4 mai 2016

 

Les particules de matière noire pourraient avoir le volume de cellules humaines !

 
Lorsqu'on évoque la matière noire, on se l'imagine généralement sous la forme de particules invisibles et insaisissables, à peine détectables, à la limite de ce que le bestiaire particulaire peut offrir. Or, de nouvelles recherches indiquent que leur taille pourrait être proche de celle d'une cellule humaine.

Dans l'état actuel de nos connaissances, la matière noire doit composer au moins 85 % de toute la matière dans l'univers, mais on ignore encore tout de sa nature. Les scientifiques suggèrent uniquement qu'elle doit exister sous une certaine forme afin que notre univers puisse exister, et surtout se comporter tel que nous l'observons.

En se basant sur ces seules observations, une équipe de chercheurs de l’Université de Southern Denmark ont décidé de déterminer la taille hypothétique de ces particules réputées invisibles. Et les résultats sont surprenants, puisque selon cette recherche, les particules de matière noire devraient avoir une masse 1019 fois plus importante (10 milliards de milliards) que celle d'un simple proton, soit environ 1 microgramme. A titre de comparaison, une cellule humaine pèse 3,5 microgrammes. Elles seraient ainsi tellement denses qu'elles pourraient même créer des mini-trous noirs à elles seules.

Une nouvelle classe de WIMPS ?

Les chercheurs sont arrivés à cette conclusion en créant un nouveau modèle de particule super lourde appelée PIDM (Planckian Interacting Dark Matter). Ces particules supermassives appartiennent à une classe de particules connues comme les Weakly Interacting Massive Particles (WIMPS), les meilleures candidates à l'heure actuelle pour expliquer la matière noire. Les chercheurs estiment que les WIMPS sont 100 fois plus massives qu’un proton. Leur existence est prédite depuis plusieurs années, mais elles n'ont encore pu être mises en évidence jusqu'ici. Cependant, cela permet d’envisager la possibilité que les particules de matière noire peuvent être très différentes de ce qu'on a pu imaginer jusqu'à présent.

Si cette théorie se confirme, il devient inutile de rechercher des traces de matière noire dans les accélérateurs à particules, car elles sont beaucoup trop grandes. Par contre, on pourrait en trouver la trace dans le fond diffus cosmologique qui est la forme fossilisée du rayonnement diffus du Big Bang. En effet, lorsque le Big Bang s’est produit il y a 13,8 milliards d’années, l’univers est entré rapidement en expansion, une période connue sous l'appellation d'inflation, et dont l'étape suivante a consisté en un réchauffement qui a permis de créer les particules que nous observons. Et c’est pendant ce réchauffement que les particules supermassives de la matière noire ont pu être créées.

Mais pour que ce scénario fonctionne, il faut que la température du réchauffement soit supérieure par rapport à nos modèles cosmologiques actuels. Une température qui a forcément dû laisser une trace dans le fond diffus cosmologique, que les prochaines expériences devraient pouvoir détecter.

Mais ces particules de matière noire demeurent encore à l'état d'hypothèse et il faudra encore attendre au moins une décennie avant une éventuelle confirmation.

Jean Etienne

Source principale :

Planckian Interacting Massive Particles as Dark Matter (Physical Review Letters, 10 mars 2016).

 

 

 

 

 
 
 

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