25 mars 2016

 

Poissons d'élevage : leur qualité nutritionnelle s'effondre

 
Les poissons d'élevage se sont à ce point répandus sur l'étal des poissonniers que pour certaines espèces, leur forme sauvage est devenue pratiquement introuvable. Or, leurs qualités nutritionnelles, tant vantées par les diététiciens, s'effondrent.

Contrairement aux poissons sauvages, qui doivent trouver leur nourriture dans la nature (comme des poissons de petite taille pour les carnivores), les poissons issus de la pisciculture intensive sont nourris d'aliments industriels. En soi, et jusqu'il y a quelques années, cela n'influait guère sur leur qualité, car cette nourriture contenait d'importantes quantité de farine et d'huile de poisson provenant de poissons sauvages de faible intérêt commercial.

Mais l'importance du secteur est aujourd'hui devenue telle que cette pratique est devenue insoutenable, car il est impossible de capturer davantage de poissons sauvages pour nourrir un nombre toujours plus important d'espèces d'élevage, aussi les éleveurs se sont-ils tournés vers une alimentation industrielle, essentiellement à base de farine de soya. Ainsi, l’industrie de la pisciculture a utilisé deux fois plus de farine de soya que de farine de poisson en 2008, et on prévoit qu’en 2020, le recours aux ingrédients végétaux aura progressé de 124 pour cent par rapport à 2008.

Or, selon une récente étude publiée par la Dr Jillian Fry, directrice du programme de santé publique et d’aquaculture durable au Centre John Hopkins et de l'Université Mc Gill (Québec, Canada), cette pratique exerce une incidence sur les bienfaits apportés par certains poissons et fruits de mer sur la santé humaine.

Impact sur la nutrition humaine

"Les poissons d’élevage vont chercher l’EPA et le DHA, ces acides gras oméga‑3 si bons pour la santé, dans leur alimentation, plus précisément dans l’huile de poisson", explique la chercheuse, qui ajoute "Notre analyse a révélé que l’augmentation de la proportion d’ingrédients végétaux pouvait changer la teneur en acides gras des poissons d’élevage et avoir ainsi des conséquences sur la nutrition humaine".

Le remplacement des huiles de poisson par des huiles végétales modifie la teneur du poisson en acides gras et la valeur nutritive de ce dernier pour l’être humain, ajoutent les chercheurs. Comme on encourage les Américains à consommer des poissons et fruits de mer riches en acides gras oméga‑3, qui favorisent la santé cardiovasculaire et le développement du cerveau, ce virage n’est pas sans conséquence, tant pour l’industrie piscicole qu’en ce qui a trait aux recommandations nutritionnelles. On devra approfondir les recherches, précisent les auteurs, pour mieux comprendre les répercussions de cette nouvelle alimentation sur les bienfaits de la consommation de poissons d’élevage.

Jean Etienne

Source principale :

Environmental Health Impacts of Feeding Crops to Farmed Fish, par Jillian P. Fry, David C. Love, Graham K. MacDonald, Paul C. West, Peder M. Engstrom, Keeve E. Nachman et Robert S. Lawrence (Environment International, 11 mars 2016. Doi : 10.1016/j.envint.2016.02.022).
 

 

 

 

 
 
 

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