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			"Les diverses causes de l'autisme demeurent 
			incertaines, mais des travaux ont démontré que la génétique et 
			l'environnement pouvaient tous deux représenter des facteurs de 
			risque", explique-t-elle encore. "Notre étude a permis 
			d'établir que la prise d'antidépresseurs, particulièrement les ISRS, 
			pendant les deuxième et troisième trimestres de la grossesse, 
			faisait presque doubler le risque d'autisme chez l'enfant". 
			 
			Une étude d'une énorme ampleur 
			 
			Cette étude, d'une ampleur exceptionnelle puisqu'elle a porté sur 
			pas moins de 145.456 enfants depuis leur conception jusqu'à l'âge de 
			10 ans, ne se limitait pas au simple diagnostic d'autisme et à 
			l'élaboration de statistiques, mais englobait un ensemble de détails 
			qui ont permis à l'équipe de quantifier les effets précis des 
			médicaments antidépresseurs. 
			 
			Par exemple, elle a permis d'établir que certaines personnes sont 
			génétiquement prédisposées à l'autisme par antécédents familiaux. 
			L'âge de la mère et la dépression sont aussi des composantes 
			potentiellement associées à l'apparition de l'autisme, tout comme 
			certains facteurs socioéconomiques telle la pauvreté, et l'équipe a 
			été en mesure de prendre tous ces éléments en compte. "Nous avons 
			défini l'exposition aux antidépresseurs comme 'au moins une 
			ordonnance d'antidépresseurs remplie pendant le deuxième ou le 
			troisième trimestre de la grossesse'. Nous avons choisi cette 
			période parce que c'est pendant celle-ci que le cerveau du bébé 
			franchit une étape cruciale de son développement", indique la 
			professeure. 
			 
			"Puis parmi tous les enfants sur lesquels portait l'étude, nous 
			avons ensuite retenu ceux chez qui une forme d'autisme avait été 
			diagnostiquée en vérifiant les dossiers médicaux faisant état 
			d'autisme infantile, d'autisme atypique, du syndrome d'Asperger ou 
			d'un trouble envahissant du développement. Enfin, nous avons 
			recherché une association entre les deux groupes d'enfants et nous 
			en avons trouvé une très importante : un risque accru de 87 %. Les 
			résultats sont demeurés inchangés lorsque nous nous sommes 
			uniquement penchés sur les enfants chez qui le diagnostic avait été 
			posé par des spécialistes tels des psychiatres ou des neurologues", 
			affirme la chercheuse. 
			 
			Explication de la recrudescence des cas d'autisme infantile 
			 
			Ces conclusions revêtent une importance capitale, car on ne peut que 
			constater une recrudescence alarmante des cas d'autisme infantile, 
			qui est passé de 4 pour 10.000 enfants en 1966 à 100 pour 10.000 
			enfants en 2015. Bien que cet accroissement puisse être attribuable 
			à une détection améliorée et à des critères de diagnostic élargis de 
			ce trouble, les chercheurs estiment que des facteurs 
			environnementaux jouent également un rôle. 
			 
			"Sur le plan biologique, il est tout à fait logique que les 
			antidépresseurs engendrent l'autisme s'ils sont utilisés pendant la 
			période de développement du cerveau du fœtus, puisque la sérotonine 
			entre en jeu dans de nombreux processus développementaux prénataux 
			et postnataux, y compris la division cellulaire, la migration des 
			neurones, la différenciation cellulaire et la synaptogénèse, soit la 
			création des liens entre les cellules du cerveau", martèle Anick 
			Bérard, qui ajoute que "Certaines classes d'antidépresseurs comme 
			les ISRS agissent en inhibant la production de sérotonine, ce qui 
			entrave la capacité du cerveau de se développer entièrement dans 
			l'utérus".
			Jean Etienne 
			Source principale : 
			 
			
			
			Antidepressant Use During Pregnancy and the Risk of Autism Spectrum 
			Disorder in Children (JAMA Pediatrics, février 2016, Vol 
			170, No. 2). 
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