10 janvier 2017

 

Hubble confirme l'existence d'exocomètes autour d'une autre étoile

 
A ce jour, 3559 planètes formant 2670 systèmes stellaires ont été découvertes, tournant autour d'autres étoiles que notre Soleil. Restait encore à repérer des comètes dans ces systèmes étrangers. C'est fait.

Pas plus que la très grande majorité des exoplanètes, les premières exocomètes n'ont été observées directement autour de l'étoile. Rappelons simplement que visualiser une exoplanète revient à discerner une luciole voletant à un mètre d'un phare situé sur la côte normande dont la lumière est dirigée vers vous, et cela depuis Marseille (soit +/- 800 km). Leur existence a été détectée par la présence des gaz qui demeurent après vaporisation de leur noyau de glace.

Le télescope spatial Hubble a permis cette performance par une spectrométrie ultra précise de l'étoile HD 172555, une étoile blanche de la séquence principale de type spectral A5V âgée de seulement 23 millions d'années et située à 95 années-lumière de notre Terre.

En fait, HD 172555 est le troisième système extrasolaire au sein duquel les astronomes détectent des comètes plongeant directement dans leur étoile. Tous ces systèmes sont assez jeunes, moins de 40 millions d'années, c'est-à-dire au début de leur formation.
 
 
 
La découverte de ces exocomètes n'est pas anecdotique, car elle prouve aussi l'existence d'une accélération gravitationnelle produite par au moins une planète similaire à Jupiter, catapultant ces comètes vers l'étoile grâce à sa force d'attraction. Ces événements fournissent aussi des indices sur l’activité présente et passée des comètes dans notre système solaire. C’est un mécanisme par lequel les comètes ont pu amener divers éléments tels qu'une partie de l'eau sur Terre et sur d’autres planètes de notre propre cortège planétaire.

Les astronomes ont souvent constaté un phénomène similaire dans notre propre environnement, des comètes plongeant régulièrement dans notre Soleil. Et le fait de voir ces événements non seulement dans notre système, mais également dans des systèmes extrasolaires, démontre que ce phénomène est fréquent dans les systèmes jeunes. En effet, le pic de cette activité représente les années d’adolescence de l’étoile, et leur observation nous permet de comprendre ce qui se passait au début du système solaire lorsque les comètes "écorchaient" les planètes dans la partie interne de notre système incluant la Terre, la fournissant en carbone et d'autres éléments nécessaires au développement de la vie telle que nous la connaissons.

L'existence d'exocomètes autour de HD 172555 avait été suspectée pour la première fois par une équipe d'astronomes français travaillant sur les données collectées de 2004 à 2011 au moyen du spectrographe HARPS de l’Observatoire européen austral, démontrant la présence de calcium dans la lumière de l'étoile, caractéristique de la désintégration des comètes. Ensuite, une autre équipe a utilisé le STIS (Space Telescope Imaging Spectrograph) de Hubble et le COS (Cosmic Origins Spectrograph) en 2015 pour mener une analyse spectrographique dans le spectre ultraviolet pour permettre à Hubble d’identifier la signature de certains éléments.

Hubble a ainsi détecté du silicium et du gaz carbonique se déplaçant à une vitesse de 580.000 km/heure par rapport à l'étoile. L'explication la plus plausible est que ces gaz ont été produits par d'autres corps, tels des comètes, s'étant désintégrées en rasant la surface de HD 172555. Il reste encore à démontrer la présence d’oxygène et d’hydrogène dans ces débris pour confirmer qu'il s'agit bien d'exocomètes.

Jean Etienne

Source principale :

Hubble detects 'exocomets' taking the plunge into a young star (Nasa/Hubble).

 

 
 

 

 
 
 

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