2 septembre 2015

 

Comment mesurer la durée du jour sur une planète gazeuse

 
Mesurer la durée d’une journée, voilà un problème qui nous semble bien trivial et ne mérite pas l’attention des cellules grises de nos chers scientifiques. Et pourtant, cette simple question s’avère bien complexe dès que l’on considère une planète gazeuse, dont la majeure partie est constituée d'une atmosphère qui est tout sauf statique, entourant un noyau échappant à l'observation.

Plusieurs méthodes existent cependant, dont une des plus fiables s'appuie sur la mesure du déplacement du champ magnétique de la planète. En effet, l'axe magnétique ne correspond jamais exactement à l'axe de rotation, ce qui induit un effet de toupie pouvant être mesuré par les sondes en orbite. Ce procédé appliqué à Jupiter a permis d'obtenir d'excellents résultats.

Mais lorsqu'on s'intéresse à Saturne, la difficulté ressurgit car le pôle magnétique n'est pas suffisamment écarté de l'axe de rotation pour obtenir une différence significative. Une autre piste avait été explorée par la Nasa il y a une dizaine d'années. La sonde Cassini, ne orbite autour de Saturne, avait mesuré avec une grande précision la variation des ondes radio émises par l'atmosphère de la planète. Mais l'expérience n'avait pas été concluante car la période mesurée ne correspondait pas précisément avec la durée du jour saturnien. Quant à l'observation de l'évolution de la "surface" gazeuse, elle ne permet d'obtenir qu'une évaluation très grossière. Au final, la durée de la rotation de Saturne n'a pu être estimée qu'à 10 heures 35 minutes, mais avec une marge d'erreur de 15 minutes, ce qui est énorme. Un comble pour une planète visible dans n'importe quel petit instrument, et même à l'œil nu !

Une toute nouvelle méthode

C'est alors que les docteurs Yohai Kaspi et Eli Galanti de l’institut Weizmann, travaillant en collaboration avec le docteur Ravit Helled de l’université de Tel Aviv (Israël), ont imaginé une nouvelle méthode basée sur une simple observation : à cause justement de leur rotation, les astres sont généralement légèrement aplatis aux pôles et renflés au niveau de l'équateur. Il s'agit là de la conséquence de la force centrifuge, dont l'importance est directement corrélée à la vitesse de rotation de la planète. La Terre ne fait pas exception, Saturne non plus.

Jupiter, dont la vitesse de rotation a pu être mesurée avec précision en se basant sur le déplacement de son champ magnétique, a servi d'étalon aux chercheurs. Et en comparant le renflement équatorial des deux planètes, dont la physique gazeuse est similaire, ils ont réussi à déduire la vitesse de rotation de Saturne avec une marge d'erreur réduite à seulement 45 secondes, vingt fois supérieure aux précédentes mesures.

Cette connaissance aidera aussi les scientifiques à établir de nouveaux modèles plus précis de l'atmosphère de Saturne, permettant une meilleure connaissance de sa configuration et de sa formation.

Jean Etienne

Sources :

A Short Day on Saturn (Weizmann Institute of Science).
Saturn’s fast spin determined from its gravitational field and oblateness (Nature).
Scientists Find That Saturn's Rotation Period is a Puzzle (Nasa).
 

 

 
Saturne en contre-jour, observée par la sonde Cassini en lumière visible, infrarouge et ultraviolet.
Le Soleil est occulté par la planète. Crédit Nasa/Esa.
 

 

 
 
 

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