11 avril 2017

 

La première cartographie d'un trou noir est en cours de réalisation

 
Bien sûr, un trou noir est par définition impossible à apercevoir directement. Mais ce n'est pas le cas de ce que les astronomes nomment l' "horizon des évènements", c'est-à-dire son "bord", la fine limite entre l'intérieur de l'astre et l'espace environnant.

Pour cette réalisation, le télescope Event Horizon (EHT) a été créé. Il consiste en un défi technique et logistique de taille, combinant le Large Millimeter Telescope (LMT), l'instrument en ondes millimétriques le plus sensible au monde, avec des télescopes situés à Hawaii, en Arizona, au Pôle Sud, au Chili et en Espagne pour une observation coordonnée s'étalant entre le 4 et le 14 avril 2017. Un projet gigantesque, puis qu'il consiste tout simplement à synthétiser, par interférométrie, l'ensemble de la Terre en un télescope géant.

L’objectif est d’avoir les premières images de l’horizon des événements et pour tenter de déterminer sa masse. C’est la meilleure expérience pour tester les limites des lois physiques dans des environnements extrêmes selon Gopal Narayanan, professeur de recherche astronomique à l’université de Massachusetts Amherst.

Une collaboration qui, l'espère-t-on, permettra d'obtenir une image de l'horizon des évènements du trou noir Sagittarius A, situé au centre de notre galaxie, la Voir Lactée.

Ce trou noir possède une masse qui équivaut à 4 millions de fois à celle du soleil et il est situé à 26.000 années-lumière de la Terre. À cette distance, l’horizon des événements de Sagittarius A représente approximativement la taille d'un pamplemousse posé à la surface de la Lune…

En utilisant la rotation de la Terre et en alignant chaque télescope sur le même objet, avec des dizaines d’heures d’échantillonnage de leur courbure, les scientifiques simuleront l'observation au moyen d’un seul télescope gigantesque. Cette stratégie de combiner plusieurs télescopes pour avoir une seule antenne, connue comme l’interférométrie à très grande ligne de base (VLBI), n’est pas nouvelle. On l’utilise depuis des décennies, mais c’est la première que des VLBI en ondes millimétriques atteignent une taille aussi colossale.
 
 

 
Le type d'image qui pourrait être obtenu de l'horizon des évènements d'un trou noir par le dispositif Event Horizons.
 
Pourquoi observer l’horizon des évènements d’un trou noir ?

Relativité générale et mécanique quantique se combinent forcément dans une théorie fondamentale unifiée, qui n'a pas encore été découverte. Et le seul endroit actuellement identifié où cette unification est observable se situe précisément dans l'horizon des évènements, entre le trou noir lui-même, où la relativité générale ne fonctionne pas, et l'espace environnement, qui y est soumis tout comme nous. Savoir jusqu'où exactement fonctionne la relativité générale, et éventuellement ce qui se passe ensuite, pourrait faire faire un bond de géant dans la connaissance de la matière et de l'Univers.

Certes, le télescope Event Horizon n’est pas uniquement conçu pour avoir une image qui va faire le tour du monde, mais pour déterminer la forme et la dimension de cet horizon, dont on sait qu'elles ont des effets très importants sur la masse et le spin du trou noir.

Un autre objectif du télescope Event Horizon est d’étudier la physique de l’accrétion qui est le processus par lequel le trou noir attire la matière avoisinante. On a ainsi une bande plate de matière en rotation autour de l’horizon des événements qu’on appelle un disque d’accrétion. Les scientifiques veulent comprendre le début et le comportement des grands jets de plasma qui sont lancés par les trous noirs au centre de la plupart des galaxies. On pourra également explorer l’hypothèse connue comme le paradoxe de l’information, une hypothèse émise par Stephen Hawking selon laquelle la matière qui tombe dans le trou noir ne peut pas être définitivement perdue et qu’elle fuite d’une manière ou d’une autre.

Pendant cette observation de 10 jours, le télescope Event Horizon prendra aussi une image du trou noir supermassif au centre de Messier 87, une galaxie géante elliptique est beaucoup plus lointaine que le centre de la Voie lactée, mais qui possède une masse équivalent à 6 millions de masses solaires, et donc vraisemblablement beaucoup plus volumineux.

Jean Etienne

Source principale :

Event Horizon Telescope

 
 

 
Photographie de Sagittarius A* (au centre) et de deux échos lumineux provenant d'une explosion récente (entourés).
 

 

 
 
 

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