16 février 2019

 

La NASA veut s'installer durablement sur la Lune en 2028

 
Le 11 décembre dernier, le Président Donald Trump signait la Space Policy Directive 1, une ordonnance désignant à la NASA l'objectif de renvoyer des Américains sur la Lune de façon durable. D'abord considérée avec circonspection, la directive est maintenant prise très au sérieux par l'agence spatiale, déterminée à l'amener à son terme.

Jeudi 14 février, l'administrateur de la NASA, Jim Bridenstine, a formellement confirmé les intentions de l'agence devant une salle de représentants de l'industrie spatiale. "Cette fois, quand nous irons sur la lune, nous y resterons. Nous ne retournerons pas sur la Lune pour laisser des drapeaux et des empreintes de pas avant de revenir dans 50 ans. Nous allons y aller de manière durable. Pour rester. Avec des atterrisseurs, des robots et des rovers - et des humains."
 

 

 
Signature de l'acte Space Policy Directive 1 dans le bureau ovale, entouré des membres du Conseil national de l'espace récemment rétabli, ou NSC (qui fournit des recommandations au président sur la politique spatiale), ainsi que des astronautes actifs de la NASA, Christina Hammock Koch et Peggy Whitson, l'astronaute d'Apollo 11 Buzz Aldrin et l'astronaute à la retraite Jack Schmitt, membre de la mission Apollo 17 . Crédit : NASA.
 

Mais pour ce faire, à l'instar de ce qui se produit actuellement pour la desserte de la Station Spatiale Internationale, la NASA compte sur la collaboration des agences spatiales privées pour concevoir et construire les atterrisseurs, les remorqueurs spatiaux et les stations de ravitaillement en carburant nécessaires pour relever le défi... Car défi il y a !

Les entreprises intéressées par ce projet hors normes ont jusqu'au 25 mars pour soumettre leurs idées à la NASA, laquelle a la ferme intention d'effectuer une sélection en mai et de signer des contrats d'une valeur maximale de 9 millions de dollars pour soumettre une étude de faisabilité en juillet, juste à temps pour le cinquantième anniversaire de l'atterrissage historique d'Apollo 11.

"Ce sera très rapide", déclare William Gerstenmaier, administrateur adjoint de la NASA pour l'exploration et les opérations humaines dans l'espace . "Nous allons avoir besoin des meilleurs et des plus brillants de votre secteur. Nous allons avoir besoin des meilleurs et des plus brillants partenaires internationaux pour réussir tout cela."

Une véritable infrastructure spatiale

L'exploration, et la future exploitation lunaire, se basera sur une station spatiale en orbite autour de notre satellite naturel, qui servira de passerelle aux astronautes se rendant à la surface. Des véhicules de transfert assureront le transport d'astronautes depuis l'orbite terrestre vers l'orbite lunaire, tandis que des atterrisseurs, composés d'un étage de descente et d'un étage de remontée réutilisable, prendront en charge le voyage vers la surface et le retour.

Le ravitaillement en carburant s'effectuera au niveau de la passerelle lunaire, et intéressera aussi bien les remorqueurs de transfert que les véhicules de remontée pour les allers-retours vers et depuis la surface de la Lune. Les dirigeants de la NASA décrivent le système comme une "architecture ouverte" conçue pour favoriser de nouvelles capacités d'exploration lunaire.

La NASA envisage que la construction des véhicules lunaires soit confiée à plusieurs fournisseurs, de la même manière qu'actuellement, deux sociétés (SpaceX et Northrop Grumman) effectuent des missions cargo vers la Station Spatiale Internationale pour le compte de l’agence, et bientôt, pas plus tard que cette année, devraient assurer l'envoi d'astronautes vers la station.
 

 

 
Aperçu de ce que pourrait être une mission lunaire dès 2028. Crédit : NASA.
 

Un planning précis et élaboré

La NASA voit son retour vers la Lune en trois phases principales. Tout d'abord, l'agence spatiale a pour objectif de lancer en 2024 son nouveau vaisseau Orion équipé d'un module de service européen vers l'orbite lunaire, première ébauche d'une station spatiale lunaire. Un module de descente devrait ensuite être lancé par une fusée commerciale vers cette station, avant de tenter un alunissage non habité.

En 2026, un vaisseau Orion enverra des astronautes vers la station lunaire, ou "passerelle" lunaire, avec l'étage de remontée d'un module d'exploration. Deux fusées commerciales lanceront ensuite séparément un véhicule de transfert et un atterrisseur vers la station. Atterrisseur et étage de remontée s'assembleront afin de former un vaisseau complet, qui se séparera de la passeralle avant de s'inscrire sur une orbite lunaire basse, puis d'effectuer un aller-retour vers la surface, en mode automatique, simulant un vol avec équipage.

En 2028, la passerelle lunaire est entièrement configurée et opérationnelle. Un équipage de quatre astronautes s'y rendra au moyen d'un vaisseau Orion, et y installeront un sas de rendez-vous pour les futures missions. Viendront ensuite toute une série de lancements commerciaux, dont deux missions cargo et de ravitaillement en carburant (une pour la station, maintenant dénommée passerelle, et une pour le véhicule de transfert et l'élément ascendant lunaire), ainsi qu'un nouveau module de descente lunaire.

Les astronautes utiliseront ensuite le véhicule de transfert pour d'abord se placer en orbite lunaire basse, séparer l'atterrisseur et se poser à la surface. Si ce plan se concrétise, la NASA pourrait renvoyer des hommes sur la Lune environ une année avant le 60ème anniversaire du débarquement d'Apollo 11.

Et tandis que la NASA poursuit ses plans pour renvoyer les astronautes sur la Lune, l’agence spatiale poursuit également son programme scientifique lunaire.

L'agence spatiale annoncera la semaine prochaine 12 charges scientifiques qu'elle mettra au point pour ses futurs vols vers la Lune dans le cadre de son programme Commercial Lunar Payload Services, a déclaré Thomas Zurbuchen, administrateur adjoint des missions scientifiques de la NASA. Ces charges utiles devront se rendre sur la Lune, peut-être déjà cette année , et la NASA compte sur les fournisseurs de lanceurs commerciaux pour prendre la relève. "Nous sommes soucieux de la vitesse", a déclaré Zurbuchen. "Nous voulons commencer à tirer au but."

Jean Etienne

Sources principales :

NASA Wants Help from Private Companies to Land Astronauts on the Moon by 2028.
This Is NASA's Plan to Land Astronauts on the Moon in 2028 with Commercial Vehicles.
Space Launch System: NASA's Next Generation Rocket.
Trump's 'Back to the Moon' Directive Leaves Some Scientists with Mixed Feelings.

 

 

 
Représentation artistique des différentes configurations du système de lancement spatial (SLS) de la NASA, gérée par le Marshall Space Flight Center de Huntsville, Alabama. La configuration flexible, qui partage le même noyau de base, permet différents vols d’équipage et de fret en fonction des besoins, promouvoir l'efficacité, les économies de temps et de coûts. Le SLS permet des missions d'exploration au-delà de l'orbite terrestre basse et pourrait prendre en charge les missions humaines vers les astéroïdes, Mars et d'autres destinations de notre Système solaire. Crédit : NASA.
 

 

 
 
 

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