23 octobre 2015

 

Le Cnes et l'Onera s'associent pour créer un lanceur réutilisable

 
Partenaires de longue date dans les activités spatiales européennes, le Cnes (Centre National d'Etudes Spatiales) et l'Onera (Office national d'études et de recherches aérospatiales), ont décidé d'unir leurs efforts et leurs compétences afin d'étudier la réalisation d'un premier étage de lanceur récupérable et réutilisable.

Cette décision vient d'intervenir en application de l'accord-cadre signé le 30 mars 2015 entre les deux organismes. La phase préliminaire de l'étude a déjà démarré, et le projet comprend principalement deux volets qui prévoient, d'une part une analyse du système de lancement et de la phase de récupération du premier étage, d'autre part la mise en œuvre de simulations numériques d'aérothermodynamique, se basant notamment sur la plate-forme logicielle de simulation de référence pour l'énergie et la propulsion (Cedre) de l'Onera.

L'objectif principal du projet est de définir des solutions techniques réalisables afin de rendre un premier étage de lanceur capable de revenir en mode automatique à sa base de lancement. La large expérience déjà acquise par le Cnes et l'Onera en matière de conception de lanceurs, de véhicules hypersoniques et subsoniques sera mobilisée, avec pour but final la réalisation d'un premier étage de fusée, le plus coûteux, pouvant être récupéré et réutilisé à plusieurs reprises.

Bruno Sainjon, Président-directeur général de l'Onera, annonce à ce sujet : "Cette initiative, qui verra l'Onera mettre en œuvre ses compétences pluridisciplinaires au côté du CNES pour contribuer à définir et à évaluer les véhicules et systèmes aérospatiaux du futur, s'inscrit pleinement dans la dynamique de renforcement des liens entre nos deux organismes". De son côté, Jean-Yves Le Gall, Président du Cnes, déclare que "Dans un contexte de concurrence exacerbée, le Cnes et l'Onera ont décidé de mettre en commun leurs compétences pour envisager la faisabilité de futurs lanceurs réutilisables tirant le meilleur parti de la coopération entre nos deux établissements".

Deux sociétés privées déjà en concurrence

Le "contexte de concurrence exacerbée" évoqué par Jean-Yves Le Gall est pleinement justifié, car depuis un certain temps déjà, l'américain SpaceX du milliardaire Elon Musk multiplie les tests grandeur nature afin de récupérer le premier étage de son lanceur Falcon 9 (projet dit "grasshopper", ou sauterelle en anglais). De son côté, Airbus a déjà dévoilé son ambitieux projet Adeline, visant à récupérer les moteurs non seulement du premier, mais aussi du deuxième étage de la fusée Ariane en vue de leur réutilisation.

Ces deux projets, tout comme celui de la coopération Cnes-Onera, s'inscrivent dans une politique d'économie. Un doute subsiste cependant : est-il possible de rendre, à court terme, c'est-à-dire en vue d'une utilisation dans le courant de la prochaine décennie, la récupération et la remise en état du lanceur moins coûteux que sa réalisation en série, tout en tenant compte de l'amoindrissement des performances entraîné par la surcharge des dispositifs nécessaires à une telle opération ?

Jean Etienne
 

 

 
Le projet Adeline d'Airbus, exposé au salon du Bourget en 2015.
 

 

 
 
 

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