21 octobre 2015

 

Les espoirs démesurés de la technologie

 
Les romans et autres films d'anticipation des années 50 nous l'ont prouvé : au XXIème siècle, nous allions vivre dans un paradis terrestre, une société des loisirs où les maladies et la faim dans le monde ont été éradiquées, tandis que les voyages interplanétaires sont devenus banalités et que les voitures volantes se déplaceraient au-dessus de rues parcourues de robots promenant le chien.

Or, quinze ans après notre entrée dans ce XXIème siècle paradisiaque, on ne rêve plus de conquérir l'espace mais de sauver la planète, celle-ci produisant suffisamment de nourriture pour alimenter 12 milliards d'individus alors que 10% des 7 milliards d'habitants meurent tout de même de faim après avoir vécu dans des taudis.

"Tant que l'avenir a été imaginé par des ingénieurs et des amateurs de technologie, il apparaissait idéal. On croyait que le monde fonctionnait sur des gadgets", signalait Michel Saint-Germain dans un livre sous le titre "L'avenir n'est plus ce qu'il était", publié en 1993 chez Québec Amérique (aujourd'hui épuisé). Ce livre était un répertoire des plus grands espoirs suscités par l'avènement de la science moderne. Espoirs qui se sont envolés au tournant des années 70.

En tête d'affiche des espoirs qui ne se sont jamais concrétisés, notons la voiture volante (quelques exemplaires ont été construits, mais il s'agissait plutôt d'avions aux ailes escamotables, dont une bonne partie se sont écrasés), la planche à roulettes sans roulettes qui flotte à 10 centimètres du sol (bientôt commercialisée, à condition de pouvoir se payer le coûteux circuit à supraconducteurs qui devra être obligatoirement installé sous l'engin), ou le robot (forcément androïde) qui promène le chien. Non, "Retour dans le Futur" (1989), ce n'était vraiment pas ça…

Bien sûr, certaines prévisions ont été réalisées. Des milliers d'avions se trouvent en permanence dans le ciel, les drones envahissent notre quotidien et l'alimentation lyophilisée rend service aux restaurateurs. Mais personne, aujourd'hui, n'aurait l'idée d'inviter ses amis à un dîner convivial de vitamines et protéines en comprimés. Heureusement, la gastronomie n'a pas été éradiquée par les chimistes, même si l'aspect a souvent tendance à remplacer le goût pour certains aliments prétendus "naturels". Mais c'est une autre histoire…

Autre grand absent du bestiaire technologique du film de 1989 : le message texte. Les scénaristes avaient pronostiqué des télécopieurs répartis dans toutes les pièces de la maison. Or, excepté pour un usage professionnel (et encore…), ils ont pratiquement tous rejoint le Minitel dans les oubliettes de l'Histoire. Par contre, les ados d'aujourd'hui écrivent et reçoivent en moyenne (aux Etats-Unis) 167 textos par jour, sur un téléphone portable qui a été superbement ignoré par les scénaristes et autres prévisionnistes de 1980 (1).

Quant au voyage dans le temps… Eh bien il a été réalisé, puisque chaque année nous nous déplaçons de 365 jours dans le futur. Je vous laisse méditer…

Jean Etienne

(1) Non, le "communicateur" de Star Trek n'était pas un GSM malgré son aspect, mais un simple talkie-walkie.

 

 

 
Prototype de voiture volante. Pas tout-à-fait la souplesse d'emploi que la De Lorean de "Doc"…
 

 

 
 
 

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