4 avril 2016

 

Une agence spatiale belge verra le jour à l'été 2016

 
Annoncée dans le cadre de l'accord de gouvernement du 9 octobre 2014, la création d'une agence spatiale belge entre enfin en phase de réalisation. Elle devrait pouvoir entrer en service dans le courant de l'été 2016, avec la promesse de renforcer à la fois au niveau national et international la position d'un secteur spatial belge déjà particulièrement actif.

L'accord annonçait dès sa publication une refonte complète de la politique scientifique fédérale belge avec, notamment, le regroupement des personnels en charge des programmes spatiaux "au sein d’un Office interfédéral pour l’Espace, doté de la personnalité juridique, associant les Régions", créant ainsi une agence dans le but serait "d'assurer une meilleure coordination de la politique spatiale en Belgique en visant une répartition équitable du retour sur investissement entre les différentes Régions".

La secrétaire d'Etat en charge de la politique scientifique Elke Sleurs (N-VA, parti nationaliste flamand), avait déjà dressé les grandes lignes de la future agence spatiale belge dans sa note d’orientation générale présentée au Parlement belge en novembre 2014 :
  • "La nouvelle institution […] sera liée aux autorités politiques par un contrat de gestion qui définit les objectifs, les ressources et les critères d’évaluation".
     
  • "Cette agence 'interfédérale' est une institution 'fédérale' dans laquelle […] le gouvernement fédéral régit la collaboration entre les Régions".
     
  • "La collaboration avec les Régions et les Communautés se fera dans le cadre institutionnel existant et l’Agence deviendra à cet égard un outil visant à assurer une bonne coopération et la cohésion entre la compétence de l’autorité fédérale en matière spatiale internationale et les différentes compétences des entités fédérées".
     
  • Les objectifs poursuivis étant de "prendre en considération les évolutions dans le paysage institutionnel belge ; s’adapter aux changements structurels dans la politique spatiale européenne ; [et] accroître l’efficacité et l’efficience - principalement sur les plans économique et financier - de la participation belge aux programmes spatiaux européens".

Un secteur déjà très actif et rentable en Belgique

Représenté par une soixantaine d'entreprises engendrant un chiffre d'affaires annuel de quelque 350 millions d'euros, le secteur spatial emploie déjà plus de 2000 personnes en Belgique, une très grande partie étant constituée de main-d'œuvre très qualifiée. La Wallonie possède une réelle expertise dans ce domaine puisqu’elle représente environ 70% du secteur.

 

La Belgique, vue depuis la Station Spatiale Internationale. Crédit Nasa.

Chaque année, l’État met à disposition de l’Agence Spatiale Européenne (ESA) une enveloppe budgétaire d’environ 200 millions d’euros ce qui fait de la Belgique le cinquième contributeur absolu au budget de l’ESA et, ramené au nombre d’habitants, place la Belgique au troisième rang des contributeurs. Ainsi, considérant les excellentes performances de la recherche spatiale du pays, il est estimé que pour un euro versé à l'ESA, l’économie belge récupère environ 4,5 euros.

En matière de calendrier, la note de la secrétaire d’Etat évoquait le lancement du projet en 2015, mais sans plus de précisions. D’après l’édition du 11 mars 2016 quotidien flamand De Morgen, l’agence spatiale belge devrait voir le jour d’ici l’été. Elle sera dotée d’un budget d’environ 200 millions d’euros et emploiera 60 personnes.

Le spatial belge, acteur important au niveau mondial

D’un point de vue scientifique et technologique, la Belgique est également un acteur important. Elle participe à de nombreux programmes spatiaux européens comme la fusée Ariane, Copernicus (programme européen de surveillance de la Terre) ou Galileo (système de navigation par satellite). Le 21 mars 2016, la Commission européenne a d’ailleurs officiellement confirmé le site de Transinne, en Wallonie, comme centre d’accueil des infrastructures terrestres de Galileo.

Dans l’actualité, la technologie belge a récemment été mise à l’honneur avec la mission d’exploration martienne ExoMars. Placé dans l’orbiteur qui voguera dans l’atmosphère martienne, l’instrument belge NOMAD (Nadir and Occultation for MArs Discovery) sera chargé d’y cartographier les gaz présents. Un deuxième instrument belge, AMELIA (Atmospheric Mars Entry and Landing Investigation and Analysis) fait partie de l’atterrisseur Schiaparelli et est destiné à récolter et analyser les données pendant sa descente vers la surface de Mars. Enfin, un troisième instrument belge, le transpondeur LaRa (Lander Radioscience), déterminera la rotation et l’orientation de Mars avec une précision jamais atteinte auparavant, et prendra quant à lui part à la seconde mission ExoMars prévue en 2018.

La Belgique a également pris une part active à la mission Rosetta, dès son élaboration dans les années 1990. L’Institut d’Aéronomie Spatiale de Belgique a notamment participé à la construction de l’instrument ROSINA (Rosetta Orbiter Spectrometer for Ion and Neutral Analysis) qui a permis de déterminer la composition des gaz crachés par le noyau cométaire.

Dans un proche futur, l'agence travaillera notamment avec la Chine en vue de développer un programme de satellites scientifiques. Ceux-ci devraient permettre d'observer la croissance de la végétation depuis l'espace et ainsi apporter un outil inestimable à l'agriculture.

Jean Etienne

Source principale :

Ook voor België is de ruimte big business (De Morgen, 11 mars 2016).

 

 

 
La ville de Liège (Belgique) vue depuis la Station Spatiale Internationale en mars 2016. Crédit Nasa.
 

 

 
 
 

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