29 septembre 2016

 

La première base spatiale privée vient d'être achevée en Nouvelle-Zélande

 
La société commerciale de vols spatiaux Rocket Lab, créée en 2007 et basée à Los Angeles, vient d'annoncer l'achèvement de son premier complexe de lancement de satellites en Nouvelle-Zélande, à environ 35 km de Christchurch sur l’île du Nord, sur la péninsule de Mahia proche de la ville de Gisborne.

Rocket Lab mettra en œuvre la fusée Electron, qui devrait permettre de placer une charge utile de 150 kg sur une orbite héliosynchrone (environ 500 km) pour un coût de 5 millions de dollars, et dont le premier vol orbital de démonstration est programmé pour avril 2018.
 

Le lanceur Electron (vue d'artiste)

Electron est un petit lanceur de deux étages de 19 mètres de haut, dont la structure est réalisée en matériau composite à base de fibre de carbone, et propulsés par un seul type de moteur, le Rutherford, mis au point par la société. Le premier étage du vecteur comporte neuf de ces moteurs cumulant une poussée de 15 tonnes avec un pic de 15,4 tonnes, tandis que le moteur unique du second étage, équipé d'une tuyère "allongée", assure une poussée de 2,243 tonnes. Fait unique, ces moteurs ne sont pas alimentés par des turbines à gaz mais par des moteurs électriques sans balais, d'un volume n'excédant pas celui d'une canette de boisson, tournant à une vitesse de 40.000 tours/minute pour une puissance de 50 chevaux, dont l'énergie est fournie par de simples batteries lithium-ion.

Selon Rocket Lab, ce type d'alimentation par moteurs électriques permet d'obtenir un rendement de 95 % au lieu des 45-50 % habituels, et en réduisent considérablement masse et encombrement en limitant le nombre de pièces telles que valves, tubulures, tout en limitant les contraintes thermodynamiques. La chambre de combustion de chaque moteur est réalisée en grande série par impression 3D, comme d'autres éléments du lanceur, contribuant là aussi à réduire le coût du lancement.

Peter Beck, président de Rocket Lab, ajoute que la position de la base à l'écart des lignes aériennes civiles et la rareté du trafic aérien dans cette zone lui permettra d'atteindre "la plus haute fréquence de lancements de l'histoire", soit à terme un tir toutes les 72 heures. Cependant, ajoute-t-il, le début de l'activité de la base prévoir de réaliser quatre à cinq lancements par mois.

Et d'ajouter que l'installation qui vient d'être achevée en Nouvelle-Zélande est bien le premier port spatial privé au monde. La compagnie de vols spatiaux Blue Origin exploite bien une installation de lancements privés au Texas, mais ne réalise que des vols suborbitaux, tandis que SpaceX n'a pas encore achevé son installation de lancement orbital privé.

Rocket Lab, une histoire déjà ancienne

Rocket Lab n'est pas réellement une nouveauté dans le secteur spatial, puisqu'elle a commencé par développer la fusée-sonde Ātea-1, puis Ātea-2, cette dernière et ses évolutions successives ayant été lancées à 87 reprises jusqu'en 2015 à 250 km d'altitude avec une charge utile de 25 kg.

En octobre de la même année, la Nasa a annoncé qu'elle avait décidé de financer le développement du lanceur orbital néo-zélandais ainsi que celui de deux autres mini-lanceurs pour disposer d'une fusée adaptée à la mise en orbite de microsatellites (des CubeSats). Le premier vol orbital de démonstration, programmé pour avril 2018, sera financé par l'agence américaine à hauteur de 6,9 millions de dollars.

Jean Etienne

 

 

 
Les installations de Rocket Lab. Crédit : Rocket Lab.
 
 
 

 
Peter Beck, président de Rocket Lab, et son moteur Rutherford. Crédit : Rocket Lab.
 
 
 

 
Peter Beck devant son lanceur Electron. Crédit : Rocket Lab.
 

 

 
 
 

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