissaient Pluton que sous la forme d'une image floue composée d'à peine une poignée de pixels.

Jean Etienne

 

 

 
Des coulées de glace d'azote s'écoulent depuis les reliefs environnants vers les plaines de Sputnik Planum en formant des volutes pour contourner des obstacles à l'image des glaciers sur Terre. Crédit : Nasa.
 
 
 

 
Photo de l'ensemble du système plutonien par New Horizons prise le 26 juin 2015. Crédit : Nasa.
 

 

 
 
 

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