1er avril 2016

 

La Terre aura un anneau en 2026 !

 
Vous l'aurez compris (et dans le cas contraire ne vous inquiétez pas, vous n'êtes pas les seuls), cet article était notre poisson d'avril annuel. Nous vous en souhaitons bonne digestion !   :-)

Notons au passage que ce que nous écrivions au sujet de Znamya-2.5, y compris l'image, est réel.

La Nasa vient de révéler un de ses principaux projets devant aboutir avant dix années à partir de ce jour. Il confirme non seulement le souci de l'administration américaine de jouer un rôle de plus en plus important dans la sécurisation de notre planète à tous les niveaux, mais encore de permettre à tous de profiter de la science et des applications de l'espace. Qu'on en juge plutôt.

Cette décision s'inscrit dans la suite logique de l'aide humanitaire apportée par les Etats-Unis dans les régions du monde frappées de catastrophes majeures, et dont on constate hélas une certaine recrudescence. Force est de constater que fréquemment, les secours ne peuvent opérer de façon optimale suite à la coupure de la distribution d'énergie électrique, et donc d'éclairage, dans ces régions. D'où l'idée, déjà ancienne, d'éclairer ces zones depuis l'espace.

Déjà à plusieurs reprises, l'expérience avait été tentée. Ainsi, en octobre 1998, un vaisseau de ravitaillement Progress envoyé vers la station spatiale russe Mir avait-il été équipé d'un réflecteur solaire (Znamya-2.5) qui aurait dû être déployé au moment de sa séparation. Celle-ci est intervenue en janvier 1999, mais malheureusement, suite à une erreur humaine (l'oubli de rétracter une antenne), le réflecteur s'est déchiré avant de s'enrouler stupidement et inutilement autour du vaisseau.

 

Le réflecteur de Znamya-2.5 vient de s'enrouler autour d'une antenne du vaisseau Progress, restée malencontreusement déployée.

Si le test avait réussi, le programme prévoyait d'orienter l'ensemble durant plusieurs orbites afin d'éclairer diverses zones habitées alors qu'elles étaient plongées dans la nuit. Mais cette étude de faisabilité n'a pu avoir lieu, et l'économie russe, à bout de souffle, n'avait pu la reproduire avant la fin de vie de Mir.

Pourtant, cette expérience aussi prometteuse soit-elle portait en elle-même sa propre limite : elle ne permettait d'éclairer un point géographique précis qu'au moment où le satellite porteur du réflecteur solaire le survolait, soit environ toutes les 90 minutes, et seulement lorsque le plan orbital le permettait. Pour un éclairage potentiellement permanent, un nombre important de voiles solaires était à prévoir, ainsi qu'une synchronisation complexe entre elles. D'où le nouveau projet présenté par la Nasa.

L'anneau réflecteur

Celui-ci consiste non plus à satelliser de petits miroirs isolés, mais bien une seule surface réfléchissante épousant la forme d'un anneau parallèle à l'équateur terrestre et dont la face interne sera entièrement réfléchissante. Bien sûr, l'énormité de cette structure peut surprendre. Mais à l'analyse, de nombreux avantages apparaissent.

Suivant Bob Fisher, porte-parole du Department of Humanity Activities de la Nasa, un tel dispositif ne devrait poser aucun problème technologique particulier, si ce n'est le nombre de lancements nécessaires à sa satellisation. Une fois en place, le "miroir", car c'est bien de cela qu'il s'agit, sera constitué d'un film de matière réfléchissante ultramince, de moins de 10 molécules d'épaisseur, néanmoins renforcée d'une structure longitudinale constutuée de nanotubes de carbone afin d'éviter sa rupture. Cette structure sera assemblée selon une méthode de tressage en cours de finalisation au Goddard Space Center de la Nasa, mais dont un prototype a déjà été réalisé à bord de la Station Spatiale Internationale (ISS) dans le cadre du programme Leonardus en 2015.

Pour obtenir une stabilisation optimale, l'anneau sera placé en regard de l'équateur terrestre, à environ 37.000 km du sol, soit 1.000 km au-dessus de l'orbite géostationnaire. Sa vitesse orbitale sera toutefois synchronisée avec celle de notre planète, et ainsi légèrement supérieure à la vitesse de satellisation à cette altitude, ce qui lui conférera sous l'effet de la force centrifuge une légère tension empêchant toute déformation tout en lui assurant une certaine rigidité. Autre avantage, certaines zones du gigantesque réflecteur pourront être déformées par télécommande, le gauchissement ainsi obtenu permettant de concentrer la lumière solaire en priorité sur certaines zones de notre planète. Il est ainsi prévu d'éclairer en permanence certaines villes où la sécurité nocturne peut poser problème, sur n'importe quel continent. Paris, Berlin, Londres, Bruxelles, Madrid en ont exprimé le souhait en Europe, mais aussi New York, Washington, Seattle, Chicago, Houston, Tokyo, Hong Kong entre autres.
 
 
 
L'anneau devrait être apparent depuis l'équateur selon cette vision, publiée par la Nasa.
 
Avec une largeur d'environ 120 mètres, le poids total de ce dispositif, s'il n'a pas encore été divulgué afin de ne pas fournir d'indice sur sa composition exacte (encore classée secret defense) est estimé à environ 450 tonnes grâce à son épaisseur minime (+/- 10 molécules), ce qui peut paraître énorme dans l'absolu, mais s'avère insignifiant pour une structure d'une telle dimension. Le plan de satellisation retenu par la Nasa en accord avec les agences spatiales d'autres pays comprend actuellement 35 vols d'Atlas 5, 12 lancements par Ariane 5, 18 lancements de fusées Proton depuis Baïkonour et environ 20 lancements par des fusées chinoises de type Longue Marche, dont le nombre reste à déterminer. Des vols de redondance sont aussi programmés afin de pallier d'éventuels échecs.

La construction du miroir en orbite sera entièrement automatique. Elle débutera par le déploiement des câbles de tension maintenus parallèlement, entre lesquels l'écran principal se déroulera progressivement. Chaque satellisation comprendra environ 6 tonnes de film ultra-mince, suffisant pour réaliser un écran de 3400 km de long sur 120 km de largeur. On comprend l'exploit des techniciens de la Nasa qui sont parvenus à réaliser un film aussi mince, à la fois résistant, parfaitement opaque, mais surtout réfléchissant (à plus de 92 % selon nos sources) sur sa face antérieure.

Le ciel futur nous apparaîtra ainsi barré d'une ligne étonnamment brillante et apparemment immobile, abolissant la nuit et assurant à tous les Terriens un éclairement permanent environ 6 fois supérieur à celui de la Pleine Lune. Ce dispositif hors du commun sera aussi accueilli avec bonheur par les astronomes du monde entier, qui pourront l'utiliser comme une mire céleste afin de calibrer leurs instruments.

Suivant le département Hight Technology de la Nasa, le premier élément devrait être satellisé vers la mi-2020, l'anneau devant être entièrement terminé et opérationnel à l'horizon 2026.

Jean Etienne

 

 
 
L'anneau de la Terre n'aura peut-être pas cette ampleur, mais il impressionnera
certainement les futurs voyageurs de l'espace !
 

 

 
 
 

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