17 décembre 2018

 

L'art rupestre préhistorique révèle l'utilisation de connaissances astronomiques évoluées

 
En représentant des silhouettes d'animaux sur les parois des grottes ou par des sculptures, l'homme du paléolithique ne poursuivait pas seulement un but artistique, mais bien narratif, en décrivant et en datant précisément certains grands évènements de la préhistoire à l'aide de l'astronomie.

Certaines des représentations rupestres les plus anciennes du monde ont révélé à quel point les peuples anciens possédaient des connaissances relativement avancées en astronomie. En effet, voici environ 40.000 ans, les humains suivaient l'évolution du temps en utilisant la connaissance de la lente évolution de la position des étoiles au cours de milliers d'années, un effet causé par le déplacement progressif de l'axe de rotation de la Terre. La découverte de ce phénomène, appelée la précession des équinoxes, était auparavant attribuée à des Grecs anciens.

Pour arriver à cette conclusion, une équipe de chercheurs des universités d'Édimbourg et du Kent sous le direction du Dr Martin Sweatman a étudié des détails de l'art paléolithique et néolithique présentant des symboles d'animaux sur des sites en Turquie, en Espagne, en France et en Allemagne. Selon cette étude, les hommes étaient déjà capables de définir des dates à l'époque de la disparition des Néandertaliens, et même peut-être avant que l'humanité ne s'installe en Europe occidentale.

Encore plus étonnant, ils ont découvert que tous les sites étudiés utilisaient la même méthode de datation basée sur des connaissances astronomiques sophistiquées, même si les œuvres préhistoriques examinés étaient séparés dans le temps de plusieurs dizaines de milliers d'années.

Les scientifiques ont ainsi examiné les gravures sur pierre de l'un de ces sites, Gobekli Tepe dans la Turquie actuelle. Une des pierres, nommée "Pierre du Vautour", est ornée d'images d'animaux qui semblent s'aligner sur les constellations du zodiaque. Dans cet esprit, un étrange ensemble de symboles situés en haut du pilier semble indiquer un moment précis, en fonction du moment où le soleil était dans une de ces constellations. Si leur interprétation est correcte, la date mentionnée dans la Pierre du Vautour est d’environ 10.950 av. J-C., ce qui est très proche du début estimé de la période du Dryas récent, 10.890 av. J-C, et correspond au déclenchement d'un petit âge glaciaire ayant provoqué une extinction massive et la disparition de la culture Clovis. Une autre pierre gravée représente ce qui ressemble à la chute d'une comète, ainsi qu'un homme sans tête.
 

 

 
Détail de la Pierre du Vautour. Crédit : Université d'Edimbourg.
 
Les chercheurs suggèrent aussi que l'œuvre d'art préhistorique la plus connue, la scène du puits de Lascaux, en France, mettant en scène plusieurs animaux ainsi qu'un homme mourants, pourrait constituer le mémorial d'une autre chute de comète vers 15.200 avant J-C. Selon l'équipe, les animaux dessinés ou gravés sur les parois représentent des constellations, dont la modification au cours des millénaires coïncide parfaitement avec la position des étoiles dans l'antiquité, comme peuvent le déterminer aujourd'hui les astronomes.

La plus ancienne sculpture du monde, l’homme-lion de Hohlenstein-Stadel, datée de 38.000 ans avant notre ère, s’est également avérée conforme à cet ancien système de chronométrage.

Le Dr Martin Sweatman, de l'école d'ingénierie de l'université d'Edimbourg et auteur de l'étude, déclare que "Les premières œuvres d'art rupestre montrent que les gens avaient une connaissance avancée du ciel nocturne au cours de la dernière période glaciaire. Intellectuellement, ils ne sont guère différents de nous aujourd'hui. Ces résultats appuient une théorie des impacts cométaires multiples au cours du développement humain et vont probablement révolutionner la manière dont les populations préhistoriques sont perçues."

Jean Etienne

Sources principales :

Prehistoric cave art reveals ancient use of complex astronomy. American Association for the Advancement of Science (AAAS), 27 novembre 2018.

Cave paintings reveal use of complex astronomy. University of Edinburgh, 27 novembre 2018.
 

 

 
Autres pierres sculptées du site de Gobekli Tepe. Crédit : Université d'Edimbourg.
 
 
 

 
La scène du Puits de Lascaux. Crédit : Université d'Edimbourg.
 
 
 

 
Le site de fouilles de Gobekli Tepe. Crédit : Université d'Edimbourg.
Cliquer sur l'image pour agrandir.
 

 

 
 
 

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