12 mai 2016

 

Non, le méthane martien n'est pas un indice de vie organique

 
Dès sa découverte, la présence de méthane dans l'atmosphère martienne a été considérée comme un indice d'une présence de vie à la surface ou dans le sol de la Planète rouge. Une nouvelle étude remet cependant en cause son origine.

Selon une équipe de géophysiciens de l’Institut de technologie de Californie, le taux élevé de ce "gaz vital" serait tout-à-fait indépendant de la présence de traces de vie organique sur Mars. Cette recherche a été réalisée sur la base des données récupérées en 2014 par le spectromètre à absorption laser modulable (TLS) du rover Curiosity de la Nasa, qui a notamment permis de constater un taux élevé de méthane dans les couches inférieures de l'atmosphère martienne.

Le méthane, sous-produit biologique… sur Terre

Depuis longtemps, on sait que les microorganismes terrestres produisent du méthane, et en laissent échapper une petite quantité dans l'atmosphère où il est parfaitement détectable. Et c'est justement par ce biais que les astronomes avaient pensé pouvoir conclure que Mars, dont l'enveloppe gazeuse en est incomparablement plus riche, abritait probablement une telle forme de vie. Mais il ne s'agissait que d'une preuve indirecte, de tels microorganismes martiens n'ayant pu être découverts à ce jour. Restait alors à savoir si ce gaz pouvait être généré autrement, sans aide de micro-organismes méthanogènes.

Décidés à lever le voile sur ce phénomène naturel, les géophysiciens californiens ont minutieusement étudié un lot de données fournies en 2014 par Curioisity, apportant une importante quantité d'informations sur les variations de température et d'humidité observées à la surface de la Planète rouge. Et finalement, cette recherche minutieuse a permis de découvrir que la régolithe martienne, formée des différentes couches de poussières qui en recouvrent la plus grande partie de la surface, est parfaitement susceptible de libérer du méthane, préalablement adsorbé, sous l'impact de hautes températures.

La présence de micro-organismes méthanogènes ne constitue donc pas une condition indispensable pour former une atmosphère riche en méthane, concluent les astrophysiciens. Ce qui n'exclut cependant pas définitivement la présence d'une possible vie organique. En effet, l'équipe scientifique de Curiosity avait auparavant découvert bien d'autres indices démontrant que la vie aurait pu exister sur Mars il y a plusieurs milliards d'années, notamment en fonction de la présence d'eau liquide en abondance, comme en témoignent des lits d'anciennes rivières et l'existence de matériaux organiques découverts dans le cratère de Gale, où le robot s'était posé en août 2012.

Jean Etienne

Source principale :

Hypotheses for near-surface exchange of methane on Mars (Cornell University Library, 28 avril 2016).

 

 

 
Mars, vue par Curiosity. Crédit : Nasa.
 

 

 
 
 

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