9 février 2016

 

La Chine prend une avance considérable dans la course à la fusion nucléaire contrôlée

 
Le premier réacteur basé sur la fusion nucléaire sera-t-il chinois ? On pourrait le penser au vu de l'exploit que viennent de réaliser les ingénieurs de l'Académie Chinoise des Sciences, ouvrant la voie vers la production d'une énergie pratiquement illimitée et non polluante.

Le 3 février dernier, le stellarator Wendelstein 7-X, construit par l’institut Max-Planck de physique des plasmas (Allemagne), réussissait à maintenir un plasma d'hydrogène à plus de 50 millions de degrés pendant une durée record d'un quart de seconde, un évènement qualifié d'importance capitale dans la course à la fusion contrôlée. Il est vrai que cette expérience avait été déclenchée à distance par la chancelière allemande Angela Merkel, depuis son propre bureau, ce qui ajoutait une certaine aura à cette réussite. Et d'annoncer qu'après la mi-mars, l'instrument devrait être réaménagé et recevoir un "divertor", à l'instar des projets West et Iter, permettant d'espérer atteindre une durée de confinement de l'ordre de 10 secondes.

Trois jours plus tard, soit le 6 février, un communiqué paru dans The Register, à paraître dans The Physical Review Letters, annonce la réussite des scientifiques de l'Académie Chinoise des Sciences (Chinese Academy of Sciences), en charge du projet EAST (Experimental Advanced Superconducting Tokamak), du maintien d'un plasma d'hydrogène à une température de 50 millions de degrés durant… 102 secondes.

Un résultat qualifié d' "hallucinant" !

Ce résultat que certains n'hésitent pas à qualifier d' "hallucinant", dont les enregistrements ont été rendus publics, a été obtenu au moyen d'un dispositif de type tokamak à supraconducteurs à Hefei, province de Anhui (Chine). La température atteinte de 50 millions de degrés Celsius (90 millions de degrés Fahrenheit), est à comparer à celle du noyau du Soleil, qui n'est "que" de 15 millions de degrés Celsius (27 millions de degrés Fahrenheit). Durant 102 secondes, le point le plus chaud du Système solaire (et environs) s'est donc situé sur Terre !

Si cette expérience constitue une énorme avancée dans la recherche sur la fusion nucléaire contrôlée, les scientifiques du programme EAST insistent en précisant qu'il ne s'agit que d'un premier pas, et qu'ils sont convaincus d'atteindre une température de 100 millions de degrés durant 1000 secondes dans un proche avenir.

La Chine, qui se déclare "irritée" de la lenteur et des multiples retards du projet international ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor), auquel elle participe et qui s'inscrit dans une démarche à long terme visant à l'industrialisation de la fusion nucléaire et à laquelle collaborent aussi l'Union européenne, l'Inde, le Japon, la Russie, la Corée du Sud, les États-Unis et la Suisse, espère que ce résultat apportera une aide précieuse permettant son accélération… en dépit des multiples oppositions des pays producteurs de pétrole.

La Chine, maître de l'énergie et du monde ?

Jusqu'à présent, le projet ITER, qui a englouti 14 milliards de dollars depuis 1985 et qui devrait fonctionner en 2020, accumule sept années de retard. La Chine deviendra-t-elle le principal fournisseur d'énergie pour le reste de la planète ? Il ne serait pas déraisonnable de le penser.

Jean Etienne

Sources principales :

That's cute, Germany – China shows the world how fusion is done (The Register, 6 février 2016).
Experimental Advanced Superconducting Tokamak (EAST).
Institute of Plasma Physics Chinese Academy of Sciences.
Institute of Plasma Physics Chinese Academy of Sciences (en chinois).

 

 

 
Vue extérieure du tokamak EAST (capture d'image télévision chinoise).
 
 
 

 
Vue du flux de plasma d'hydrogène à la 101ème seconde (Crédit Académie des Sciences de Chine).
 
 
 

 
Vue interne du réacteur (Crédit Académie des Sciences de Chine).
 

 

 
 
 

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