17 mai 2016

 

Une étude démontre que le Q.I. peut se transmettre génétiquement

 
Le débat fait rage depuis longtemps, et l'hypothèse selon laquelle le Q.I. (quotient intellectuel) se transmettrait génétiquement divise psychiatres et psychologues depuis des lustres. Une récente découverte canadienne renforce cette théorie.

"Nous comprenons aujourd'hui que chaque mutation génétique a un effet propre, qui s'additionne aux autres pour brosser un portrait unique de la maladie chez chaque patient". C'est ainsi que s'exprime le docteur Sébastien Jacquemont, généticien spécialisé dans la détection précoce de troubles psychiatriques comme l'autisme, entre autres.
 

Le docteur Sébastien Jacquemont

Le chercheur, qui officie au CHU Sainte-Justine et enseigne en qualité de professeur agrégé au Département de pédiatrie de l'Université de Montréal, insiste sur l'importance de quantifier les diverses mutations génétiques constatées sur les patients atteints de troubles psychiatriques afin de pouvoir en identifier les causes. Et c'est durant cette recherche qu'a été faite cette surprenante découverte. "Nous venons de découvrir qu'une copie en moins d'une région du chromosome 16 fait perdre 25 points de quotient intellectuel à une personne porteuse. A contrario, une copie supplémentaire de la même région génomique fait perdre environ 16 points", annonce Sébastien Jacquemont. "Paradoxalement, même si les patients porteurs présentent un ensemble de symptômes très différents, parfois même aucun symptôme, l'effet particulier de ces deux mutations est, semble-t-il, toujours le même, à savoir une baisse du quotient intellectuel".

Pour parvenir à ces conclusions, le chercheur et son équipe internationale ont mesuré l'intelligence de 700 personnes membres de familles où au moins un apparenté est porteur de la même mutation génétique sur le chromosome 16, qui prédispose notamment aux troubles du spectre autistique. Même parmi les participants dont le quotient intellectuel est évalué comme normal, les chercheurs ont observé que les délétions du gène 16p11.2 soustraient un appréciable 25 points de Q.I. Et cela, alors que très souvent, les porteurs de cette mutation ne manifestent aucun problème de santé mentale.

"Les facultés intellectuelles résultent de l'addition de nombreux facteurs, en majorité d'origine génétique et hérités des parents. Tous les parents au premier degré - c'est -à-dire le père et la mère et leurs enfants, des frères et des sœurs - ont en commun 50 % de leur code génétique et, par conséquent, 50 % des facteurs génétiques qui déterminent en partie la cognition", précise le docteur Jacquemont. Ces études familiales permettent donc de mesurer les facteurs qui viennent s'additionner aux mutations dont on veut quantifier l'effet. "À titre d'exemple, 25 points de quotient intellectuel en moins peuvent, en fonction des facteurs additionnels présents, faire franchir ou pas le seuil de la 'déficience intellectuelle' ". D'autres études devront être menées pour quantifier l'effet de toutes les mutations associées à l'autisme, et caractériser les effets additifs nécessaires pour entraîner ce trouble psychiatrique. "Car aucune mutation ne peut causer seule l'ensemble des manifestations cliniques dont souffrent ces patients", conclut le chercheur.

En tout état de cause, une certitude se dégage de cette constatation : le Q.I. peut parfaitement, au moins dans certains cas, être transmis génétiquement de parents à enfants.

Jean Etienne

Source principale :

Defining the effect of the 16p11.2 duplication on cognition, behavior, and medical comorbidities (JAMA Psychiatry. 2016;73(1):20-30. Doi :10.1001 / jamapsychiatry.2015.2123).

 

 

 

 

 
 
 

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