7 mai 2016

 

Troisième récupération réussie d'un lanceur Falcon-9 pour SpaceX

 
Pour la deuxième fois en moins d'un mois (et la troisième fois depuis décembre dernier), la société SpaceX a réussi à récupérer le premier étage de son lanceur Falcon-9 après avoir déposé un satellite en orbite.

Souvenez-vous : c'était en 1957, l'année géophysique internationale venait de commencer. Et le monde entier s'attendait à ce que les Etats-Unis accomplissent un exploit qui aurait pu être emblématique du XXème siècle : l'envoi du premier satellite artificiel. Et le 4 octobre de la même année, l'URSS accomplissait l'impensable : Spoutnik-1 était en orbite. Cela alors que, de l'avis de tous les experts, seuls les USA possédaient le savoir-faire, la science, capables de réaliser un tel exploit.

L'Histoire serait-elle en train de recommencer ? Alors que toutes les organisations en mesure de placer une charge utile en orbite nient formellement l'avantage à récupérer un lanceur et le réutiliser, et cela après l'échec du programme de navettes spatiales américaines, voire même poussent des cris d'orfraie à cette idée, la société privée d'Elon Musk, SpaceX, en laquelle personne ne croyait il y a une décennie, vient de réussir ce pari. A trois reprises.

Et ce succès est d'autant plus gênant qu'il n'est pas l'œuvre de la Nasa ou de Roskosmos, nantis de moyens tant financiers que matériels considérables, ou même d'Arianespace bénéficiant d'un soutien planétaire, mais d'une entreprise privée quasiment parquée au rang d'outsider jusqu'il y a peu.

Falcon-9 atterrit, SpaceX décolle !

Ce vendredi 6 mai 2016 à 05h30 TU, 9 minutes après son lancement depuis Cap Canaveral, le premier étage de la fusée Falcon-9 se posait en douceur sur une barge positionnée dans l'océan Atlantique, après avoir parfaitement accompli sa mission consistant à placer en orbite de transfert géostationnaire le satellite japonais JCSat-14 pour le compte de la SKY Perfect JSAT Corporation. JCSat 14 fournira des services de télévision et de télécommunications au-dessus de l’Asie, la Russie, l’Océanie et certaines îles du Pacifique.

Les cris de victoire qui retentissaient à ce moment au siège de SpaceX étaient parfaitement justifiés, car pour la première fois, un premier étage de lanceur réussissait son retour intact, non après avoir délivré une charge utile en orbite basse, mais bien en orbite de transfert géostationnaire. En effet, ce type de lancement exige une poussée plus importante, donc plus de propergols, au détriment de toute tentative de récupération exigeant elle-même un freinage important.

Un succès d'autant plus significatif que la société SpaceX elle-même le considérait peu probable, puisqu'elle déclarait la veille : "Considérant la destination en orbite de transfert géostationnaire de cette mission, le premier étage du lanceur sera soumis à des vitesses extrêmes et une température importante lors de sa rentrée, ce qui rend un atterrissage réussi peu probable".

Les autres sociétés de transport spatial auraient-elles fait fausse route en refusant de s'engager dans la voie du lanceur récupérable et réutilisable ? L'avenir nous le dira, mais la réponse risque d'être cruelle.

Trois premiers étages en stock

Actuellement, SpaceX détient trois premiers étages de son lanceur Falcon-9 récupérés après une mission spatiale. Elon Musk affirme que cette technologie s'inscrit dans un programme qui lui permettra bientôt de réduire le coût du lancement d'un facteur 100, une réduction des prix qui pourraient révolutionner les vols spatiaux et même faire de la colonisation de la planète Mars un objectif économiquement réaliste.

Alors que le premier étage SpaceX récupéré en décembre dernier devrait être exposé au siège de la société, celui-ci, ainsi que le précédent, devraient être réutilisés d'ici quelques mois, démontrant le réalisme et la faisabilité du programme.

Jean Etienne

 

 
 
Falcon-9, après son atterrissage réussi. Crédit : SpaceX.
 

 

 
 
 

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