2 octobre 2015

 

Première observation directe d'un tore de poussières ceinturant un trou noir supermassif

 
L'instrument SPHERE installé au foyer du VLT (Very Large Telescope) de l'ESO, au Chili, a permis l'observation d'un tore de poussières situé au seil de la galaxie active NGC 1068.

Les galaxies actives représentent une fraction significative de la population des galaxies. Elles possèdent un noyau dont la luminosité est bien supérieure à celle du reste de la galaxie. Cette activité est expliquée par la présence d’un trou noir supermassif valant de quelques millions à quelques milliards de masses solaires au sein de ce noyau, et par le rayonnement produit lors du processus d’accrétion de la matière autour de ce trou noir.

Pour expliquer la variété des aspects observés de cette activité, le modèle unifié des noyaux actifs de galaxie postule l’existence d'une concentration de gaz et de poussières de forme toroïdale de quelques parsecs à quelques dizaines de parsecs de rayon (un parsec vaut 3,2616 années-lumière), ceinturant le trou noir supermassif et son disque d’accrétion. Jusqu’à présent, seules des preuves indirectes avaient corroboré l’existence de cette concentration dense et opaque de gaz et de poussière.

A l’été 2014, le chasseur d’exoplanètes SPHERE a été installé au Chili, au VLT et a été mis à la disposition des chercheurs en 2015. Pour détecter de nouvelles exoplanètes, cet instrument est pourvu d’une optique adaptative extrême couplée à diverses modes d’observation. Utilisant plus particulièrement le mode polarimétrique, l’équipe de chercheurs français a obtenu des observations du noyau actif de la galaxie NGC 1068 avec une qualité d’image inégalée. La résolution spatiale obtenue, de 2,5 parsecs, soit près de 20 fois meilleure que celle offerte sans système correcteur, a ainsi permis de mettre en évidence deux structures particulières au cœur du noyau actif : un double cône en forme de sablier et une structure centrale allongée perpendiculaire à l’axe du double cône.

La première révèle ainsi clairement la région moins dense au sein de laquelle les nuages de gaz sont ionisés par le rayonnement intense issu du trou noir central supermassif. La seconde structure, allongée sur environ 55 pc et d’une épaisseur d’environ 20 pc, serait révélée par la diffusion de la lumière provenant de la source centrale sur la poussière de ce tore. Elle serait ainsi la première observation directe du tore de poussières postulé par le modèle unifié des noyaux actifs de galaxies.

L'équipe était composée de chercheurs français du Laboratoire d’Etudes Spatiales et d’Instrumentation en Astrophysique, LESIA (CNRS, Observatoire de Paris, Université Pierre et Marie Curie, Université Paris Diderot). La découverte a été publiés dans la revue Astronomy et Astrophysics du 23 septembre 2015.

Source :

Polarimetric imaging of NGC 1068 at high angular resolution in the near infrared. Direct evidence of an extended nuclear torus.
 
 

 
Image du cœur de NGC 1068 obtenue à partir des observations polarimétriques de SPHERE et révélant, en noir, un bicône en forme de sablier, et en blanc une structure allongée perpendiculaire au bicône.
 
 
 

 
Vue d'artiste du cœur d’un noyau actif de galaxie. Crédit ESA/Nasa.
 

 

 
 
 

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